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Bassin chambérien : mais où est donc passé le Rassemblement national ?

Par Jérôme Bois • Publié le 18/05/19

Où est passé l’ancien front ? A l’orée d’une élection européenne mineure pour les Français mais moins d’un an avant un scrutin autrement plus apprécié, le rassemblement national peine toujours autant à pousser en Savoie, sur le terreau de la droite. 

Un peu d’histoire… 

Lors de la réunion publique sur les Européennes, le 16 mars 2019, à La Rochette. @Nathalie Germain
Aix-les-Bains avait presque fait figure d’exception en 2014 ; une liste frontiste, menée par Véronique Drapeau, avait réalisé un score assez faible, suffisant néanmoins pour finir deuxième derrière l’intouchable Dominique Dord (15,33%, devant les listes divers gauche d’André Gimenez et de Frabrice Maucci). Le duo Serge Gathier – Véronique Drapeau n’a cependant pas résisté d’une part aux problèmes personnels et, dans un second temps, au noyautage de toute initiative par le siège parisien du Front. Résultat, en octobre 2015, cette dernière déchira sa carte après qu’une liste (conduite par Jean-Marie Garcin) a été lancée aux Régionales à son insu par les têtes du parti.

L’instabilité au pouvoir

A Chambéry, Joëlle Regairaz, ancienne secrétaire départementale du parti, devait conduire une liste FN, persuadée que l’élan national -depuis l’arrivée de Marine Le Pen – allait être porteur. A quelques encablures de l’élection, elle abandonnera, faute de noms disponibles. Regairaz sera même débarquée au profit de Jean-Marie Garcin à la tête de la section savoyarde, en 2015. Avant d’être lui-même débarqué au profit du jeune Brice Bernard, ex-front national des jeunes, en 2017.
Dans l’Essor Savoyard, en 2015, Véronique Drapeau s’était lancée dans une saillie à l’encontre des têtes pensantes du parti, avec des mots choisis : « Ni Florian Philippot, ni Steve Briois, ni Marine Le Pen, ne sont venus. Il n’y a aucune dynamique, dans le département. J’ai l’impression qu’ils se sabordent ».
En outre, la rupture entre le FNJ, très entreprenant en Savoie, et les caciques pro Jean-Marie Le Pen était consommée depuis un entretien accordé à l’hebdomadaire, en juillet 2013, dans laquelle les jeunes (dont Brice Bernard) annonçaient vouloir prendre le pouvoir. L’occasion était dès lors trop belle pour les figures du FN savoyard de se débarrasser de ces gêneurs. Exit donc David Berton, patron du FNJ de Savoie et autoproclamé directeur de la campagne de Véronique Drapeau (là encore à son insu). Exit aussi Rémi Martin, alors secrétaire pour le FNJ de l’Avant-pays savoyard.

Les Législatives 2017, le tournant

Brice Bernard

Difficile de bouger un FN encore très représenté par les nostalgiques de Le Pen père… « Je ne crache pas sur Jean-Marie Le Pen et ses suiveurs, ils ont été là en éclaireurs », admet Brice Bernard. Et le département a souffert de la comparaison avec sa voisine du nord : « La Savoie a toujours fonctionné avec les élus FN de la Haute-Savoie » , comme Dominique Martin, député européen, dont c’était la dernière danse. Et pourtant, un terreau frontiste subsiste, en Maurienne et en Combe de Savoie.

Et maintenant ? « Nous sommes en pleine restructuration » , confie le secrétaire départemental, « faute de résultats concrets, il a fallu changer les cadres. J’ai donc repris la main en octobre 2017, j’étais alors directeur de campagne de Marie Dauchy » , candidate aux Législatives sur la 3e circonscription (3e avec 14,44%, le meilleur score des quatre circonscriptions). Hormis sur la 4e, le FN échouera sur la dernière marche du podium partout ailleurs. Insuffisant aux yeux du siège. « Pourtant, il y a une place énorme ici, il n’y avait simplement pas les bonnes personnes au bon endroit ».

Marie Dauchy, éligible sur la liste des Européennes

Et depuis un an, les adhésions progressent, l’équipe s’est rajeunie, Marie Dauchy, 24e sur la liste européenne du rassemblement national, se retrouve même en position éligible, à 32 ans. « C’est la petite étoile montante du la fédération » , sourit Brice Bernard. Tous deux avaient du reste contesté à Frédéric Bret et Nathalie Laumonnier le canton de La Ravoire, en 2015. « Maintenant, la Savoie est mise en avant, on discute beaucoup avec Marine Le Pen, on l’a fait venir à La Rochette » , en mars dernier.
Les stratégies se mettent en place, et si Chambéry reste un territoire « compliqué » , si Aix est entre des mains trop expertes pour la voir basculer en 2020, c’est vers Albertville, la Tarentaise et la Maurienne que le RN peut faire son beurre. « Il existe un flottement sur Albertville, des problèmes d’insécurité, notre vote progresse, il nous faut trouver la bonne personne ». Les municipales n’arrivent-elles cependant pas trop tôt ? « Je ne crois pas, une entente avec Debout la France est possible, c’est sûr qu’il nous faudra beaucoup d’énergie ».
Avoir une députée à l’Europe serait un signe fort avant les prochaines joutes électorales.

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