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Conseil municipal de Chambéry : une autre idée de la guerre froide…

Par Jérôme Bois • Publié le 16/07/19

La séance reportée du conseil municipal a bien eu lieu, dans un climat de tension puisqu’une manifestation dite festive se tenait place de l’Hôtel-de-Ville, au moment même où les maires de l’agglomération pénétraient dans la salle du conseil pour afficher leur soutien aux élus chambériens. Pas d’affrontement direct entre les deux parties, chacune s’en tenant à sa position et, ainsi, annihilant toute possibilité de débat.

Une vingtaine d’élus des communes de l’agglomération en soutien des élus chambériens.

En géopolitique, on appellerait ça une guerre larvée, principale caractéristique de la guerre froide, notamment. Un affrontement entre deux rivaux, bataille idéologique et verbale, sans opposition directe. Une guerre de sape.

Chants et tambours sous les fenêtres du conseil

Lundi 15 juillet, dès 18h, un rassemblement citoyen dit festif, déclaré en Préfecture, se tenait place de l’Hôtel-de-Ville, à quelques minutes de la séance du conseil municipal, reporté d’une semaine pour les raisons désormais bien connues des Chambériens (lire notre article du 9 juillet). Une première vingtaine de personnes déployaient affiches et banderoles de fortune avec des messages clairs, à la fois sur les circonstances du drame qui a touché la famille Bey et sur les responsabilités de chacun. Florilège : « Lakhdar est mort le 3 juillet 2019. Pour lui, sa femme, ses enfants, sa famille, pour tous les cuicuis sans abris et pour que le droit d’avoir un nid ne reste pas une utopie ». « Crevé juste pour garder son nid, crevé juste pour un nid taudis, crevé juste pour garder son nid, crevé pour protéger cuicui ». « Méditez, c’est vous, les cols blancs, jaunis de fiel avec le temps, car votre cœur est tant amer qu’il crèv’ra seul en s’essoufflant ». Un chœur, des tambours, quelques clameurs se firent entendre par alternance, très nettement lorsque démarra la séance. Les portes de la mairie restaient closes, il fallait passer par l’arrière de l’édifice pour accéder en salle du conseil. Une simple porte, bien gardée au demeurant. Vers 18h30, la foule s’était largement densifiée, place de l’Hôtel-de-Ville…

Des manifestants festifs et pacifiques.

« On sera derrière vous »

Cependant, au 2e étage de la mairie, une tout autre scène se déroula sous nos yeux, celle d’une vingtaines de maires et d’élus de chaque commune de l’agglomération réunis en signe de soutien aux élus chambériens, molestés une semaine plus tôt. A l’initiative de Daniel Rochaix, maire de Sonnaz. Tous étaient massés dans le bureau de Michel Dantin : « On a le droit de s’invectiver, de s’expliquer mais on n’a pas le droit de casser. Nous sommes tous garants de nos institutions, on peut s’exprimer en silence, sans violence. On sera derrière vous, on aura affiché notre solidarité envers tous les élus chambériens, quelle que soit leur étiquette ».

Le maire de Chambéry se déclara « touché ». « Ce qui nous lie », poursuivit-il, « c’est cette atteinte à la démocratie, ces images qui montrent la violence qui monte. Ce qui est arrivé à mes élus est intolérable ». Puis, tous entrèrent en salle du conseil, garni jusqu’à ras bord par un public de soutien. De nouveau, le maire s’exprima en préambule : « Il s’agit de la 57e séance du conseil de cette mandature, une nouvelle fois, lors de la 56e, j’ai dû faire appel à la police nationale. J’ai été habitué à la violence de certains propos, à la calomnie mais jamais à la violence physique. Je me souviendrai de ce geste » , s’adressa-t-il aux différents maires, « cela vous honore ». Il précisa avoir pris ses dispositions entre demandant la démission de Mustapha Hamadi, coupable de propos « inadmissibles » sur les réseaux sociaux (lire notre article du 11 juillet).

Les chiens, une décision « radicale »

Mais cette solidarité entre élus n’a pas pour autant convaincu les minorités à commencer par Jean-Pierre Ruffier, doyen du conseil : « Nous condamnons ce qu’il s’est passé, certes, mais un homme est mort, était-il utile de mener une sorte d’instruction à charge ? J’aurais préféré un temps de… de recueillement éventuellement, de reconnaissance, surtout ». toutes les formes de récupération politicienne « sans viser qui que ce soit en particulier.

Il condamna par ailleurs « l’intervention de la police » et la présence des chiens, « une décision assez radicale ». Même son de cloche chez Henri Dupassieux, « courroucé » par certains propos consécutifs aux événements de la semaine passée. « Il y a les événements mais le reste n’a pas de lien, y compris votre réquisitoire contre des mouvements citoyens respectables. Quant aux violences, elles ne sont pas venues que d’un seul côté. Qu’est-ce qu’on appelle violence ? ». Il conclut par une tirade modérément appréciée dans la salle : « Pas sûr que les policiers aient une bonne formation sur la façon d’intervenir pour que ça se passe le plus pacifiquement possible ». « Au secours » , entendit-on dans la salle… Josiane Beaud, en l’occurrence, n’avait que peu goûté à la remarque.

Pendant ce temps, au dehors, les chants s’intensifiaient…

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