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Saint-Baldoph, après le déluge de grêle du 15 juin : « J’ai déjà mis 10 ans à me remettre de la sécheresse de 2003… »

Par Jérôme Bois • Publié le 25/06/19

Le 15 juin dernier, il était près de 16h lorsqu’un orage dantesque, aussi court que violent, a éclaté au-dessus de nos têtes savoyardes. Grêle, bourrasques, pluie, juste de quoi démolir des mois de travail pour la plupart des exploitants agricoles. L’un d’eux a bien voulu nous expliquer le phénomène, rare, et ses conséquences sur son activité.

Des vignes laminées par un véritable hachoir.

Les canons anti-grêle faisant toujours polémique – en témoigne cette pétition, lancée il y a deux ans, visant à les interdire – les agriculteurs se sont retrouvés sans défense, samedi 15 juin, lorsque le ciel leur est tombé sur la tête. Et pourtant, Willy, exploitant viticole, gérant du Cellier des Chênes à Saint-Baldoph, l’assure, « ce phénomène était prévu depuis le samedi midi, il était de toute façon impossible de savoir si les moyens de lutte habituels allaient fonctionner ». Un nuage, qui s’était vidé au-dessus de Romans, avait pris soin « de se recharger en survolant la Chartreuse ». L’alerte était donnée, il ne restait qu’à attendre et espérer sa clémence.

Comme un hachoir

« En 23 ans » , renchérit Willy, « je n’ai jamais connu ça. Mon père, depuis 45 ans, non plus ». Des vignes détruites, des champs ravagés… Sur les 5,5 hectares de son exploitation, seul 1,5 a été -relativement – épargné, la production de rosé est d’ores et déjà perdue. « Les vignes sont bloquées, les bois ont été hachés par la grêle. Il faut se rendre compte que les grêlons n’étaient pas si gros mais petits et resserrés : ils ont alors agi comme une râpe à fromage ». Il ajoute, fataliste ne pas savoir « si les vignes vont repartir ». « Quand le cycle de la vigne va-t-il repartir ? On doit continuer à les entretenir, il faudra attendre une quinzaine de jours avant de savoir… » En somme, l’essentiel est que la vigne refasse des feuilles pour que la photosynthèse s’opère et pour que la plante produise ses réserves. « Mais y’en aura-t-il assez pour prévoir une récolte l’année prochaine, on ne sait pas ». A l’inverse des gelées d’il y a deux ans, qui les avaient passablement abîmées, les vignes avaient pu repartir et donner énormément de raisin l’année suivante

6 millions d’aides de la région

Les assurances, dans tout ça ? « Elles ne vont rien faire » , s’amuse-t-il. « Les multirisques agricoles prennent les dégâts matériels en charge. Pour la grêle, des assurances spécifiques existent, elles coûtent cher ». La demande de catastrophe naturelle ne résoudra rien, « les dédommagements bénéficient principalement aux particuliers. Je n’étais pas assuré contre la grêle, j’assume totalement ». Une reconnaissance de calamité naturelle* aurait un tout autre retentissement.  Au final, Willy pense perdre autant qu’en 2003, année dont il avait mis « 10 ans » à se remettre. « 2003, c’était vicieux, on parlait de toutes les victimes mais pas de nous ». Heureusement, Willy a son magasin. Et l’hectare et demi qu’il lui reste. En visite en Savoie, le 20 juin, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne Rhône-Alpes, a promis un fonds d’urgence de 5 millions d’euros pour venir en aide aux sinistrés. Et 1 million supplémentaire en faveur des viticulteurs. Ça ne servira probablement pas à sauver ce qui a été perdu, ni à renflouer le manque à gagner « mais il a fait le job, ce que l’on attendait de lui ». C’est déjà ça.
L’arrêté de reconnaissance du caractère de calamité agricole est pris par le Préfet, il est publié en mairie. Les exploitants ont alors 30 jours pour présenter une demande d’indemnisation à la DDT. Ils sont indemnisés par le Fonds national de gestion des risques en agriculture. Pour en bénéficier, les pertes doivent être au moins égales à 30 % de la récolte et à 13 % du produit brut d’exploitation.

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