Le premier ministre Edouard Philippe a annoncé, mardi 28 avril, son plan de déconfinement pour le pays, à compter du 11 mai. Sous réserve que les Français respectent les mesures barrière mises en place depuis le début de la crise sanitaire, le 12 puis le 16 mars dernier. Un déconfinement par étapes, par territoires aussi, en fonction, notamment, de la baisse des chiffres du taux de contamination et du nombre de places disponibles en hôpital. Partout ailleurs, la sortie est aussi envisagée, pas toujours de la même façon, cependant. Etat des lieux.
Nous voici donc dans la dernière ligne droite, le 11 mai approchant à grands pas. Rien ne dit, cependant, que cette date butoir soit la sortie de tous nos problèmes, d’une part, rien ne dit que cette date puisse être celle de référence, si le comportement des Français venait à dégrader les chiffres des hospitalisations, d’autre part. C’est pourquoi le plan sera territorial, par étape et conditionné, comme l’a annoncé Olivier Véran, ministre de la Santé, jeudi 30 avril. La carte du déconfinement ainsi présentée ce jour-là est quotidiennement réactualisée en fonction des critères suivants et ce jusqu’au 7 mai : le taux de cas de contaminations dans la population, le nombre de places disponibles à l’hôpital et la possibilité de tester rapidement les habitants (qui sera attribuée plus tard).
De fait, dès le 11 mai, si tout va bien, les départements en vert seraient sous le coup de mesures de déplacement fortement assouplies. Jusqu’à présent, les deux Savoie était teintées de orange, ce qui induirait, si rien ne bouge avant le 7 mai, des déplacements très contraints. Les prochains jours vont donc donner le la, alors que le Premier ministre rappelait bien, le 28 avril, à l’occasion de la présentation de son plan devant l’Assemblée nationale que « si les indicateurs n’étaient pas au rendez-vous d’ici là » , nous ne pourrions envisager de déconfinement. Autour de nous, les plans varient aussi par rapport à la virulence de l’épidémie et du nombre de cas.
En Espagne, un plan en quatre étapes Le chef du gouvernement espagnol a annoncé, mardi 28 avril, que la sortie progressive du confinement s’effectuerait dès le lundi 4 mai. Le plan se déroulerait ainsi en quatre phases, sur 6 à 8 semaines. Le retour à la normale est espéré pour fin juin. Jusqu’au 4 mai, le pays demeurera en état d’alerte, les sorties restant extrêmement encadrées. Le télétravail sera de rigueur, les sorties sportives limitées à 1 heure. Puis, à partir du 11 mai, la vie économique reprendra a minima, des terrasses pourront ouvrir mais devront cantonner leur fréquentation à 30% de leur capacité. Les commerces de proximité lèveront leur rideau, les centres commerciaux resteront, quant à eux, fermés. Le 25 mai, la culture reprendra ses droits, les salles fermées seront réduites à 50 personnes maximum, les espaces en plein air, à 400. Les enfants de moins de six ans pourront être accueillis dans les écoles si les deux parents travaillent. Cette troisième phase ne sera rendue possible qu’en fonction de l’évolution dans les différentes communautés autonomes*. Les déplacements seront par ailleurs interdits au-delà de chaque territoire.
Le 8 juin, les centres commerciaux rouvriront, à 50% de leur capacité, le port du masque dans les transports et dans les lieux publics sera recommandé. Le « permis » de déplacement sera élargi aux plages, notamment, à condition toujours de rester dans la même communauté autonome. A l’issue de cette phase, le confinement sera levé fin juin. Les frontières, elles, devraient rester fermées jusqu’à octobre, selon le gouvernement.
En Allemagne, un déconfinement allégé mais critiqué et menacé Le 20 avril dernier et après quatre semaines de confinement, les commerces (à la surface inférieure à 800m²) ont commencé à rouvrir, la vie économique a pu reprendre grâce à des chiffres considérés jusqu’alors plutôt positifs au regard de la situation chez les voisins européens. Les dépistages massifs ont fait le reste. Le 4 mai, les élèves les plus âgés et ceux devant passer des examens seront sur le chemin de l’école. Le port du masque, s’il n’est pas imposé, est fortement recommandé. Seulement, ce paysage bien plus doux et accueillant s’est assombri, ces derniers jours avec la crainte d’une reprise de l’épidémie, compte tenu de ce confinement, jugé léger par les autorités sanitaires. Le taux de contagion est repassé à 1 (il doit être inférieur à 1 pour permettre l’allègement des mesures) alors qu’il était de 0,7 durant le mois d’avril. « L’erreur de l’assouplissement » a été ainsi pointée du doigt par de nombreux Allemands craignant une deuxième vague autrement plus inquiétante.
En Italie, dès le 4 mai, on assouplit Dimanche 26 avril, le président du Conseil, Giuseppe Conte, a annoncé son plan progressif d’assouplissement du confinement. Depuis le 28 avril, des secteurs stratégiques de l’économie italienne ont pu repartir, dont les chantiers publics. La prochaine phase, dite de « coexistence avec le virus » entrera en vigueur le lundi 4 mai, où le comportement de chacun sera scruté, la distanciation sociale de mise. Les secteurs de l’informatique, des transports, de l’agroalimentaire, de l’immobilier etc. reprendront leurs activités respectives. Dans les espaces fermés, comme au travail ou dans les transports publics, le masque sera obligatoire. Leur prix a été fixé, il sera de 50 centimes d’euro, dans toutes les pharmacies. Les déplacements seront restreints aux limites des régions, sauf cas exceptionnels. Il sera possible de se balader autour de chez soi en respectant le mètre de distance avec autrui. Les commerces de proximité rouvriront le 18 mai, ainsi que les musées et espaces culturels, en maintenant une capacité d’accueil limitée. Ce n’est que le 1er juin que les terrasses, bars et restaurants pourront commencer leur saison. Aux enfants scolarisés, il leur faudra s’armer d’impatience puisque la rentrée n’est prévue qu’en septembre, sauf pour les bacheliers italiens, dont l’examen devrait néanmoins être réduit à une épreuve orale. Ce plan ne sera possible que dans les régions où la situation épidémique est la plus stable.
Etats-Unis, l’enjeu électoral
Pourtant, le 16 avril, Donald Trump avait annoncé son plan, par état, selon l’évolution de l’épidémie dans chacun d’eux. Peu avare d’effets de manche, dès le lendemain, il invitait expressément les habitants de Virginie, du Michigan ou du Minnesota à s’opposer au confinement. Trois états gouvernés par des… démocrates, naturellement. Plusieurs états ont, depuis, rouvert leur économie, décision prise par les gouverneurs. Texas, Géorgie, Tennessee (où le gouverneur républicain Bill Lee a chaudement félicité Trump pour son « leadership » dans la tempête), rapporte France tv Info, tandis que les états démocrates se montrent plus frileux. Le déconfinement est devenu un enjeu politique, à quelques mois d’une élection présidentielle qui voit le président fragilisé par une crise qu’il a bien peu maîtrisé. Au Texas, alors que le gouverneur Abbott s’apprêtait à lever les restrictions, à partir du 1er mai, et à rouvrir les centres commerciaux, les entreprises et les commerces de proximité, l’état a dû faire face au plus grand nombre de décès survenus en une journée (50). Son plan de réouverture prévoyait un fonctionnement à 25% de leur capacité. Un sérieux coup de frein… En Californie, ce sont plusieurs centaines de manifestants qui ont réclamé l’assouplissement des mesures de confinement, le 1er mai.
Le déconfinement en Suisse, plus tôt que prévu mais… La Suisse a cette particularité de n’avoir pas imposé un confinement sévère comme ses voisins européens. Restaurants, magasins, marchés et musées (que le conseil fédéral voulait voir rouvrir le 8 juin seulement, avec les restaurants) devraient rouvrir au public le 11 mai alors que de nombreux commerces ont déjà pu lever leurs grilles le 26 avril. Les écoles le feront progressivement à partir du 11 mai, bien que la confédération en laisse la responsabilité et les modalités à la charge des communes et des cantons. Dans l’enseignement secondaire et supérieur, les cours seront pour l’instant limités à cinq élèves, les examens auront tout de même lieu. Les entrées sur le territoire helvétique seront assouplies à cette date également. A l’instar de la France, les manifestations rassemblant plus de 1 000 personnes sont interdites jusqu’au 31 août. Toutefois, déconfiner plus tôt que prévu n’est pas vécu comme un soulagement de l’autre côté des Alpes, une nouvelle vague de contaminations pouvant survenir durant l’été, selon l’école polytechnique fédérale de Lausanne et la John Hopkins University de Baltimore. « De telles conditions pourraient entraîner de 2 à 5 millions de cas d’ici à septembre, de 31 000 à 70 000 hospitalisations cumulées, de 6000 à 14 000 admissions en soins intensifs et de 5 000 à 15 000 décès sur cette période, ont établi les chercheurs » , indique le quotidien le Temps.
Le 20 mai, le Maroc revient à la normale Le taux de mortalité s’établit à 0,48 pour 100.000 habitants au Maroc, des chiffres moindres que dans les pays européens « disposant pourtant d’un système de santé plus développé » , rapporte le 360. La sortie du confinement sera donc rendue possible le 20 mai, date qui était jusqu’alors susceptible d’être repoussée. Il sera malgré tout progressif, ce qui induit que les lieux accueillant du public n’ouvriront que plus tard. Il semble néanmoins que l’urgence économique ait incité les autorités à déconfiner au plus vite, puisque pas moins de 6 300 entreprises marocaines « ont cessé leurs activités ». A l’inverse de la grande majorité des pays européens, le port du masque sera obligatoire. A noter que 41 000 personnes ont été présentées à la justice, depuis le début de la crise sanitaire, pour non-respect des mesures barrières et du confinement.
Pas de reprise prématurée en Angleterre
Lundi 27 avril, selon Boris Johnson, le premier ministre britannique, dont c’était le grand retour médiatique et politique depuis son hospitalisation, déconfiner est aujourd’hui inimaginable. Il verrait ce retour à la normale comme un risque « d’annihiler tous les efforts et les sacrifices consentis » jusqu’ici. La mesure de confinement qui portait jusqu’au 8 mai sera vraisemblablement prolongée. Et ce, en dépit des pressions formulées par les partis travailliste et libéral-démocrate, opposés aux conservateurs de Johnson à qui ils reprochent en chœur d’avoir trop tardivement réagi à la crise sanitaire qui amplifiait. « Les gens ont besoin de voir une lumière au bout du tunnel » , a expliqué Keir Starmer, le chef du parti travailliste, sur la BBC.
Ce dernier avait même parlé d’hécatombe au sujet du nombre de victimes du virus, plus élevé que la moyenne continentale**. Le 23 avril, la majorité avait promis 100 000 dépistages par jour, rappelle le journal la Croix. Si le pic semble passé, un retour aux affaires paraît aujourd’hui prématuré.
* Les régions espagnoles, au nombre de 17, équivalentes aux landers allemands.
** Le Financial Times aurait évoqué plus de 43 000 morts outre-Manche. Autres sources : Le Petit journal Courrier International Le Point Ouest France Houston Chronicle Le Figaro La Tribune de Genève
Tous les commentaires
0 commentaire
Commenter