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Courses hippiques : est-il dangereux de faire courir les chevaux en période de canicule ?

Par Laura Campisano • Publié le 26/07/19

Avec des températures qui avoisinaient les 40 degrés à l’hippodrome d’Aix-les-Bains, les courses de trot attelé ouvertes aux « paris mutuels hippodrome » (PMH) ont vu leur départ décalé à 16h30 au lieu de 14h, pour le bien-être des athlètes: des chevaux entraînés pour les courses hippiques, qui avaient fait le déplacement pour les 7 courses de la journée. Des courses rapides, un turn-over important et des douches systématiques, entraîneurs et drivers sont aux petits soins pour leurs champions.
L’hippodrome d’Aix-les-Bains, le seul de Savoie, est vaste, verdoyant, mais entièrement en plein air… enfin quand il y en a. Jeudi 25 juillet, 15h30, on voit çà et là des chevaux, douchés au tuyau d’arrosage, s’ébrouer avant d’aller s’entraîner quelques minutes à peine pour se dégourdir les pattes avant les courses qui n’auront lieu qu’aux alentours de 16h30. Les visages ruissellent, les éventails s’agitent et les bouteilles d’eau fraîches circulent, tandis que du côté des écuries, au frais, à l’ombre, les chevaux attendent patiemment leur tour. Courir malgré cette chaleur ? Tout est prévu.

Une perte de poids importante et une récupération plus longue

Kévin Thonnerieux est un habitué de l’hippodrome d’Aix-les-Bains. Entraîneur et driver, avec sa compagne Marion, depuis Senos, entre Cavaillon et Salons-de-Provence, ils sont au rendez-vous chaque année depuis 4 ans, à tel point qu’ils possèdent même une allée à leur nom, où sont installés les boxes pour les dix chevaux, du côté des écuries. « Nos chevaux sont des athlètes, ils sont entraînés mais ont besoin de récupérer, en général trois jours après avoir couru. En période de canicule comme aujourd’hui, ils perdent quasiment 10% de leur poids total pendant les courses, ils ont beau faire 500 kg, ça reste important »,  souligne-t-il, « alors le temps de récupération est plus long, cinq jours en moyenne, on leur pose des perfusions aussi pour les aider à récupérer leur masse. On les bichonne ». Aujourd’hui, comme dimanche 28, quand aura lieu le Grand Prix de Savoie, et lundi 29, il s’agit de courses de trot. 130 chevaux seront présents pour courir les trots (attelés ou montés) et 70/80 pour les galops, sur l’ensemble du meeting. Mais les chevaux ne sont pas les mêmes, compte tenu des conditions climatiques mais aussi du temps de récupération de l’animal. « C’est rare que les chevaux courent dans les mêmes meetings », précise Véronique Aymard, vacataire, qui prépare également les courses, ainsi que sa fille Alexandra. « Les entraîneurs viennent avec plusieurs chevaux, les animaux sont plus zen quand il s’agit de courses de trot de manière générale. Aujourd’hui, les entraînements sont très courts voire évités, les chevaux sont douchés avant, après l’entraînement, et aussi avant et après la course », renchérit-elle (cf, vidéo ci-dessous). 

En effet, très peu de chevaux sortiront avant 16h30 de leur box. Des contrôles vétérinaires obligatoires sont effectués avant la course, leur carnet de propriété contenant leurs vaccins déposés à l’enregistrement, les chevaux pucés, tout est contrôlé. Des mesures de précautions indispensables, préventives, avant tout.

Décaler l’horaire d’une course: une décision régionale


Pour Hélène Michelier, vétérinaire et éleveuse au haras du Murger à La Motte-Servolex, aménager les horaires des courses est une très bonne idée. Elle-même est très attentive au bien-être de ses chevaux. « En période de canicule, on effectue les sorties dès 6h du matin, l’idée est d’être revenu pour midi. Au sujet des courses, les décaler c’est bien. On continue de travailler, malgré les grosses chaleurs, aménager les horaires, c’est amplement suffisant », précise-t-elle. Dans son haras, des aménagements ont été prévus, pour que les chevaux soient dans les meilleures conditions. « Les éleveurs tiennent à leurs chevaux, on fait tout pour que leur existence soit agréable. Chez nous, le sol du manège est arrosé, on a installé la ventilation et des brumisateurs dans les boxes, les toitures sont isolées… Nous sommes attentifs au bien-être du cheval, c’est normal. En réalité, si nous supportons la chaleur, les chevaux la supporteront aussi ». Décaler une course hippique ? Bien que cela semble évident, c’est une décision qui ne peut toutefois pas être prise à la légère, comme le précise Martine Grosse, secrétaire de la société hippique d’Aix-les-Bains « Il fallait l’accord au niveau régional et celui du Cheval français, société qui gère les courses au trot. On a certes une liberté car il ne s’agit pas d’un événement national ou premium.
Mais quand c’est le cas, c’est à Paris que ça se décide et on n’a pas voix au chapitre. On peut les influencer, bien sûr en cas de force majeure, mais sans leur accord, on ne peut rien décider ». Quoiqu’il en soit, cette décision salutaire a été plutôt bien accueillie par tous, parieurs, spectateurs, entraîneurs, et visiblement, par les principaux intéressés, dont le bien-être est resté tout au long de la course la principale préoccupation. Ne dit-on pas d’ailleurs, « qui veut aller loin, ménage sa monture » ?

Les chevaux, dès la fin de la course, sont menés par leurs drivers à la douche après avoir été délestés de leur équipement. En véritables stars, ils sont acclamés par leurs supporters les plus fervents: les enfants. (cf vidéo ci-dessous)

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