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Chambéry : Mustapha Hamadi règle ses comptes avec les manifestants du 8 juillet… et avec Michel Dantin

Par Jérôme Bois • Publié le 02/08/19

Le conseiller municipal Mustapha Hamadi a publié, jeudi 2 août, un communiqué dans lequel il justifie ses écrits controversés, sur son réseau social de prédilection, suite aux débordements du 8 juillet en séance du conseil municipal. Il souligne même avoir appris les sanctions qui lui étaient infligées par le maire par voie de presse. La saillie d’un homme en colère.
Un homme est mort. L’intitulé du droit de réponse émis par Mustapha Hamadi interpelle. Parle-t-il de lui ? Possiblement. De Lakhdar Bey ? Plus sûrement. C’est de ce décès que découle la disgrâce de celui qui n’est plus aujourd’hui que conseiller municipal, sans délégation, après qu’elles lui ont été retirées par son maire. A travers ce droit de réponse, c’est tout le monde qui en prend pour son grade.

Des manifestants « grisés par une haine relayée par des leaders cachés »

S’adressant à ses collègues et amis – qu’il dit nombreux – l’élu, dans un premier temps, rappelle des faits, que personne n’a réellement oublié, un mois après ((lire notre article en date du 9 juillet) : « Un groupe d’agitateurs, composé d’éléments identifiés et généreusement violents, a fait irruption pour nous interpeller sur les circonstances malheureuses qui ont, hélas, vu un homme mourir sous les yeux de ses proches et de ses voisins ». Une mort qu’il juge être « l’aboutissement de multiples facteurs, parmi lesquelles la faillite d’un système qui non content de s’intéresser aux causes punit sans vergogne les conséquences. Cette absurde mais pas moins écœurante situation doit nous inciter à nous pencher avec beaucoup plus d’humanité sur le sort réservé aux gens laissés à l’abandon, méprisés ou ignorés selon que l’on soit de telles ou telles sensibilités est l’expression même de l’infâme contexte sociétal dans lequel nous baignons ». Un parti pris courageux, pas très éloigné, du reste, des revendications des manifestants, bruyamment exprimées et réprimées le 8 juillet. Cependant, Mustapha Hamadi attaque de nouveau ces derniers au napalm, qui « non contents d’avoir violemment pris à parti les élus, grisés par une haine largement relayée par des leaders cachés, s’en prennent également à nos policiers. Ces mêmes personnes qui dénoncent la violence faites aux femmes ne se privent pas d’en user ». C’est au titre de la « liberté d’expression » que l’élu a rédigé ce droit de réponse dont la suite a été richement assaisonnée, « cela signifie que vous pouvez parler sans craindre d’être condamné ou d’être accusé de la violation de la loi du pays ».

« J’ai eu la surprise de recevoir un sms du maire m’ordonnant de démissionner… »

C’est donc après que les choses se corsent. « J’ai utilisé un terme assez familier* voire injurieux, sa définition désigne une attitude, un comportement vil, sale, qui inspire de la répugnance. Je souligne ici que je méprise le comportement dont je viens de donner une courte définition et non une personne en général (lire notre article en date du 11 juillet) ». Le retour de bâton ne s’était guère fait attendre, deux jours après parution de ces virulents propos : « Suite à ce post, j’ai eu la surprise de recevoir un sms de Monsieur le maire Michel Dantin m’ordonnant de démissionner. Je suis persuadé que seule la lecture du quotidien local a motivé sa décision ». L’élu refusera de quitter ses fonctions, « comme il est de mon droit de résister, je n’ai pas eu ni de convocation ni d’écrits éventuels pour m’inviter à justifier mes propos. Au contraire, c’est par la presse locale que j’ai vu mon portrait diffusé avec des sanctions sans que j’en sois informé , annonçant le retrait de mes délégations et de ma mise à l’écart sans autre forme de procès ». Précisant que le courriel et la lettre recommandée sont arrivés bien après. 

Michel Dantin l’avait rattrapé « par les cheveux » il y a deux ans

Il conclut sa diatribe par une charge lourde de sens sur « ces hommes politiques qui n’hésitent pas à vous draguer pour obtenir vos soutiens quand vous en avez pour servir leur dessein pas toujours glorieux et vous jeter en pâture dès qu’ils sentent poindre l’air d’une future défaite électorale » tout en soulignant au besoin que « Michel Dantin est un bon maire ». Ce dernier appréciera.  Du reste, la réaction de Michel Dantin à ces écrits laisse deviner des lendemains moins chantants : « Il avait fait une première connerie il y a deux ans, je l’ai rattrapé par les cheveux ; il y a eu depuis d’autres dérapages, je lui avais alors demandé de prendre ses distances avec son réseau social » , s’agace-t-il. « Je ne souhaite pas polémiquer, il a refusé de démissionner, il reste donc conseiller municipal jusqu’au terme de cette mandature, je lui ai retiré ses délégations, je ne peux pas démissionner quelqu’un d’office ». La cohabitation s’annonce néanmoins difficile. « Je regrette tout ce qui s’est passé mais je constate que les mises en garde n’ont servi à rien. Je rappelle qu’un élu n’est plus un citoyen comme les autres, il doit s’en tenir à une certaine tenue » , conclut le maire.
Tout ceci  ne peut faire oublier que ces turbulences sont nées du décès d’un homme, père de famille, en situation précaire. Ce que Mustapha Hamadi pointe, en guise de conclusion : « Cet homme est mort et au jour où je rédige ce texte, jeudi 1er aout 2019, il n’a pas encore eu de sépulture ; qui s’en souvient ? Et qui s’en soucie ? » 

* Mustapha Hamadi avait écrit que l’un des meneurs de la manifestation « s’était barré comme une petite sal*** » à la vue « des flics » , un meneur qu’il avait qualifié de « grosse mer** ».

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