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Les urgences de Chambéry en état… d’urgence, la grève se poursuit de façon illimitée

Par Jérôme Bois • Publié le 05/06/19

Pour la deuxième semaine consécutive, le service des urgences de Chambéry a effectué une matinée d’action, mardi 4 juin. Déjà deux semaines que les Chambériens se sont greffés au mouvement national, le « collectif inter urgences », qui a par ailleurs gagné vingt établissements supplémentaires, ce qui porte à 85 le nombre de services en grogne…

  Si l’on s’en tient à l’état des troupes, trois agents du service des urgences de l’hôpital Métropole Savoie (CHMS) ont fait un burn out, une donnée non officielle, mais qui reste sujette à interprétation. En l’état, les urgences de Chambéry tiennent le coup mais les chiffres – officiels, ceux-ci – ne laissent pas de place au doute ; en 2018, ils ont accueilli 51 546 personnes, soit une augmentation de 4,2% sur un an, de 20% sur quatre.

Une délégation d’agents face à la direction du CHMS

Une délégation d’agents, regroupant des infirmiers, des brancardiers, notamment, a été reçue par la direction de l’établissement chambérien, Florent Chambaz, le nouveau directeur, en tête. Une rencontre de plus de deux heures, ayant accouché de promesses pour les agents, d’une souris pour les syndicats. « Ces hausses du nombre de passages ne sont pas compensées par des effectifs suffisants » , révèle Bstaien Reisler, représentant des IDE (infirmiers diplômés d’Etat) à Métropole Savoie. « Le nouvel établissement a absorbé une partie de ces passages mais les murs ne sont pas extensibles, Chambéry en récupère trop ». Une question de notoriété, sans doute. Sauf qu’Aix-les-Bains* prend sa part : « Aix est un service normal, avec une infirmière visible, une secrétaire visible, l’accueil est ouvert, contrairement à Chambéry, où le personnel soignant évolue en vase clos » , reconnaît Fabienne, agent CGT du CHMS. « Mais Aix est également sous pression, il ne faut pas croire que seul Chambéry est en surchauffe ».

Le temps d’action, mardi 4 juin, devant le service.

La faute aux chiffres, donc, mais aussi à une tendance forte, la désertification médicale dans les centre-villes, conduisant la population à privilégier les urgences pour ce qui relève de la « bobologie ».

Réajuster les effectifs, la première urgence

Dans un premier temps, la priorité est de trouver des personnels pour faire face aux vagues incessantes, à savoir un brancardier de nuit, un binôme infirmier-aide soignant de jour, un agent de sécurité pour les nuits, une secrétaire de nuit également, avec le souhait que le binôme de renfort intervienne sur 10h et non 9. Enfin, un aide-soignant supplémentaire est espéré, la nuit. Puis, il a été question des heures supplémentaires, payées en fin d’année alors que les agents attendent de l’être dans la foulée. Embauches, pérennité des postes, matériel à jour, indemnité forfaitaire de risque… ont été les autres revendications exprimées. Ces demandes ont été formulées à M. Chambaz. Il a émis le souhait de voir des groupes de travail se former afin de répondre à ces problématiques. « Le directeur a été à l’écoute mais le résultat de cette entrevue est plutôt décevant » , souffle Fabienne.

La grève continue, sine die

Pour Alexandra Genevois, représentante des IDE, elle était positive, cette dernière présentant un directeur « au discours très posé, bien renseigné, clair et franc ». « Il ne nous a pas sorti de proposition particulière ou de réponse immédiate, nous avons dit ce que nous avions à dire. Un courrier va lui être envoyé » et jeudi 6 juin, une délégation chambérienne fera la route vers Paris avec les Annéciens afin de rencontrer Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à la réputation autrement moins flatteuse que celle du directeur.
En attendant d’assister à de concrètes avancées, le mouvement de grève est reconduit à Chambéry. Le personnel est assigné, donc le service fonctionnera 24h/24 et 7 jours/7, mais le mardi matin, le temps d’action, de 9h à midi, sera reconduit, devant le CHMS.  Une grève qui, rappelons-le, a pour objectif de :   – retrouver des soins de qualité pour les patients, réalisé par un personnel disponible, à l’écoute, et bienveillant qui aurait le temps d’expliquer les soins, rassurer les patients et travailler en sécurité. – diminuer le temps d’attente des patients au sein des urgences afin de diminuer le stress, l’insécurité des patients et des soignants ainsi que le mal-être de ceux-ci – reconnaître la pénibilité mentale, physique et physiologique des personnels des urgences.
Une pétition nationale (Soutien aux services d’accueil des urgences) est en ligne (ici) et rassemble, au moment d’écrire ces lignes près de 42 000 signatures.

 

* L’hôpital d’Aix-les-Bains fait partie du CHMS.

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