« Nouvelle Energie », le parti de David Lisnard, s’installe en Savoie, Jérôme Chambard devient référent

« Je me sentais orphelin d’offre politique, je deviens porteur d’idées. C’est passionnant et cela change tellement des écuries personnelles » , déclarait, enjoué, David Lisnard il y a près de deux ans, lorsqu’il officialisa l’existence de « Nouvelle Energie » en tant que parti à part entière. Ce Limougeaud de 54 ans, membre des Républicains, président de l’association des maires de France, a su, au fil des ans, se tenir à l’écart du tumulte politique et parallèlement faire sa pelote ; ce qui n’était au départ qu’une association née lors de la campagne municipale de 2013/2014 – qu’il remporta – a bien grandi. Sur le papier, l’idée a de quoi plaire, le mantra du mouvement de Lisnard traduit une farouche envie… de France : « Nous croyons en la France, en sa culture, sa continuité et son universalisme républicain, que nous désirons assurer en assumant un projet moderne, enraciné, ouvert et tourné vers une nouvelle espérance ». Explicite.

Le maire cannois cherchait dès lors à étendre cette vision aux quatre coins de l’Hexagone, il vient déjà de poser sa patte sur la Savoie et Jérôme Chambard sera l’animateur en chef de cette nouvelle tendance politique, ancrée à droite, évidemment.

« J’ai trouvé que David Lisnard proposait quelque chose de différent »

« J’ai toujours été militant quelque part, mais je n’étais pas pour autant un fou de politique. On ne se sent plus vraiment représenté, le cirque a pris le dessus, désormais » , confesse Jérôme Chambard. Un ressenti parfaitement synthétisé par cette anecdote révélatrice : « A 22 ans, j’étais encarté à l’UDF et lors d’un meeting, j’entre dans la salle et juste à cet instant, trois types me sautent dessus et me disent qu’il faut voter François Bayrou. Clairement, j’y étais allé dans l’espoir d’un débat, ça m’a saoulé. La politique ne semblait à mes yeux que jeux de pouvoir et absence d’idées ». Pis, Jérôme s’imaginait que « les partis devaient former la jeunesse . Or, même cela a disparu au profit du tweet, du buzz, du happening ». Difficile, dans ces conditions, de se dessiner un avenir dans un système politique qui ne lui sied guère.

Un fatalisme qu’il traînera jusqu’à la découverte du personnage David Lisnard. Bien avant son arrivée sur la scène politique locale via « Nouvelle Energie », il fera son apprentissage du petit Lisnard illustré à travers la lecture de « La culture nous sauvera », livre paru en 2021 coécrit avec Christophe Tardieu, dans lequel l’élu explique que la culture doit être perçue comme l’élément moteur vers le retour à la prospérité et à la cohérence. « J’ai trouvé qu’il proposait quelque chose de différent. Quand on est libéral modéré, il n’y a plus guère de place entre les deux extrêmes. Et quand on trouve quelqu’un qui sait parler, ça redonne le goût… Lisnard, c’est un franc-parler pas populiste, un gars qui dit franchement les choses. Lui va être capable de dire ce qui peut être vu comme déplaisant, à la différence de l’extrême-droite, qui joue sur les émotions négatives ». Fervent défenseur d’une part de capitalisation sur les retraites, « meilleure solution pour garantir aux retraités un pouvoir d’achat supérieur à ce que permet le système par répartition, assainir les comptes publics et renforcer ­l’investissement dans les entreprises » , révélait-il au JDD, en janvier dernier, le maire de Cannes se place à contre-courant des vains échanges qui jalonnent et perturbent le débat public. « Il est parvenu à remettre la capitalisation au premier plan mais pas que, souligne Jérôme Chambard. A Cannes, il s’est farouchement opposé aux rodéos urbains en agissant. Il a exclu un commerçant du marché parce que l’un de ses enfants avait agressé une personne âgée. C’est un homme d’action ». Doublé d’un ardent défenseur des valeurs républicaines. « Il démystifie les tabous, il est libre et l’absence d’échéances électorales proches lui permet de voir loin » , abonde-t-il.

Lisnard, un élu encore méconnu

Cependant, la relative discrétion de David Lisnard dans le débat politique (il n’est ni à l’Assemblée nationale, ni au Sénat et ne préside aucune grande formation politique) le rend encore peu lisible pour bon nombre de Français. Ainsi, il ne figure pas dans le classement Elabe des personnalités politiques préférées, paru début février dans les Echos. Et se classe modestement à la 46e position du baromètre Ipsos de ces mêmes personnalités daté de janvier 2023. Avec ce bémol, toutefois, 56% des sondés n’ont aucune opinion de lui… Signe qu’il n’a pas encore véritablement pris la lumière. En décembre dernier, la lutte pour la présidence des LR s’est faite sans lui et pour Jérôme, cela semblait le bon choix : « Il a bien fait de ne pas y aller, il s’est dit qu’il n’était pas prêt » , jure-t-il.

Là, avec « Nouvelle Energie », David Lisnard compte maintenant participer activement au débat public « pour la réussite d’une nouvelle proposition politique au service de la France ». « Pour ce faire, il ira, ajoute Jérôme, chercher les idées dans les groupes départementaux que le siège synthétisera. Il y a, dans ces groupes, des gens non politisés mais qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. Après, sera-t-il capable d’aller au bout avec ces idées ? Je ne sais pas mais objectivement, aujourd’hui, qui discute des idées, chez les Républicains ? » Des LR en mal de repères, selon Jérôme, « on ne sait pas trop où l’on va, persiste celui qui y est toujours encarté. Il faut dessiner l’avenir en se détournant de la cuisine politicienne qui nous étouffe. Et cet avenir, c’est comment vivre collectivement. Comment faire respecter la République. Lisnard a le mérite d’être focus sur la liberté individuelle et donc sur la responsabilité de chacun. L’Etat ne nous doit pas tout. Je m’y retrouve pleinement même si son discours tranché ne plaira pas à tout le monde. L’énergie collective construira une société meilleure ». D’ailleurs, David Lisnard ne répète-t-il pas à l’envi qu’il « n’y a pas de société qui puisse tenir sans responsabilité » ?

Un entrepreneur engagé et déterminé

Annécien de 44 ans, père de deux enfants, Jérôme Chambard est l’heureux créateur de Skiply, fournisseur de solutions numériques pour les entreprises, basée à Aix-les-Bains. S’il s’est politiquement réinvesti à son arrivée à Chambéry il y a 5 ans, c’est après une vie de voyages, à parcourir le globe pour son travail. Issu de l’INSA Lyon, ingénieur en génie électrique, il effectuera une grosse partie de sa carrière professionnelle à l’export. « J’ai fait une bonne quarantaine de pays, j’ai appris beaucoup ». Et lorsque, comme lui, on a connu les contrées les plus arides, qu' «on a beaucoup bougé, quand on a longtemps été coupé de notre climat, la première chose qui vous revient en revenant au pays, c’est l’odeur de l’herbe fraîche, elle est unique ». Depuis 2006, Jérôme créera pas moins de cinq entreprises, donc trois revendues depuis. Quelle place alors accorder à la politique ? « Je n’ai simplement pas envie de lâcher l’affaire. J’en ai assez de l’idée selon laquelle nous serions un pays qui aime s’autoflageller. Mon moteur, désormais, c’est de trouver des gens qui ont envie de sortir de cet état ». C’est le sens de son engagement à « Nouvelle Energie », dont le nom sonne fort à propos. Lorsqu’il a vu passer l’annonce du lancement du parti dans tous les départements de France, Jérôme Chambard a fait acte de candidature, a fait part de ses accointances avec les idées portées par l’actuel président de l’association des maires de France et a ainsi été nommé référent départemental.

Ses missions, organiser le mouvement et mener les actions nécessaires à son développement. Cela passera par des réunions thématiques mensuelles dont la prochaine se tiendra à Aix-les-Bains le 28 février. « Je pense que c’était le bon moment, pour lui, de lancer son parti, estime Jérôme, à charge pour nous, association locale de soutien, de faire émerger des idées » et de donner au pays un souffle nouveau, une nouvelle énergie…