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Grand Lac : à Renaud Beretti le gouvernail

Par Jérôme Bois • Publié le 15/07/20

Election du président de l’agglomération, mercredi 15 juillet, vote sans surprise même si le duel annoncé aura été in fine un combat tripartite. Sans surprise malgré tout car le maire réélu d’Aix-les-Bains a pris place sur le trône, délogeant ainsi son prédécesseur à la maire aixoise, Dominique Dord, dont c’était la dernière danse. Contrat rempli pour Renaud Beretti qui a pu placer son équipe aux vice-présidences.
Être maire d’Aix-les-Bains et président de Grand Lac vont donc de pair. A celles et ceux qui criaient à la main mise de la ville-centre sur l’agglo, le message du nouvel élu était pourtant clair : personne ne sera laissé sur le côté. A la lecture des noms des 14 postes les plus élevés dans la hiérarchie Grand Lac, on ne dénombrait, au final, « que » cinq Aixois, ce qui témoigne d’une certaine volonté de brassage. Et ce même si Jean-François Braissand, maire d’Entrelacs a pu s’émouvoir de l’absence de sa commune – « la deuxième plus grande de l’agglomération, regroupant six communes » – à l’un des postes-clés. « Notre territoire doit être représenté sinon on ne peut pas avoir de liste unie, comme vous l’avez pourtant suggéré ». Il se consolera néanmoins avec un poste de membre du bureau. Sinon, que dire à part que l’élection du président fut une quasi-formalité ? N’en déplaise à Jean-Claude Croze, qui aura perdu et ce scrutin et sa vice-présidence au passage, Renaud Beretti partait avec l’avantage qui sied au taulier de la ville-centre, bien que Philippe Gamen ait contredit, il y a quelques jours cet état de fait. Et l’issue du vote a confirmé la tendance : 43 voix en sa faveur, 24 au maire de Brison-Saint-Innocent et une petite, à destination de Dominique Fié.  Le maire saintinnois avait pourtant insisté sur quelques points prégnants comme la mobilité, l’agriculture, le social, la transition écologique « qui doit même être le fil rouge » de la logique « grandlacustre ». Il se faisait le président des équilibres entre communes rurales, péri-urbaines et ville centre, s’était engagé « à ne solliciter aucun autre mandat » et prévoyait même de faire de son opposant du jour son premier vice-président.

La commune, cet échelon fondamental

Ce dernier n’aura pas eu les mêmes intentions à son égard, lui qui présenta une liste prédéfinie de vice-présidents potentiels. Dominique Fié, candidat surprise, ne surprit pas, lui, par ses ambitions, en premier lieu celle « de faire revivre la démocratie locale » qu’il n’a de cesse de juger encrassée. Voulant refaire de Grand Lac un lieu « de débats » , il souhaitait éclaircir aux yeux des habitants ce qu’est l’agglomération. « Les deux autres candidats » faisaient partie « des équipes déjà présentes ces dernières années » , l’heure était donc au dégagisme pour le conseiller municipal aixois. De dégagisme il ne fut pas question, donc. « La crise sanitaire a confirmé le rôle de la commune comme échelon fondamental » , entamait le président fraîchement élu, « avec la proximité comme socle et valeur ». Renaud Beretti a aussitôt décliné les orientations que devra prendre l’agglomération Grand Lac dans les années à venir, forcément en lien avec les impératifs sanitaires et écologiques qui nous brûlent le postérieur. Autonomie alimentaire, aide à l’économie afin de garantir emploi et attractivité, nécessité de faire revenir touristes et curistes « et pas seulement à Aix-les-Bains » , valorisation des déchets à travers l’innovation, intervention et soutien de l’office de tourisme intercommunal dans l’élaboration des fêtes de villages et des événements, « si les communes le désirent » , insistait-il, création, si le conseil le décide ainsi, d’un service public de l’eau, accessibilité, développement durable…  Le pays étant à la croisée des chemins, celui emprunté par Grand Lac devra répondre aux grands enjeux internationaux –  mais à l’échelon local – qui vont dicter leur loi dans les années à venir. Par la suite, les 13 adjoints – qui pourraient être 15 prochainement – ont été élus : dans l’ordre, Jean-Claude Loiseau, qui a devancé d’un souffle Jean-Claude Croze, Marie-Claire Barbier, Florian Maitre, Nathalie Fontaine, Michel Frugier, Julie Novelli, Olivier Rognard, Marie-Pierre Montoro-Sadoux, Jean-Marc Drivet, Robert Aguettaz, Thibaut Guigue, Danièle Beaux-Speyser (qui a battu Laurent Filippi),  et Yves Mercier constitueront la garde rapprochée du néo président.  Un mot tout de même pour Dominique Dord, qui a vécu sa dernière journée en qualité d’élu, en l’état celui de président d’agglo. Dans son introduction, l’ancien maire et député de Savoie saluait ces élus « qui ont choisi d’être politiques » plutôt que « commentateurs critiques et ironiques ». « Vous avez pris vos responsabilités dans notre France hélas si jacobine, qui se méfie tant de pouvoirs locaux. Ce choix vous honore ». Un propos qui n’est pas sans évoquer ceux tenus dans nos colonnes, voici quelques jours, au sujet de la décentralisation (à lire ici). « Peut-être connaîtrez-vous ce virage à 180 degrés avec la décentralisation sans cesse promise, sans cesse remise ».  Fin de partie pour ce serviteur de la Savoie dont on attend désormais le positionnement à propos de sénatoriales toutes proches. Les prochains mois permettront de juger la méthode Beretti, le président de « l’équilibre ». Habemus presidentum !

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