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Aix Football Club : la municipalité doit de nouveau mettre la main à la poche, des élus dénoncent une gestion opaque

Par Jérôme Bois • Publié le 01/07/19

De subventions exceptionnelles en sauvetages périlleux, l’Aix FC poursuit son long calvaire financier et sportif. Une nouvelle obole vient d’être votée par le conseil municipal, celle qui doit permettre au club de combler son trou. Sauf que les élus demandent désormais des comptes…

35 000 qui font suite à une précédente subvention exceptionnelle de 50 000 euros, en 2017, c’est peu dire qu’Aix FC compte plus que jamais sur la générosité municipale – et donc des Aixois – pour survivre, depuis maintenant 4 ans. Depuis la prise en main de Jean-Max Nadaud. Depuis le départ précipité de l’ancienne direction, conduite par Franck Dunoyer, qui était parvenue, au passage, à conduire le club en CFA 2. Une autre époque. Jeudi 27 juin, le conseil a accepté une nouvelle aide de 35 000 euros, donc…

Un problème structurel

Depuis, un projet de développement qui devait conduire l’Aix FC en CFA d’ici à 2020 a pris l’eau* et le club ne parvient plus à écoper. La fronde d’une partie du bureau avait contraint Franck Dunoyer à partir**, le déficit n’a fait qu’empirer. Ainsi donc, il reste 35 000 euros à éponger, ce sera chose faite, les élus aixois ayant fait contre mauvaise fortune bon cœur. Car André Gimenez (Aix notre ville) n’y est pas allé de main morte : « Quand quelqu’un a faim, on ne lui apporte pas du poisson mais on lui apprend à pêcher. J’ai voté cette subvention mais je n’approuve pas le geste. Il y a, dans ce club, un problème structurel dont je préfère ne pas parler ». « On ne souhaite pas perturber l’activité du club » , poursuit Dominique Fié (Unis & citoyens pour Aix-les-Bains), « mais je rappelle qu’on ne se contente pas de régler un petit problème ponctuel, il n’est pas seulement question du non-paiement de licences, comme le justifie le club, nous devons connaître sa situation exacte ». Des propos sibyllins, lourds en sous-entendus.

Pour faire simple, on soupçonne Aix FC de verser quelques indemnités à des joueurs, pratique à la fois courante et risquée, pour attirer de nouveaux éléments, ou bien pour les conserver. En Haute-Savoie, une gestion similaire avait conduit Annecy FC, alors en division 2, à sombrer corps et biens, au mitan dans années 90. « Car les licences, ça ne pèse pas assez lourd pour atteindre des déficits de ce type » , ajoute André Gimenez. « Et des subventions spéciales pour aider les parents existent ».

J-M Nadaud : « On ne verse rien à qui que ce soit »

Evidemment, par la voix de son président, Jean-Max Nadaud, le club s’en défend : « On ne verse rien à qui que ce soit. Il est clair que nous faisons de gros efforts pour sortir la tête de l’eau, au niveau budgétaire. Cela commence par parvenir à faire payer toutes les licences ». Le club est reconnu comme une association sportive mais pas comme une association à visée sociale« , se désole le président.

Ainsi, il compte 425 licenciés, a développé une section féminine et travaille sur le sport adapté « Comment fait-on avec ceux qui ne peuvent payer ? On les met dehors ? Au-delà de la licence, il y a les équipements à fournir, les trajets, etc On fait des efforts dans tous les sens ». Des arguments qui n’ont pas convaincu, encore, les élus, notamment ceux de la minorité « Et pourtant, nous avions, en 2016, un passif de 100 000 euros à combler, on parvient péniblement à 0 grâce à la présente subvention, on ne peut pas faire l’impasse sur ces efforts de gestion ».

Juin 2014, Aix FC accédait en CFA 2…

Un problème durable, caractéristique des clubs ayant également une vocation sociale, Aix FC accueillant de nombreux jeunes issus des quartiers de Lafin et du Sierroz.  «

« On ne va les pas aider sans arrêt »

La direction de contrôle de la gestion des clubs (DNCG) veille au grain, « elle a pu apprécier nos progrès » , soutient Jean-Max Nadaud, « les partenaires nous sont fidèles, ils sont entre 60 et 70 » , signe qu’Aix FC reste une solide entité. Néanmoins, il sera auditionné, sur demande des minorités politiques aixoises. « Nous devons expliquer la situation du club » , lance Dominique Fié. « On ne va pas les aider sans arrêt » , plaide Serge Gathié (RN). Renaud Beretti, en fin de débat, a abondé dans leur sens : « On ne peut pas mettre en doute la probité de Jean-Max Nadaud, issu du milieu bancaire, nous aurons effectivement à suivre l’usage qui sera fait de cette subvention, j’accède donc à la demande d’André Gimenez » , qui avait réclamé qu’une commission soit créée afin d’auditionner le club. Et peut-être qu’on saura, alors, ce qui se trame réellement à l’intérieur du club depuis tant d’années…

Engagé en Elite Régional, Aix FC se contente aujourd’hui de bien figurer sportivement, à des années lumière de ses ambitions passées..

* En 2015, Pierre Sage, PDG d’Altis Groupe avait été missionné par les dirigeants de l’époque pour mener un audit sur les structures du club. Aix FC évoluait alors en CFA 2 et Franck Dunoyer souhaitait lui faire réaliser un bond en avant, en termes de structures, de finances et d’ambitions. En jeu, l’accession en CFA sur 5 ans. Hervé Renard, l’actuel sélectionneur du Maroc et Aixois de naissance, devait être le grand témoin de ce projet.

 

** En février 2016, Franc Dunoyer annonce sa démission, suite à une conférence de presse, durant laquelle il expliquera avoir un déficit de 80 000 euros à combler du fait de la défection de certains sponsors. Les relations avec l’entraîneur, Patrick Palumbo, s’étaient détériorées en décembre 2015 en marge d’une rencontre face à l’Île Rousse et dès lors, le projet CFA prenait du plomb dans l’aile. Pour certains observateurs, la place d’historiques du club était menacée, l’arrivée de Hervé Renard, perçue comme une menace.

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