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Rendre la musique classique accessible à tous et partout, telle est la mission de « Musics Trans’Générations »
Par Laura Campisano • Publié le 25/12/20
Ce nom vous rappelle quelque chose et pour cause : le festival Music’s Trans’Bauges a désormais un écrin. Le projet pédagogique et artistique du musicien Savoyard et international Pascal Gallet est à présent porté par l’association Musics Trans’Générations vient tout juste de se créer à Aix-les-Bains avec pour objectif de porter, faire découvrir et faire aimer la musique classique, partout non seulement en Savoie mais aussi ailleurs.
Nous vous avions conté les déambulations de Pascal Gallet jouant du piano tracté par un tracteur sur les chemins traversant les communes Savoyardes du Noyer, Saint-Ours, en passant par la Feclaz et le Revard jusqu’au concert final au Parc de Verdure d’Aix-les-Bains. C’était en août dernier et le festival n’aurait dû normalement refaire parler de lui qu’à l’été prochain. C’était sans compter sur le pianiste, dont la renommée est mondiale, qui venant passer les fêtes en Savoie a décidé de faire une « déambulation » surprise le dimanche 27 décembre à Aix-les-Bains,* alors même que l’association vient juste d’éclore. Une double satisfaction en ces temps moroses pour le monde de la culture.
Une association loi 1901 à visée pédagogique
« C’est passionnant ! » s’enthousiasme Floriane Garin-Faustini, présidente de la toute jeune association Musics Trans Génération, dont Pascal Gallet est le directeur artistique. Spectatrice l’an dernier du premier festival Music’s Trans’Bauges, la voilà propulsée présidente d’une association à visée pédagogique, souhaitant poursuivre le concept lancé par le pianiste, à savoir ouvrir les portes de la musique classique, créer des ponts avec la musique contemporaine et principalement la musique de films pour sensibiliser le public, qu’il habite en ville ou dans les villages de montagne, qu’il soit en milieu rural ou féru d’adagio. « Je me suis permise de contacter Pascal Gallet après le concert », se souvient Floriane Garin-Faustini, « pour lui dire qu’en termes de communication afin de sensibiliser les jeunes, il y avait des choses à faire. Ce qui m’a intéressée et m’a amenée à intégrer le bureau, c’est l’aspect éducatif, l’éveil, comment faire pour démocratiser la musique classique ? Lors du concert final, il y avait sur scène des virtuoses autour de Pascal, entre 9 et 21 ans, et dans le public, moins de jeunes et de familles qu’au cours des déambulations. C’est de cette manière que je suis entrée dans l’aventure », sourit-elle. L’association va donc porter le festival Music’s TransBauges, mais a également pour vocation d’amener la musique classique à la population, la plus diversifiée, au travers d’actions plus originales, d’intervention dans les établissements scolaires, en Savoie, mais pas uniquement. « Nous ne nous limitons pas à la Savoie, c’est la raison pour laquelle le nom de l’association ne comporte pas de connotation de lieu », précise la présidente, « des concerts en déambulation peuvent avoir lieu partout. Le projet en lui-même est véritablement axé sur la création de lien social, avec des publics parfois isolés, c’est vraiment ce qui donne du sens à l’association. »
« Humanisme, fraternité et partage »
« Humanisme, fraternité et partage. » C’est ainsi que Pascal Gallet définit le concept du triptyque du Festival – déambulations, académie et concert final – ainsi que l’objet-même de l’association dont il est le directeur artistique. « C’est important de recréer ce lien entre le public et la musique classique, d’expliquer les œuvres interprétées », explique le pianiste, « créer des liens réels, et le meilleur moyen de le faire est de démontrer aux gens que la musique contemporaine s’est toujours inspirée du classique, prenons l’exemple de Serge Gainsbourg, qui dans » Baby Alone in Babylone « chanté par Jane Birkin, s’inspire de la 3e symphonie de Brahms, ou encore Stromae, qui s’inspire de Carmen de Georges Bizet pour sa chanson du même nom. » Après avoir dû mettre sa carrière de concertiste entre parenthèses depuis mars alors qu’il devait repartir en tournée aux Emirats et en Chine, au sortir d’une période intense de récitals au Mexique dédiés à l’intégrale d’André Jolivet, Pascal Gallet était plus qu’heureux de pouvoir repartir sur les routes des Bauges pour jouer devant un public plus qu’enthousiaste. Car, comme il le souligne, la musique en ces temps troubles est essentielle bien que sacrifiée. « Il y a véritablement une inquiétude pour l’art, pour la culture, ce ressenti du laissé tomber par rapport aux artistes, malgré les actions insuffisantes de la Ministre de la culture, est général. Je ne pense pas qu’à moi en disant cela mais aux intermittents, aux techniciens, c’est terrible ce qui se passe. On a beaucoup parlé des restaurateurs, mais les artistes sont tombés complètement dans l’oubli. » regrette-t-il. D’où son envie de transmettre sa passion, non seulement au public mais aussi aux plus jeunes en intervenant partout où cela sera possible. C’est aussi son ambition dimanche 27 décembre, à Aix-les-Bains « de faire un petit clin d’œil face à la morosité dans le pays, d’offrir un moment de partage, avec la musique, qu’on puisse se dire » on n’est pas fichu, les artistes sont là ! «
Pédagogie et ambition, les credo de Music TransGénérations
C’est une ambition que partagent les membres du bureau de son association, présidé par Floriane Garin-Faustini, également composé du peintre savoyard Didier Pillet, vice-président, de Lionel Berthet, secrétaire, et de Matthéo Sivaliant, trésorier, élève de Pascal Gallet au Conservatoire. Si pour le moment, tout est à bâtir au niveau des outils de communication, les adhérents sont d’ores et déjà les bienvenus. « Il va falloir à présent trouver des mécènes, des partenariats pour pouvoir aller plus loin que le festival », rebondit Floriane Garin-Faustini, « si ce dernier a été en parti financé par les communes qui ont bien voulu l’accueillir, ainsi que Aix-Evénements, il va falloir trouver de nouveaux financements. » D’autant que l’espoir de Pascal Gallet est de faire également participer des jeunes Savoyards au stage de piano qui a lieu durant la semaine du festival Trans’Bauges, pour leur transmettre son amour de la musique. « C’est un excellent pédagogue », souffle Floriane, « il est exigeant, mais il s’adresse aux jeunes avec une grande bienveillance. Il n’a pas besoin de cela pour se faire connaître, sa renommée est mondiale. Mais il a envie de laisser sa trace. » Une façon d’être dont le pianiste ne se cache pas « le but de tout cela, c’est de dire aux jeunes qui ont tous des rêves dans leur vie, qu’il faut y croire mais qu’il faut travailler pour les réaliser. » Message d’espoir et de ténacité, alors que nombreux sont ceux qui risqueraient d’abandonner en cours de route, faute d’entrain. Aussi, pour ne pas perdre le rythme, dans les jours qui viennent, les membres du bureau et leur directeur artistique se réuniront pour fixer les caps et les actions à mener, afin de jeter l’ancre virtuose en territoire Savoyard, puis bien au-delà. D’ici là, pour contrer le vague à l’âme de cette fin d’année peu ordinaire, l’association démarre fort avec 30 minutes de bonheur et des surprises. « Je jouerai peut-être habillé en Père Noël, » s’amusait Pascal Gallet, « Il y a bien certains de mes amis qui vont me préparer quelque chose. » . 2020 n’aura donc pas fini de nous étonner, en bien, cette fois.
* La déambulation surprise de Pascal Gallet sera retransmise en live sur le compte Instagram « Pascal Gallet Officiel » et débutera à 11 heures ce 27 décembre 2020. La traversée se fera au centre ville d’Aix-les-Bains.
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