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Indemnités des élus, aides aux Ravoiriens, subventions aux associations, finances publiques… on refait le match… et l’histoire
Par Jérôme Bois • Publié le 11/07/20
A l’occasion de cette deuxième séance du conseil municipal nouveau, vendredi 10 juillet, la tradition a été respectée, le fond a changé, la forme non. Les affaires courantes revenaient pourtant sur le tapis, de vraies délibérations réclamaient d’être débattues, elles l’ont été et plus encore. Impossible d’en extraire la moelle sans évoquer les clashs qui se sont multipliés. Et franchement, c’est inquiétant.
Un nouveau mandat au prix de l’ancien, nous interrogions-nous il y a à peine une semaine ? Ça en a tout l’air. « Beau spectacle, hein ? » souriait un Gérard Blanc spectateur. Un sourire forcé, dépité, parce qu’à ce spectacle-là, pas sûr que lui et les Ravoiriens adhèrent. Il y a une donnée claire, Alexandre Gennaro et son équipe vont souffrir et il leur faudra sang-froid, sérieux et de (très) larges épaules pour subir sans fléchir durant six ans. Comme si le maire allait devoir payer sa « dissidence » des deux dernières années… Cette prémonition, qui n’est pas seulement la nôtre, du reste, est inquiétante car il se murmurait déjà, à l’époque où Frédéric Bret se faisait attaquer de toutes parts, que toute la gestion de la commune s’en trouvait paralysée. Qu’en sera-t-il désormais ?
Or, il s’agissait de poser, vendredi 10 juillet, les premières pierres de l’action municipale après une séance du 3 juillet principalement juridique. Des aides aux associations et aux Ravoiriens ont été votées et unanimement approuvées. Certes, mais à quel prix ! Les indemnités aux élus ont été validées. Bien sûr mais pas à l’unanimité, loin s’en faut. « On n’est pas là pour refaire le passé » a plusieurs fois répété Alexandre Gennaro. Mais maintes fois il l’a été. Ressassé, grisé, noirci, rayé… Parfois par les uns, la majorité, parfois par les autres, les minorités. On a même senti comme un parfum de suite de campagne lors de cette brûlante production.
« Le symbole est désastreux, blessant, méprisant… »
On ne pouvait décemment pas s’exonérer d’un premier acte agité lorsqu’il est question d’indemnisation des élus. Une promesse étant une promesse, elles ont été abaissées de 5% pour le maire et les adjoints*. les conseillers municipaux, disposant tous au moins d’une délégation, se voyaient eux aussi indemnisés. Tous, sauf les minorités. « Depuis plusieurs années » , fit remarquer Yannick Boireaud, membre d’Ecoexistons, « tous les élus étaient indemnisés, qu’ils soient de la majorité ou des oppositions. Cela ne permet pas d’être millionnaire, nous sommes d’accord. Nous nous battons pour des convictions, recevoir une rémunération serait alors un acte de principe, récompensant le travail fourni. Vous bafouez ce principe dès le premier conseil. Vous vouliez co-construire avec nous, ça ne dépendait que de vous. C’était votre premier grand test : comment alliez-vous traiter les minorités ? J’ai toujours sacralisé la fonction de l’élu. Le symbole est désastreux, méprisant, blessant, vous créez un fossé entre élus mais au moins, vous nous faites gagner du temps ». « J’avais, une fois élu maire, augmenté les indemnités en 2017, cela avait été souligné et contesté mais il faut savoir reconnaître le mérite de tout le monde. Le début, c’est donc cela. Pas d’indemnités aux élus de la minorité, c’est qu’ils ne travaillent pas. OK, on ne fera donc pas notre travail » , ironisait Frédéric Bret S’ensuivit un échange d’amabilités entre Grégory Basin, nouvellement adjoint, et l’ancien maire : « La campagne a été longue, nous sommes tous allés sur le terrain, il faut que les élus soient exemplaires alors que nous vivons une crise inédite. Et vous, vous nous parlez de quoi ? De vous ! » « Elle est bonne celle-là ! » Ambiance…
« Les Ravoiriens ne comprennent pas pourquoi les élus s’indemnisent trop (une sortie qui provoqua quelques rires dans la salle) mais nous, au moins, nous baissons les indemnités alors que la loi nous autoriserait à les augmenter. Elles sont parmi les plus faibles de l’agglomération et je suis fier de voter cette baisse. L’enveloppe n’est pas consommée, nous économisons et nous ouvrons la porte à celles et ceux qui veulent travailler avec nous. » Rien de rassurant pour les minorités : « Donc » , reprit Yannick Boireaud, « ceux qui veulent travailler auront droit à des indemnités ce qui signifie que les minorités ne travaillent pas ? C’est un choix politique, pas un choix fait en fonction de la fidélité avec le maire, vous n’êtes pas chef d’entreprise ». « Heureusement, sa majesté nous accorde des places en commissions » , renchérit Frédéric Bret. « C’est donc que vous n’êtes élu que pour toucher des indemnités » , fit remarquer Alexandre Gennaro. Fin de l’acte 1.
« Ces 30 euros sont une mesure concrète, nous agissons tout de suite »
Deux aides aux Ravoiriens et le versement des subventions aux associations ont fait l’objet de débats houleux, en dépit du fait qu’elles aient toutes trois été approuvées. La première vise à soutenir à hauteur de 30 euros l’adhésion des enfants à une association sportive ou culturelle. La seconde est une offre complémentaire aux aides existantes à l’achat d’un vélo à assistance électrique (de 250 euros en plus des 250 euros de la Région et de 250 autres de l’agglomération) ou classique (de 80 euros). L’occasion d’une théâtrale entrée en matière de Xavier Trosset, conseiller délégué à la vie associative. « Fierté ! Fierté de débuter par une promesse de campagne, une décision faisant partie de nos engagements, tout de suite, dès la première séance, chose que vous n’aviez pas faite lorsque vous étiez maire ! » Viviane Coquillaux, d’Ecoexistons prit alors le relais : « En parlant de promesses de campagne, vous aviez dit que vous accorderiez un temps de parole aux habitants en début de séance, il n’y en a pas eu. Sur le point en question, vous faites les choses tout de suite, sans respecter les règles démocratiques qui consistent à passer par une commission pour discuter des détails d’une telle aide, distribuée sans aucun critère social. Par ailleurs, vous avez parlé de dettes durant toute la campagne, et vous proposez des aides, sans même parler de leur financement ».
Pris pour cible dans la présentation de Xavier Trosset, Frédéric Bret rétorqua : « Nous sommes là pour défendre les Ravoiriens. Si à chaque prise de parole, vous insistez sur les attaques personnelles, je me plierai volontiers à l’exercice, moi aussi ». Réplique du maire, « les commissions seront faites le plus vite possible, mais la rentrée, pour les associations et les familles qui doivent budgéter les adhésions, arrive, la prochaine séance est programmée le 24 août, nous avons choisi d’agir sans attendre la Saint-Glinglin. Ces 30 euros sont une mesure concrète. Sur la problématique des quotients familiaux, un enfant est un enfant. Cela fera l’objet d’un débat mais plus tard. Ne pas voter une telle délibération est petit ».
« Il n’y a que vous qui travaillez, pas besoin de nous le rappeler. Mais nous avions l’intention de voter cette délibération, nous avons un petit cerveau, voyez-vous, on a bien compris qu’il y a urgence pour les familles et les associations. Nous nous interrogeons sur le côté démocratique ». Viviane Coquillaux s’opposera de la même matière à la méthode, au sujet de l’aide à l’achat de vélo : « Quelle case remplit-on ? La case écologique ? Certes, un vélo électrique est moins polluant mais ces vélos sont équipés de batteries au lithium. La case sociale ? La plupart des acheteurs sont des retraités, seuls 3% des ouvriers sont en capacité de s’en payer un. Cette aide s’adresse avant tout à eux et aux cadres supérieurs. La case financière ? Quelle est votre enveloppe budgétaire ? Qui allez-vous déshabiller pour habiller cette délibération ? » « Nous agissons sur les générations futures autour des mobilités douces. Nous avons prévu de financer, d’ici à la fin de l’année, l’achat de 50 VAE et 50 vélos classiques » , réagit le maire.
Lorsque Xavier Trosset évoqua le versement des subventions aux associations, c’était avec la même verve et le même souci de poursuivre une campagne déjà pas très heureuse sur la forme : « Le choix a été fait par le maire précédent de ne verser qu’un acompte aux associations. Quand vous êtes adhérent, bénévole ou président d’association, vous avez besoin de la municipalité, on ne peut pas laisser des associations sur le bord de la route. La basket n’a rien eu par exemple. Mais je ne prendrai personne à partie ». Loupé, c’est le moins que l’on puisse dire. Une introduction qui fit bondir Thierry Gérard : « J’espère que l’enthousiasme que tu as, tu sauras le conserver sur les six ans à venir. Nous avons rencontré les associations avant la date du 28 juin, je n’ai pas l’impression que les associations que tu cites en exemple aient été en péril. Quant au basket, c’est un problème de convention à signer, c’est un peu long ».
Pour l’ancien adjoint à la vie associative, Alexandre Gennaro, « les faits sont les faits, nous avons voté ce que vous n’avez pas su faire avant ». « Il ne faut pas réécrire l’histoire, toutes les associations étaient à l’arrêt. Vous ne faites que verser une somme qui avait été votée auparavant. Et cette convention doit être présentée en séance du conseil, comment allez-vous faire » interrogea Frédéric Bret ? « La convention, je l’ai signée, vous auriez pu le faire dans le cadre de vos missions lors de l’urgence sanitaire ». Fin de l’acte 2.
Imbroglio budgétaire sur fond de règlements de compte
Il ne fallait pas moins que la double approbation du compte de gestion et du compte administratif 2019** pour amener ce petit monde à monter d’un cran. « Il y a eu un loupé, un manquement. On ne voulait pas refaire le passé mais malheureusement… » Le Préfet de Savoie avait fait parvenir un courrier en mairie, le 11 mars, précisant qu’aucune « délibération portant approbation du compte de gestion du comptable public n’avait été reçue ». Il réclamait en outre « la provenance des éléments de cession » concernant une somme de 1 847 750 euros équivalant aux recettes d’investissements. Enfin, le Préfet a demandé « tout acte ou pièce permettant d’apprécier le caractère certain » des restes à réaliser en recettes « pour 1 520 736 euros ». « Je n’ai trouvé nulle part » , insista Alexandre Gennaro, « de traces de réponse au Préfet, qu’il a demandé dans les meilleurs délais. Nous ne devons pas avoir la même définition de ce que sont les meilleurs délais ». La recette ne pouvant dès lors pas être inscrite, « ce budget serait insincère. J’ai demandé et obtenu un délai ».
Le 3 juillet, le maire avait exprimé le souhait de réaliser un audit sur les finances de la ville, qui ne pourra être lancé qu’une fois ces considérations réglées. « J’ai un regret » , soupira plein d’ironie Yannick Boireaud, « c’est que l’ancien adjoint aux finances (Jean-Louis Lanfant) ne soit pas présent, il aurait pu en discuter avec le nouvel adjoint aux finances (… Jean-Louis Lanfant, donc) ». Lui qui n’avait pas voté le compte administratif le 2 mars dernier parce que « nous n’étions pas dans la légalité » , avait-il alors déclaré. « Il prépare tout et ne vote pas » , rappela Frédéric Bret. « La réponse a été faite, une délibération du conseil est censée suffire à son inscription au budget ».
Le va et vient s’intensifia au point de faire dire au membre d’Ecoexistons que ce conseil s’apparentait « à une cours d’école. L’ancien maire ne riait pas et ne coupait pas la parole, même lorsqu’il était attaqué ». « Oui, c’est d’un niveau maternelle, petite section, même. Il nous faut sortir par le haut et stopper ces guéguerres » , abonda le maire. La conclusion, aux traits grossis, venait de Thierry Culoma, nouvel entrant, dans l’équipe de l’ancien maire : « Vous dites que la commune est dans un état désastreux. Je suis nouveau, ce que je vois, c’est qu’il y a 20 » pèlerins « qui ont mis la commune dans cet état, ils se sont depuis séparés et ce sont finalement les mêmes qui vont de nouveau la gérer. Moi, j’ai une boîte, si on me dit ça, j’arrête tout ». Fin de l’acte 3, prochaine étape, le 24 août***.
Alexandre Gennaro peut bien compter, aujourd’hui, « sur tous les élus pour travailler ensemble » , ce petit monde n’est pas encore prêt à faire de ce mandat un long fleuve tranquille…
A force de se refuser à refaire l’histoire tout en la refaisant, on finit par reculer.
* Le maire percevra 1 912,13 euros, les adjoints, 599,36 euros, les conseillers municipaux à deux délégations, 388,94 euros, à une délégation, 101,12 euros.
** Lire notre article du 3 mars dernier.
*** Une séance au cours de laquelle la Société d’aménagement de Savoie rendra public son état des lieux de la ZAC Valmar, un souhait exprimé par Alexandre Gennaro, dès son élection.
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2 commentaires
TsarPopa
11/07/2020 à 18:56
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Passiflora
12/07/2020 à 14:38
Je n'imagine pas qu'ils ont partagé le "verre de l'amitié" suivant le conseil...
Ouais...
Franchement, ça sent pas bon pour les 6 prochaines années avec un tel maire, et pire un sbire tel que M Basin qui agressé mais ne supporte pas qu'on y reponde...
En tout cas, c'est bien bas de renier l'utilité des élus des minorités... Même Mignola reconnaissait leurs apports...
Vivement que M Gennaro redescende sur terre et travaille vraiment avec les minorités et surtout sans racune et autres mesquineries de la sorte.
Il en ressortira grandi.