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Bassens : dans une lettre ouverte aux habitants, le maire accuse

Par Jérôme Bois • Publié le 06/05/19

Une missive datée du 25 avril a été distribuée aux habitants de Bassens. Une lettre ouverte qui explique pourquoi les projets de la majorité, en place depuis 2014, n’avancent pas. Le maire, Alain Thieffenat, explique les raisons de cette initiative qui traduit chez lui une profonde lassitude.

Jugé moribond et peu sécurisé, le centre commercial du Galion fait l’objet d’un recours contre le permis de construire déposé par un commerçant.

« C’est le temps du ras-le-bol » , dira Alain Thieffenat. Le temps d’une mise au point, surtout, devant les électeurs, et ne nous le cachons pas, à un an d’une échéance électorale majeure. Une lettre ouverte distribuée à tous les habitants de Bassens (à lire en bas de page). Deux projets d’envergure, le centre commercial du Galion et l’entrée de ville font l’objet de deux recours, un pour chaque, le premier contre le permis de construire (accordé par la commune et Grand Chambéry en 2018), en cours d’instruction au tribunal administratif, le second contre la modification du Plan local d’urbanisme (PLU) devant conduire à la requalification de tout un secteur.

« Ça me fout en boule »

 

« C’est gonflant de voir les choses bloquées » , confie le maire. « On sait que tout n’est pas parfait mais ces projets ont été menés par des spécialistes, ont fait l’objet de deux réunions publiques et les voir se faire retoquer de la sorte, ça me fout en boule ».
Inclus dans le programme de campagne de celui qui a déboulonné l’édile en place, solidement attaché à son fauteuil depuis 19 ans, ces deux projets immobiliers n’ont, selon Alain Thieffenat, surpris personne. Pour lui, pas de doute, tout cela est orchestré : « Je pense que Jean-Pierre Burdin ne s’attendait pas à perdre cette élection ». Il a donc dû en rester quelque chose, un petit ressentiment, peut-être*.
Dans sa lettre ouverte, le maire s’indigne contre « ces gesticulations » , notamment celles de 5 élus de la minorité (sur 6) qui ont déposé ce recours contre la modification du PLU (le premier recours, contre le Galion, émanant d’un privé). « Ça nous fait perdre du temps », dira-t-il, « mais aussi des emplois, une centaine ». Le temps de procédure étant relativement long, on peut craindre que ces deux affaires ne puissent être traitées avant les prochaines élections municipales.

Le maire Alain Thieffenat

 

L’entrée de ville, un projet d’aménagement « pris à la légère »

 

Lui qui s’était promis un mandat placé sous le signe de « la transparence et de la communication » se lamente de ces blocages. « Le Galion est un centre commercial moribond, avec une vingtaine de commerçants dont certains farouchement indépendants. Il fallait lui redonner vie, il fallait faire bouger les lignes ». Quant à la Plaine**, il y avait là la promesse d’un développement du secteur tertiaire avec des emplois « dans le médical et paramédical » à la clé, avec du logement en sus (98 dont 33 logements sociaux, NDLR). Les élus de la minorité s’y étaient vertement opposés : « Les aménageurs ont été choisis par le maire sans mise en concurrence ni justification des critères de son choix. Aucune information non plus sur leur éventuelle participation aux aménagements publics du quartier, pas plus que sur ce qui pourrait rester à charge des contribuables de la commune » , rapportaient-ils dans le bulletin municipal de décembre 2018. Avant de préciser avoir « saisi le tribunal administratif en annulation de cette décision, que nous estimons prise à la légère ».

 

2020 dans le viseur ?

 

A un an des élections, cette lettre ne donne-t-elle toutefois pas l’impression d’ouvrir le parapluie ? « On ne me l’a pas encore reproché, les retours me paraissent néanmoins encourageants, les gens semblent comprendre ma démarche. Je voulais que ma commune bouge et change, c’est pourquoi je me suis présenté ». Cette initiative, pour le moins originale, dans le paysage local, devrait en tout cas faire jaser, lors de la prochaine séance du conseil municipal, le 15 mai.
Si Alain Thieffenat ne doute pas de la volonté de l’opposition de proposer une liste pour 2020, il se réserve encore un temps de réflexion « car pour ma vie personnelle, être maire est un vrai handicap, ma décision n’est donc pas prise ».

 

 

*La liste d’Alain Thieffenat l’avait emporté de justesse avec 50,15% des voix (40,94% d’abstention). L’autre liste, conduite par Jean-Pierre Burdin, avait échoué à 0,16% de la victoire, soit 5 petites voix.

 

** Le conseil avait validé à 17 voix pour et 6 contre (le 17 septembre 2018) l’acquisition de parcelles et la proposition d’aménagement du secteur par la SAS et la société Babylone. Il avait enfin autorisé ces aménageurs à déposer un permis de construire. La minorité a précisé que « les réponses, partielles, apportées ne nous satisfaisaient pas, notamment au niveau de la surface totale des constructions, de l’absence de commerce, d’une sortie coté Dralis sur le giratoire de la conciergerie, du mode de choix des promoteurs, de l’absence d’éléments financiers… » 

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