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Suite au décès de Lakhdar Bey, les joutes verbales dérapent, un élu boit la tasse…

Par Jérôme Bois • Publié le 11/07/19

Depuis lundi 8 juillet et la cacophonie municipale, une autre forme de cacophonie est apparue et a pris le dessus sur toute forme de raisonnement, plus verbale, véhémente, fleurie. Les dérapages et les sorties de route se sont multipliés jusqu’à atteindre, parfois, une forme de démence et d’indécence. Un ancien élu, aujourd’hui au NPA, et un membre du conseil municipal, qui a refusé de démissionner mais qui s’est vu retirer ses délégations suite à des propos injurieux, en ont profité pour régler leurs comptes, sans nuances.

Cela va-t-il finir en dépôt de plainte ? Cela va-t-il finir, tout court ? C’est peu dire que la mort de ce père de famille de 52 ans, suite à l’expulsion de sa famille d’un appartement de Bellevue a été une étincelle conduisant au braiser. Au plus fort de ce brasier, nous apprenions par le biais d’un communiqué du Nouveau parti anticapitaliste chambérien (NPA) et la plume de Laurent Ripart sur son profil facebook, mercredi 10 juillet, que les termes utilisés par l’élu de la majorité Mustapha Hamadi, sur un réseau social n’ont pas été du goût de tous. « Le NPA a décidé de réagir aux propos tenus par Mustapha Hamadi, conseiller municipal LR de Chambéry, qui a qualifié, au sortir du conseil municipal du lundi 8 juillet, dans un post public sur son compte facebook, notre camarade Laurent Ripart, ancien conseiller municipal, de » grosse m**** « qui » dès qu’il voit les flics se barre comme une sal*** «. De tels propos sexistes et homophobes sont inacceptables ».

Le maire retire ses délégations à Mustapha Hamadi



Le communiqué rappelle par ailleurs que, par le passé, Mustapha Hamadi avait déjà été épinglé pour des propos jugés tendancieux, qualifiés « d’antisémites » , dans le texte, en mars 2017. « Ils montrent » , souligne le communiqué, « à quel point la droite extrême qui dirige Chambéry est de plus en plus proche, dans son expression comme dans ses pratiques, de l’extrême-droite ». En conclusion, il est précisé qu’une plainte a été déposée mercredi 10 juillet, par Laurent Ripart, lui-même : « On peut comprendre que la perspective des prochaines élections municipales rende la municipalité nerveuse, puisqu’il lui faut rendre compte de son piteux bilan qui est massivement rejeté par la population. Mais il n’est pourtant pas acceptable que le maire et son entourage perdent ainsi leur sang-froid et puissent insulter impunément leurs opposants. C’est pourquoi, une plainte en justice a été déposée ce jour par Laurent Ripart ». Qui, dans un post sur facebook, avait clairement mis en cause la municipalité dans le décès de Lakhdar Bey, désignant le maire comme « l’auteur de l’expulsion mortelle ». 


En début d’après-midi, jeudi 11 juillet, nous apprenions qu’à la suite de ces propos, Michel Dantin a retiré ses délégations* (politique de la ville, action sociale, notamment) à Mustapha Hamadi. Quant à sa demande de démissionner, elle est restée lettre morte. En effet, pas question, pour autant, pour ce dernier de plaider coupable. Au contraire, il avoue « tout assumer » , spécifiant n’avoir « cité personne. Si des gens se sentent visés, tant pis ». Il réfute par ailleurs avoir usé de termes « homophobes » mais réaffirme qu’ils « se sont comportés comme des sal**** ». Mustapha Hamadi s’en explique : « On se fait insulter, piétiner, bousculer, en pleine séance, ça m’a mis hors de moi : on sait qui sont les meneurs Une femme agent de police a été bousculée.
Ces échanges musclés en séance ont eu tendance à éclipser le drame, chacun se renvoyant la balle de la responsabilité. » Près du stade Coubertin «, poursuit l’élu,  » il y a un bungalow, vers lequel on passe le permis de conduire. Une famille hongroise vit là-bas, personne ne se soucie d’eux. Tous les jours, je passe les voir, je leur apporte de l’eau, je n’y ai jamais vu qui que ce soit de l’extrême gauche. Peut-être faut-il attendre qu’il leur arrive un drame… « 

« Des élus ne m’adressent même plus la parole »



Si, à Bellevue, tout a été fait pour tenter de reloger la famille Bey (lire notre article), Hamadi accuse les manifestants « de se servir d’un drame à des fins politiques. S’ils veulent aider la famille, ils peuvent aussi les loger chez eux ». 

Connu, donc, pour avoir le verbe fleuri, sur les réseaux sociaux (lire ci dessous), ce que Mustapha Hamadi reconnaît volontiers, il déclare « y aller franco verbalement quand eux y vont franco physiquement. J’étais très en colère, outré par cette violence qui surgit à chaque sujet ». Mais encore une fois après mars 2017, les mots auront eu raison de la patience du maire.
Lundi 15 juillet, la séance du conseil municipal, annulée, se tiendra normalement, salle du conseil. Que faut-il craindre ? « Des débordements similaires » même si le conseiller n’y sera pas, en vacances. Quant aux nombreuses manifestations de soutien dont il a fait l’objet, elles viennent le conforter dans le bien-fondé de sa réaction en dépit de la sanction qui vient de tomber : « Suite à mes déclarations passées, des élus des minorités ne m’adressent plus la parole, ne me disent plus bonjour. Ces gens, qui nous agressent et nous bousculent, je les appelle des fachos de gauche parce que pour eux, un arabe doit forcément être de gauche, ce que je ne suis pas. Mes soutiens ont proposé d’organiser une contre-manifestation le 15 juillet, je le leur ai déconseillé ». 
Seulement, aujourd’hui, comment éteindre un brasier qui a pris des proportions échappant à tout contrôle ?

* Mustapha Hamadi reste simple conseiller municipal sans délégation

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