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Aix-les-Bains : pour la tranquillité et la sécurité publique, municipalité, police nationale et habitants coopèrent
Par Laura Campisano • Publié le 29/05/19
Au cours des dernières réunions publiques de l’automne 2018, Renaud Beretti, qui venait de succéder à Dominique Dord aux commandes de la municipalité d’Aix-les-Bains, a entendu le désarroi d’une partie de sa population, lasse de se sentir démunie dans certains quartiers, face à une délinquance bien rodée. Action, réaction. Le maire a doublé le nombre de caméras, mis en place une nouvelle coopération avec la Police Nationale et pour une vraie coopération avec les habitants, la participation citoyenne va se doter de référents. Explications.
La vidéo-protection mise en place à Aix-les-Bains en 2013, monte d’un gap avec un renfort supplémentaire, et pas des moindres : la police nationale a désormais accès aux caméras du centre de supervision urbain (CSU), dépendant de la commune. L’objectif de cette coopération entre municipalité et police nationale est clairement affiché : plus d’efficacité dans la résolution des délits aboutit nécessairement à davantage de tranquillité pour les habitants. Qu’à cela ne tienne, Renaud Beretti a non seulement écouté les doléances durant les réunions publiques tout au long de l’automne dernier, il a surtout mis en place des solutions, principalement dans le quartier du Sierroz.
« Il faut remettre de la vie dans les quartiers et surtout, des services publics, c’est notre vocation »
Pour cela, l’édile a pu compter sur le soutien de Houria Khemissi, commissaire de police, qui a d’ores et déjà débuté les permanences mensuelles, au sein de la mairie de quartier avec une idée en tête : faire revenir la police auprès des habitants. « Les cadres du commissariat, moi-même ou mes adjoints, sommes présents mensuellement à un point rencontre police-population », explique-t-elle, « c’est un moment de rencontre pour renouer un lien direct avec la population. On a également mis en place une adresse mail, grâce à laquelle les habitants peuvent nous contacter directement pour nous faire part d’une information dans un cadre anonyme. Charge à nous, bien entendu, de vérifier ces informations et d’orienter ensuite les patrouilles si nécessaire » (la prochaine a lieu le 4 juin NDLR). Car dans son objectif de garantir de la tranquillité à ses habitants, le maire Aixois coopère et met les bouchées doubles. Pour preuve, cette mise en commun des moyens techniques de vidéo-protection communaux pour permettre à la police nationale de prendre la main sur les images, soit une extension des dispositifs en place depuis 2013 dans la ville. En 2019, le nombre de caméras installées chaque année sera doublé, selon la volonté du maire de passer de 10 à 20, en accord avec la police pour les emplacements stratégiques de ces outils, efficaces à 360 degrés.
Une coopération efficace entre police nationale et CSU
Quand les images de vidéo-protection arrivent au CSU, qui depuis un mois emploie un second opérateur, une liaison directe avec le commissariat grâce à un écran et un joystick dans le bureau du chef de poste permet une relecture des images dans un temps limité, et de faire avancer les enquêtes de flagrance et préliminaires. Pour Houria Khemissi, ce dispositif est une chance, qui n’existe pas dans tous les commissariats. « Le maillage de caméras au niveau de la ville est important et fourni, ce qui rend ce nouveau dispositif très opportun », souligne-t-elle, « et ce pour deux raisons principales : la vision en direct permet de prendre la main, lors d’un événement en cours au niveau de la ville, en détaillant aux patrouilles les circonstances de l’événement, et d’assurer la sécurité de tous, population et fonctionnaires sur la voie publique. Le second aspect est bien entendu dans le cadre de l’exploitation judiciaire des images. La loi nous impose un cadre strict, le revisionnage peut être effectué dans un temps très limité de 12 heures, après quoi, c’est le procureur qui requiert une exploitation dans le cadre d’un autre temps de l’enquête », précise la Commissaire. Un outil précieux qui permet, lorsqu’un événement se termine, de revenir très vite dessus, aidant nettement à la recherche des mis en cause. Et d’une efficacité notable : d’abord parce que le procédé est dissuasif, mais aussi parce que le taux de couverture est si important qu’il permet aux enquêteurs d’anticiper certains faits. « le taux d’élucidation a augmenté sur Aix tout comme le nombre de réquisitions auprès de la police municipale, devenu quasi systématique. » déclare Houria Khemissi. Autre preuve d’efficacité, le nombre de dégradations sur le matériel vidéo. Pour Renaud Beretti il ne fait aucun doute que si l’on tente de découper à la scie circulaire des caméras de surveillance, c’est que le dispositif gêne, ce qui est plutôt positif. « On s’adapte à la délinquance », sourit le maire, « on a changé les bornes à incendie, sécurisé les compteurs électriques, grâce au nouveau marché public prévu sur trois ans, on peut même changer les fûts plus rapidement. Et ça, ça gêne beaucoup, encore plus parce que les caméras à l’entrée de la ville, sont dotées du dispositif LAPI, qui permet de détecter les plaques des véhicules, volés ou recherchés. » Si la vidéo-verbalisation n’est pas encore à l’ordre du jour à Aix, force est de constater que la commune est plutôt en avance sur ses voisines, faisant presque de l’ombre à Chambéry, avec presque 200 caméras.
« On ne surveille pas les gens, on les protège »
Dernier point crucial de la coopération police-mairie, celle avec les citoyens. Une nouvelle circulaire du 30 avril 2019 vient détailler le cadre très précis de ce dispositif « participation citoyenne » déployé sur tout le territoire national. A Aix-les-Bains, une réunion publique aura lieu le lundi 17 juin à 19h, au Centre des Congrès. C’est à cette occasion que les habitants seront informés de la mise en place du dispositif. « Pour devenir référent, les habitants devront présenter leur candidature, qui sera examinée à la fois par la municipalité et la police nationale. Si elle est retenue, elle sera formée, et mise en lien direct avec un référent-police », précise la commissaire, insistant sur le fait qu’il ne s’agisse nullement de milices, comme on a sans doute dû le lui objecter. « Les gens ne vont pas enquêter, qu’on se rassure. C’est le travail de la police. En revanche, on va échanger des informations, ce ne sont pas des agents infiltrés dans les quartiers, c’est plutôt de la vigilance, il faut que les gens comprennent qu’on est à leur service. » poursuit-elle. La nuance est de taille. Toutes les informations reçues par ce biais, nous a-t-elle assuré, seront vérifiées. Une idée nous vient: comment faire face d’une part aux règlements de compte entre voisins, aux mythomanes, aux mauvaises intentions et d’autre part, au sort réservé aux indics, dans certains quartiers ? Tout ceci a été pensé, nous rassure la circulaire, qui formalise ce dispositif avec un protocole officiel, conclu pour une durée de trois ans, renouvelé par tacite reconduction, entre le maire, policiers et gendarmes référents et les citoyens référents, autant dire qu’on prend ça très au sérieux en haut-lieu, et que les impétrants devront bien réfléchir avant de se lancer dans ce rôle, bénévole.
A Aix, comme à Chambéry, qui s’y est mise il y a quelques temps, on donne donc des responsabilités aux citoyens. Comme partout ailleurs, on ne recrute pas de justiciers. Les caméras, c’est déjà une patrouille en plus. Si Renaud Beretti tient à rassurer tout le monde dans une boutade « ce n’est pas Big Brother, on ne surveille pas les gens, on les protège et ils le savent », il certifie surtout que toutes ces actions répondent à une demande de ses administrés. « C’est surtout très important aux abords des écoles, des collèges privés comme publics, avec lesquels une convention est signée. Les parents sont rassurés, ce sont les gens même, maintenant, qui nous demandent des caméras dans certaines zones. On est dans notre objectif de remplir une mission de service public, loin des polémiques, politiques ou autres. » Et puisqu’une polémique en appelle une autre, et que le nerf de la guerre est toujours économique, on a posé la fameuse question : « combien ça va coûter alors ? » Mais Renaud Beretti n’est pas du genre à perdre patience face à ce type de questions à tiroirs. Il optimise, profitant des travaux de rénovation pour avancer dans les installations et réduire les coûts, utilise les subventions de l’Etat, passe par les gaines existantes pour installer ces dispositifs, dont la valeur est variable, d’une caméra simple à 1000 euros, le génie civil, s’il est nécessaire, peut saler la note jusqu’à 100 000 euros, d’où l’optimisation des coûts.
Quoiqu’il en soit, à Aix, on sent bien un vent de nouveauté s’installer, et il y a fort à parier que coopérer sera un verbe très souvent utilisé, désormais.
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