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Lac d’Aiguebelette : le weekend « apocalyptique » a laissé des traces
Par Jérôme Bois • Publié le 30/07/19
Le coup de chaud n’était pas seulement perceptible dans le ciel, sur la terre ferme, les esprits se sont largement échauffés également. Les 29 et 30 juin, des milliers de visiteurs avaient gagné les rives du petit lac d’Aiguebelette, un afflux qui a dégénéré en plusieurs endroits. Depuis, un calme plat règne, comme si les professionnels en étaient encore à panser leurs plaies.
L’accueil de l’office de tourisme du lac d’Aiguebelette confirme des chiffres éloquents ; sur les quatre weekends qui ont suivi ce fameux weekend de fin juin, la chute de la fréquentation par rapport à 2018 est de l’ordre de 30%… On ne s’est donc pas rué vers le lac d’Aiguebelette, en juillet, les raisons évoquées sont nombreuses, à commencer par la mauvaise publicité faite au site après les débordements des 29 et 30 juin. Ce weekend-là, des estivants venant de Loire, du Rhône, d’Isère et du bassin chambérien affluent en bloc. « On parle de 17 000 personnes le dimanche, 12 000 la veille » , avance un gendarme, affecté à la surveillance de la plage du Pré d’Argent. La canicule et l’absence de beau temps durant la fin du printemps a vite conduit les gens à prendre d’assaut un lac qui n’était pas prêt à cela. « Deux phénomènes se sont cumulés » , témoigne Anne, de Vertes sensations, le prestataire en charge de la gestion de la base de loisirs à Nances, « la canicule et le traditionnel dernier weekend de juin, toujours chargé ». La tension est palpable, aux abords des lacs, les visiteurs sont refoulés, aux entrées, les esprits s’échauffent, « c’était l’apocalypse » , dira même Maud, de l’office de tourisme. « Nous avons arrêté les réservations téléphoniques pour éviter le phénomène de surfréquentation » , reprend Anne, « la gifle de fin juin, on la connaît, on la gère ». Mais tout le monde n’a pas pu.
Les riverains dénoncent « une invasion » et réclament des décisions drastiques
Sur les réseaux sociaux, les gens s’enflamment face à ces « surplus » de vacanciers, générant des incivilités de toutes sortes : « Ce lac est trop petit… Priorité devrait être donnée aux habitants du coin parce que des cars entiers arrivent de la banlieue lyonnaise… C’est une invasion mais personne ne bouge » , commente une internaute. « Habitant à Saint-Genix, on a bien vu le changement en quelques années. Les plages sont bondées… » « C‘est lamentable tout les weekends en été, c’est la même chose, ce lac est si beau ça fait mal au cœur de voir ça ». « Les locaux n’y mettent plus les pieds. On le fuit tout l’été. Il est urgent de prendre de réelles décisions et directives, pour le protéger, éviter les dégradations et je ne vous parle pas des incivilités » … Un florilège édifiant.
Jaloux de leur écrin, les riverains s’indignent en masse, les appels s’intensifient une fois le weekend passé : « Les gens nous appelaient pour savoir si le calme allait revenir, pour être rassurés sur la sécurité » , nous indique-t-on. Les 6 et 7 juillet, c’est le calme plat, les juillettistes ont pris la route, la chaleur modifie les comportements, « les gens ne sortent plus avant 17h ».
Ce premier weekend de juillet va finalement annoncer la suite. Car depuis, « c’est une saison pas terrible » , souffle Christelle. « Je pense que les articles écrits autour de ce fameux weekend nous ont fait du tort ». Argument repris à l’OT : « Les quelques retours de prestataires touristiques, ainsi que les appels téléphoniques de personnes inquiètes, nous laissent penser que les articles de presse focalisés sur ce weekend précis ont impacté négativement le secteur du tourisme du territoire du lac ».
Au camping Robert, on se dit presque « soulagé » de cette accalmie, « la clientèle actuelle est plus familiale, on préfère moins travailler et avoir une clientèle de meilleure qualité ». Depuis fin juin, les deux gérants de l’établissement avancent une année « équivalente » en termes de fréquentation.
« Il faut anticiper et faire confiance aux gens de terrain »
Pourtant, les gendarmes de la brigade de Pont-de-Beauvoisin, affectés à la tranquillité des estivants constatent une tendance déclinante : « Pour les professionnels, d’après ce qu’ils nous disent, c’est une année très moyenne » , comme si tout était apaisé. Pour ne pas dire anesthésié. Pour quelques-uns, les événements n’ont pas été gérés correctement : « Le poste provisoire n’était pas encore activé » , lance un gendarme. Anne s’insurge : « Les réservistes de la gendarmerie n’étaient pas en place, ils ont été déployés à la dernière minute alors que nous, professionnels, savions que ça allait chauffer. Il faut anticiper, faire confiance aux gens de terrain, on a besoin de plus d’échanges afin d’éviter que ça ne se reproduise ».
Le dimanche, lorsque tous les records de fréquentation ont été battus, les efforts conjugués de la communauté de communes du lac (CCLA), de la gendarmerie et d’Area ont permis de juguler les flux en bloquant la sortie d’autoroute vers le lac. Quant à l’intervention des gendarmes sur les différents sites, elle a également été collégiale, la Préfecture se tenant informée en temps réel de la situation. L’urgence avait été gérée, on saura, l’an prochain, si les circonstances l’exigent, si elle pourra désormais être anticipée.
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1 commentaire
Jean BAUD
20/11/2023 à 11:50
Bonjour
Je découvre votre journal par le biais d'un de vos articles : la surfréquentation du lac d'Aiguebelette.
Chargé de la rédaction du FAROU .°85 le journal de la FAPLA (Fédération des Associations de Protection du lac d'Aiguebelette) je suis souhaiterais publier certains passages de votre article. En vous citant bien sûr.
Je me suis inscrit par ailleurs pour recevoir vos info. et compte vous adresser une participation.