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Chambéry : Lionel Salaün de retour sur ses terres, pour le 32e festival du Premier roman

Par Laura Campisano • Publié le 01/05/19

Discret, souriant, avec ce petit air malicieux qui ne le quitte jamais, Lionel Salaün était de la partie, à la présentation du programme, mardi 30 avril au Pathé, de retour comme ses comparses Gauz et Stéphane Arfi, pour cette 32e édition.

L’écrivain Chambérien, qui a remporté 12 récompenses avec un premier roman lauréat de la 24e édition du Festival, le retour de Jim Lamar – après 20 ans d’attente, la persévérance est une vertu- s’est montré affable, disponible, même après des années de dédicaces et quatre livres parus, dont le dernier chez Actes Sud, Whitesand.

Lionel Salaün, Babelio

Passionné par les US, leur culture, leur littérature surtout, dont il est un fervent admirateur sans y être pourtant jamais allé, comme d’autres le sont de la Révolution française (auxquels ils n’ont jamais participé… répartie fuselée et appréciée du public), Lionel Salaün est l’un d’entre nous. Rêveur, passionné, essayant de ne pas céder à la pression, il a aussi été le premier auteur Chambérien à avoir participé au Festival. Ses impressions ? « C’était une expérience terrible, sourit-il, être choyé comme ça, au centre des attentions, c’est vraiment difficile. » Avant d’ajouter, plus sérieusement : « Être à Chambéry, ça a été une pression supplémentaire, même si c’était un plaisir, ça restait une épreuve, comme à chaque fois, de faire face à un public. Même si les gens étaient bienveillants avec moi, je n’en menais pas large », a-t-il confessé.
Des rencontres avec les lecteurs, il en retire le regard neuf sur le sujet, même si cela n’influe pas sur les thèmes qu’il choisit pour ses romans. C’est plutôt son petit « gemini cricket » posé sur son épaule qui va rajouter une pression. «Ce petit lecteur, posé sur mon épaule pendant que j’écrivais, qui me disait qu’il ne retrouvait pas ce qu’il avait lu dans le premier roman….lui, il m’a bien embêté pendant des semaines. Jusqu’à ce que je lui mette une bonne baffe et qu’il rentre chez lui pour pouvoir écrire en toute quiétude. » plaisantait-il, même si on imagine combien l’écriture du second roman a dû être difficile, à la suite d’un premier autant plébiscité.

Humblement, il s’est penché sur sa participation au Festival du Premier roman qui l’a fait connaître, estimant que c’était une chance «le fait de participer à ce festival, d’un coup, on existe en tant qu’auteur, c’est la première fois qu’on nous voit, le premier roman lui donne une caisse de résonance particulière, c’est quelque chose qu’on regrette de ne plus retrouver après. » Quant aux engagements prégnants de ses livres, il en parle sans détour : « le racisme, sous toutes ses formes, me préoccupe beaucoup, il me semble que j’ai la bonne couleur de peau… ça m’obsède depuis toujours, y compris le racisme social. » Pour en discuter avec lui, il faudra attendre de le rencontrer au Festival, notamment le 24 mai à 11h au Palais de justice autour de cette question : quelle humanité ? Et ça promet.

Chambéry se prépare à un Festival de mots engagés, tonitruants et humanistes

 

Le Festival du Premier roman perdure, plus de 30 ans après sa création, œuvre de l’association « Lectures Plurielles », avec pour vocation de développer la promotion de la lecture, auprès d’un public aussi large que possible. Premier festival collaboratif en France, le festival du premier roman de Chambéry est le seul où les lauréats « invités » sont choisis par les lecteurs. Entourés d’une équipe de professionnels, du monde de l’édition, de l’écriture, de la production littéraire, les bénévoles de l’association réussissent chaque année à s’entourer d’auteurs connus, de jeunes écrivains et d’anciens lauréats, revenant sur le devant de la scène et se prêtant de bonne grâce aux manifestations.

Une édition sous le signe de l’engagement Cette année, la 32e édition accueillera 23 lauréats, et sera placée sous le signe de l’engagement dans l’écriture, toutes les écritures, y compris celles dont la plume libre de leurs auteurs ne leur permet pas d’être lus dans leurs pays d’origine. Lauréat de la 13e édition du festival pour son premier roman Le serment des barbares, Boualem Sansal revient à Chambéry présenter son dernier opus, Le train d’Erlingen ou la Métamorphose de Dieu, paru aux éditions Gallimard en 2018, participer à des séances de dédicaces ainsi qu’à une table ronde au cours d’une journée de réflexion le 23 mai « la littérature aujourd’hui peut-elle être une véritable force de changement ? ».

Mapping, plaidoiries littéraires et dictée au soleil A travers la ville, des rendez-vous littéraires, du Palais de Justice au Théâtre Charles Dullin, c’est tout Chambéry qui va vibrer au diapason des belles lettres. Etudiants et écoliers seront également de la partie, le tout orchestré par des intervenants chevronnés. Redoublant d’originalité mais gardant des incontournables de la manifestation, les organisateurs n’ont pas lésiné : vidéo-mapping, plaidories littéraires, et même dictée au soleil sous la houlette de Gauz à la Villa Caramagne, la liste n’est pas exhaustive. Au milieu de tout ça, ils devraient se dévoiler, les lauréats. Aux petits-déjeuners littéraires, aux apéros, aux rencontres, aux soirées… ils vont sans doute en dire plus qu’on ne croit. Et se dé-livrer, aussi.

Festival du 1er roman de Chambéry du 22 au 26 mai 2019

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