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Grand Chambéry : vers une démission du président Philippe Gamen ?
Par Jérôme Bois • Publié le 02/09/23
De l’avis de beaucoup d’élus communautaires, l’affaire est entendue, le président Philippe Gamen s’apprêterait à quitter ses fonctions au sein de l’agglomération Grand Chambéry. Pourtant, il faudra bien attendre lundi 4 septembre pour connaître son avenir à ce poste. Cependant, une drôle de machinerie s’est parallèlement mise en place et dans l’hypothèse d’un départ, c’est Alexandre Gennaro qui serait en bonne position pour prendre la relève d’un président fortement chahuté depuis 3 ans, après une élection interne à la majorité, qui l’a vu devancer Luc Berthoud de deux voix.
Lundi 4 septembre, nous saurons si Philippe Gamen démissionne ou non de la présidence de Grand Chambéry, après la diffusion d’un communiqué qu’il rendra lui-même public. Mais convenons-en, nous serions très proches d’un départ de l’actuel président, vraisemblablement essoré par trois ans de débats politiciens auquel il ne goûtait guère, aux dires d’un élu communautaire, ne le jugeant « pas assez capé pour gérer une agglo de 150 000 habitants ». En cas de départ, le maire du Noyer et ses 213 habitants saura en expliquer les raisons précises mais en coulisses, cette éventualité se préparerait et ce depuis quelques jours. Joint au téléphone, le président n’a ni démenti ni confirmé l’information. Prudence, donc.
Un groupe créé début juillet
Le 6 juillet dernier, à l’occasion de la dernière séance du conseil communautaire, nous apprenions la création d’un groupe politique constitué aujourd’hui de 37 personnes, un groupe dit ouvert à tous, apolitique et dont l’existence visait à « soutenir le président Philippe Gamen dans son action » , expliquait Alexandre Gennaro, ainsi qu’à « promouvoir la solidarité entre l’ensemble des communes et à développer une intercommunalité dynamique, de projet et de territoire. Ce groupe a vocation à ce que l’on puisse échanger et avancer sereinement » , exprimait-il, le 6 juillet. S’ensuivit un échange avec Christelle Favetta-Sieyès, qui demandait à en connaître la composition. « D’autre part, je n’aime pas le terme ‘politique’ qui a un côté partisan. Nous avions noué un contrat de confiance dans le cadre d’un exécutif partagé. Je m’interrogeais également sur qui le préside et j’ai deviné en vous écoutant que c’est vous, M. le vice président. Et plutôt qu’un groupe politique, j’aurais préféré un seul groupe, commun à tous, dans le cadre de cette gouvernance partagée, sans clivage ». « Ce groupe vient de se constituer, répondit Alexandre Gennaro. Le groupe est ouvert. L’idée est de pouvoir avancer et de partager. Il n’y aura pas de président de groupe, il y aura des référents, Brigitte Bochaton et moi-même. Nous ne sommes pas là pour faire de la politique politicienne » , promit-il.
Parer à toute éventualité
Aucun nom n’avait été communiqué, ce soir-là, en séance, impossible donc de savoir si Philippe Gamen lui-même en était membre. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que ce groupe a bien grandi, qu’aux 9 membres initiaux, 28 sont venus s’ajouter et qu’une élection interne à ce groupe a eu lieu, fin août, afin de désigner qui d’Alexandre Gennaro ou de Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex, serait le plus à même de prendre la relève du président, en prévision d’un vote du conseil programmé le 21 septembre prochain. C’est le maire ravoirien qui l’emporta avec deux voix d’avance. A ce sujet, Alexandre Gennaro avance vouloir « travailler avec le groupe pour la suite, avec Philippe Gamen. On a choisi un nom pour parer à toute éventualité et assurer la continuité de ce qu’il a entamé. Les voyants sont au vert, le projet d’agglomération et le plan pluriannuel d’investissements (PPI) ont été votés ».
Lors de cette élection, un élu rapporte que le président Gamen aurait donné son pouvoir à Alexandre Gennaro, lui qui avait soutenu la candidature d’Aurélie Le Meur en juillet 2020 lors de l’élection du président et du bureau du conseil communautaire. Un revirement qu’il nous a expliqué sans tabou, le 2 septembre : « Je me suis retrouvé dans certains projets, je suis la preuve de cette ouverture que nous recherchons désormais. Philippe Gamen a voulu avancer et je me suis retrouvé dans son fonctionnement. Il a beaucoup encaissé, nous avons vécu un début de mandat très particulier, avec des séances souvent lunaires. Pourtant d’une majorité à 41 membres, il est passé à un budget voté par 49 élus et un PPI validé, c’est rare d’être capable d’aller chercher de nouveaux élus ». Sur le groupe, il assure « qu’il s’élargira naturellement » , qu’il sera « sans coloration politique de manière à cesser de tergiverser et de freiner les projets » et qu’il est aujourd’hui plus grand que n’importe quel autre groupé créé dans l’histoire de cette agglomération. Il souhaite ainsi tordre le cou à une rumeur, persistante, qui voit dans cette création le préalable à un départ du président, déjà évoqué, nous dit-on, au tout début de l’été.
La minorité sur le qui-vive
Depuis, l’écosystème politique s’est agité, les commentaires fusent et se pose dès lors la question de l’adversaire que la minorité mettra face à Alexandre Gennaro. « Cette candidature me fait peur, témoigne un élu, il est impératif d’avoir quelqu’un de solide en face ». « S’il est élu, on subira une politique de la terre brûlée » , glisse un autre, sous couvert d’anonymat. « C’est la minorité chambérienne qui tire les ficelles et on ne peut pas se permettre de se retrouver sous la tyrannie de cette minorité. Pour moi, clairement, ce groupe a été créé pour préparer la suite ». Trois noms émergeraient à ce jour pour affronter Alexandre Gennaro le 21 septembre prochain ; ceux de Marie Bénevise, VP en charge des déchets, estampillée mouvement citoyen, de Luc Berthoud, défait lors de cette élection interne, a priori pas intéressé, nous apprend un proche du dossier, mais qui parviendrait à faire consensus par sa capacité à rassembler au-delà des couleurs politiques et Thierry Repentin, maire de Chambéry, dont l’expérience serait vue comme un « plus » indéniable.
Si la démission de Philippe Gamen venait à se confirmer, les trois semaines à venir vont être agitées, dans les communes de l’agglomération chambérienne, tout comme l’ont été les deux précédentes.
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