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Chambéry : le 18 mai, pendant la nuit des musées, laissez-vous enchanter par la maison des Charmettes

Par Laura Campisano • Publié le 14/05/19

Chambéry possède ses trésors, Les Charmettes en font indéniablement partie. La maison « de campagne » qui a abrité les idées, les amours et les notes de musique de l’illustre Jean-Jacques Rousseau est un site classé, préservé et ouvert à tous gratuitement… toute l’année.

Dans les Confessions comme dans les rêveries du promeneur solitaire, le philosophe des Lumières raconte qu’il n’a jamais été plus heureux que durant les années 1736 à 1742, quand il y passait ses vacances d’été avec Madame de Warens. A la mort de Jean-Jacques Rousseau, elle a été habitée par d’autres artistes, conservateurs de musées, jusqu’à son rachat par la commune de Chambéry en 1905. C’est ce qui explique sans doute l’état de conservation de la bâtisse, mais aussi de l’ambiance qui y règne : on se sent happé par le bien-être.

 

Patrimoine local, matériel et immatériel

 

Choyée par les équipes municipales, « la maison de Jean-Jacques », comme l’appellent ceux qui y travaillent, se dresse là, au milieu de la nature préservée face au Nivolet. Des vignes la surplombent, comme à l’époque du philosophe, des ruches permettent la récolte du miel des Charmettes, un verger composé de variétés de pommes anciennes se déploie sur le penchant du vallon, tandis qu’un jardin à la française, voit pousser joyeusement aromates et plantes médicinales. Parmi elles, un parterre de pervenches, la fleur des poètes, utilisée pour fabriquer des philtres d’amour au Moyen âge et madeleine de Proust de Jean-Jacques Rousseau, qui s’y remémore les instants heureux vécus ici. On le sait peu, mais féru de musique, il y a consacré un dictionnaire et 400 articles dans l’Encyclopédie de Diderot.
On l’ignore même, il n’a quitté les Charmettes que pour des raisons musicales, ayant inventé un système de notation des partitions qu’il a présenté à l’Académie des Sciences. D’ailleurs, dans la maison, on peut visiter une salle de musique…Et tout ceci est gratuit. Tout le monde peut se promener dans le jardin, tous les jours, y pique-niquer, y flâner. Dans la maison, les pièces sont également ouvertes au public gratuitement six jours sur sept, et des événements y sont régulièrement organisés, pour poursuivre le travail de Rousseau: créer, faire vivre l’art, pour être heureux.

Le jardin, qui invite à la rêverie jusqu’à la maison ©Didier Gourbin / Grand Chambéry

C’est donc non seulement un bijou du patrimoine matériel, mais aussi immatériel, si l’on prend en compte l’ambiance qui y règne. Un lieu idéal pour abriter des résidences d’auteur, des ateliers… Étonnamment, il ne manque qu’une chose pour que ce soit parfait : des navettes régulières pour que chacun puisse y accéder. Sans doute ce vœu pieux sera-t-il un jour exaucé ?

 

Une bâtisse classée monument historique et restaurée

 

Véritable lieu de pèlerinage pour les amoureux des arts, venus du monde entier à en lire les livres d’or, Les Charmettes commencent à être visitées au début du XIXe siècle sur initiative de  Georges-Marie Raymond, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Chambéry, alors qu’il y vit. Depuis plus personne n’y vit, mais elle est toujours visitée, et a fait l’objet d’un travail de restauration et de modernisation indispensable, entre décembre 2016 et juin 2017, dans le cadre d’un projet européen, Alcotra,
Les Charmettes et le Musée des Beaux-Arts de Chambéry, en partenariat avec le Cercle des lecteurs et le Musée égyptien de Turin, ont ainsi participé à partir du 21 juin 2017 à un cycle de neuf parcours narratifs auxquels les écrivains chambériens Gauz et Nathalie Gendrot ont collaboré. A cette occasion, des travaux de sauvegarde de la bâtisse, comme l’installation d’un système d’aération, la restauration des papiers peints ainsi que la signalisation dans le musée. « Nous avons revu l’éclairage des lieux, du jardin, refait le parcours de la visite avec de nouveaux panneaux et surtout les papiers peints » précise Mélanie Faguer, responsable des publics des deux musées de Chambéry, « le musée des Charmettes fonctionne très bien avec près de 13 000 visiteurs par an, sans compter les habitués qui viennent flâner régulièrement. Là, nous entrons dans une grosse période, entre la nuit des musées et les journées du patrimoine en septembre! » se réjouit-elle.
Au programme de cette année, un duo danse  et mots, par la compagnie Trans’Dance, qui va déambuler dans les jardins et la maison, invitant le public à la suivre de 22 heures à 23 heures. Un choix qui s’inscrit dans la continuité du lieu « l’essence des Charmettes, c’est un lieu inspirant, un lieu d’art et de création, selon les propres mots de Jean-Jacques Rousseau, alors on choisit les compagnies qui peuvent se saisir de ce lien » sourit Mélanie Faguer.
Prêts à vous laisser charmer?

Une programmation foisonnante pour  la Nuit des Musées 2019 à Chambéry

Les deux musées de la ville se préparent à accueillir le public avec plus d’un tour dans leurs collections ! Que ce soit aux Charmettes, où la grâce et les mots se mélangeront pour méduser les visiteurs, ou au Musée des Beaux-Arts, qui fera vivre des expériences aux curieux,  ce cru 2019 va en faire rêver plus d’un.

Volupté et textes de grands auteurs aux Charmettes Ouvert au public de 20h à 23h, le musée des Charmettes accueillera gratuitement dans ses jardins éclairés, les textes qui ont marqué le philosophe, déclamés par Lucy Cameron et servant de musique à la danseuse et chorégraphe Sophie Adam, de la compagnie mauriennaise Trans’dance.  Des visites flash pour visiter la maison de Jean-Jacques Rousseau, de 20 minutes chacune,  auront lieu à 20h30, 21h30 et 22h30.

De l’art dans tous ses états à tous les étages aux Beaux-Arts A chaque étage son art! L’artothèque sera ouverte exceptionnellement au public pour faire connaître son fond de 22h30 à minuit (imaginez tous les objets d’art que vous pouvez  emprunter et exposer chez vous!)  A découvrir, les dispositifs numériques des étudiants en Master 1 et 2 du département Communication Hypermédia de l’Université Savoie Mont-Blanc, l’exposition consacrée à l’oeuvre d’André Jacques ainsi qu’une rencontre avec Mylène Besson, auteure d’une toile géante actuellement exposée au Musée, visible en réalité augmentée.

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