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Chambéry : des tilleuls de la cour de l’école Joppet seront abattus, la contestation des riverains n’y fera rien
Par Jérôme Bois • Publié le 21/06/19
Une pétition a été mise en ligne, la semaine passée, visant à contester l’abattage des tilleuls de la cour de l’école Simone-Veil du quartier Joppet. Un comité de riverains d’une trentaine de personnes reprend le combat, un an après la reculade de la mairie sur ces abattages, pourtant jugés nécessaires. Sauf que les travaux ont été validés et rien ne pourra les empêcher. Au début de l’été 2018, la perspective d’abattre tout ou partie des tilleuls de la cour de l’école Simone-Veil avait fait jaser. Ils avaient été jugés vieillissants et dangereux, entraînant la déformation du bitume et des chutes d’enfants. En outre, leur caractère allergène les rendaient « inconfortables » pour les enfants, à partir du mois de juin, lorsque les pollens apparaissent. De nombreux parents d’élèves s’étaient alors interrogés sur ces coupes, le conseil d’école aussi, voulant d’abord en connaître les raisons exactes. Ces interrogations s’étaient étendues jusqu’aux riverains et avaient abouti à une mobilisation puis au report des travaux d’aménagement – et donc les coupes. Puis, un nouveau mouvement de parents, mécontents cette fois-ci, que les travaux n’aient pu être menés, s’était élevé. On nageait en plein brouillard. On savait, dès lors, que ces aménagements allaient arriver, tôt ou tard. Et qu’une mobilisation citoyenne apparaîtrait dans la foulée. Sous la forme d’une pétition, visant 500 signatures « On nous a dit que les arbres avaient été mal plantés, que les racines se développaient en surface, qu’il fallait les enlever. Nous disons » essayons de trouver d’autres solutions qu’un abattage «, surtout qu’il s’agit d’arbres en pleine santé » , s’insurge Régis Moulard, membre du comité d’habitants de Mérande, Joppet et des Monts. Car oui, ce projet d’aménagement est sur les rails, les travaux débutant au premier jour des vacances scolaires.
Un projet d’aménagement validé à la quasi unanimité
Présenté l’hiver dernier, il prévoit notamment de conserver 4 des 13 tilleuls avec à leurs piedsun mulch de broyats (retenu par une bordure d’une hauteur de 15 cm environ) permettant à l’eau de s’infiltrer. Le massif d’arbustes près du portail doit être conservé et agrandi. C’est à côté que sera installé le jardin pédagogique, ainsi qu’un point de rencontre avec 3 bancs, un souhait qui remonte à loin.
Au centre de la cour, 3 faux ormes de Sibérie seront plantés, avec à leurs pieds, des pavés avec maillage. Enfin, des espaces verts seront ajoutés vers le RASED, du côté de la maternelle, ainsi que des chênes pyramidaux à croissance lente. Un projet proposé au conseil d’école, validé à l’unanimité moins une abstention (18 sur 19, lire le procès verbal du conseil d’école du 5 mars 2019).
« C’est acté ! »
Pas de quoi cependant apaiser l’agacement du collectif : « Pourquoi tout couper ? En ajoutant de la terre par-dessus, on ne verrait plus les racines » , s’offusque Régis Moulard, qui attend davantage de concertation. Le maire, Michel Dantin, souligne toutefois que les travaux auront lieu « parce que validés. L’an dernier, ils n’avaient pas fait l’objet d’une délibération, nous les avions donc suspendus. Là, les choses sont très claires. Les arbres seront remplacés par d’autres essences, moins allergènes et l’école souhaitait disposer d’un vrai espace vert. C’est acté ».
Pas de négociation possible, donc, ce qui n’est pas pour déplaire au directeur de l’école Simone-Veil, Brice Martin. « C’est un problème vieux d’une quinzaine d’années, déjà, la cour est en mauvais état, avec des trous, des racines apparentes entraînant des chutes d’élèves… Par ailleurs, nous accueillons deux élèves en situation de handicap ; un ascenseur a été installé pour eux, le réaménagement de la cour entre aussi dans cet objectif, celui de les accueillir dans les meilleures conditions ». Il affirme que l’an dernier, le conseil d’école et les parents d’élèves s’étaient « interrogés » , sur la coupe des arbres, sans s’y opposer formellement. L’option qui consistait à retirer le béton craquelé était écarté « car cela risquait de fragiliser les arbres et de risquer des chutes de branches comme cela a pu arriver récemment* ».
Quid des responsabilités ?
La question de la responsabilité revenant invariablement sur le tapis, le directeur rappelle que « l’école est une propriété municipale ; les usagers ont leur mot à dire mais la décision revient, in fine, à la mairie, à la différence du boulevard de la Colonne, qui est un espace public ». Et dont la coupe de quelques platanes, en mauvais état, avait déjà fait grand bruit. « Sur le court terme » , conclut-il, « on perd un grand volume de feuilles mais sur le long terme, nous aurons une plus grande variété d’essences et des arbres sains ». Cela suffira-t-il à convaincre les riverains ? Rien n’est moins sûr, « nous voulons dire au maire que ce n’est pas le moment », lance Régis Moulard, dont le comité s’est aussi mobilisé sur d’autres sujets brûlants de la vie chambérienne, tels que le parking Ravet et les arbres des boulevards. Un Régis Moulard « habituellement opposé à tout » , s’amuse Michel Dantin. * A Bessens, le 18 avril dernier, la chute d’un marronnier situé dans la cour de l’école Jules-Ferry avait grièvement blessé trois enfants. L’un d’eux avait dû être amputé de la jambe.
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