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Urgences en crise : ça patine à Chambéry, ça avance à Thonon

Par Jérôme Bois • Publié le 07/08/19

Les services des urgences des deux Savoie ne sont pas tous logés à la même enseigne : ainsi, à Thonon-les-Bains, la direction des hôpitaux du Léman s’est entendue avec le personnel autour de l’ajout de moyens humains. Alors qu’à Chambéry, direction et personnel demeurent dans une impasse, avant un probable coup de force en septembre.

Les services boivent la tasse, pour la plupart, la faute à un manque de personnel.
Une astreinte infirmière de 5h à 3h, un poste d’aide-soignant supplémentaire par jour, pas de nouvel agent de sécurité mais un dispositif de protection des travailleurs isolés en création et une réflexion sur plus de présence des agents de service hospitaliers, voilà de quoi satisfaire a minima le personnel des urgences du CHAL, qui s’était greffé au mouvement national début juillet. Ajoutez à cela la demande de réfection des locaux, vieux de 15 ans, sous-dimensionnés (de 20 000 passages, on atteint désormais le chiffre de 35 000), compte tenu de la subvention de l’Agence régionale de la santé (1,5 millions d’euros), à Thonon-les-Bains, l’optimisme est plutôt de mise. Ce protocole sera évalué fin 2019, « la direction a été à l’écoute » , souligne Paul Tedesco, secrétaire adjoint de la CFDT. Un bon point même si l’inquiétude porte sur le financement de toutes ces mesures. « Si l’enveloppe de l’ARS déshabille les autres services, ça ne nous conviendra pas. Les services de médecine générale et de gériatrie sont en souffrance » , précise Paul Tedesco. Rien n’est joué mais on avance, contrairement à Chambéry, au centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS), où les négociations sont dans l’impasse…

« On est au bout de nos possibilités »

Car en Savoie, « on est loin d’avoir obtenu ce qu’on voulait » se désole Bastien Reisler, référent infirmiers en soins généraux (IDE), « nous avons par deux fois rencontré la direction et une délégation accompagnée de la directrice des ressources humaines, ils nous ont proposé d’organiser des groupes de travail dès septembre afin de parvenir à une réorganisation des services ». Insuffisant. « Clairement, ils n’ont pas l’intention de réinjecter du personnel » , base des revendications des urgentistes (lire notre article du 5 juin). « Ils veulent faire de la réorganisation mais là, on est au bout avec les moyens humains dont nous disposons » , rappelle-t-il.
Conclusion, les négociations sont en stand by, les grévistes solliciteront de nouveau la direction pour un nouvel entretien*. « C’est d’autant plus dommage que dans la région, on voit que les choses avancent. Regardez à Thonon ! Et à Annecy, ils ont obtenu de nouveaux effectifs et un agent de sécurité la nuit, 7 jours sur 7 ; à Lyon, ils ont aussi gagné des effectifs, nous rien, sinon des brancards neufs » , déplore Bastien Reisler.

Le mouvement se poursuit de partout

La dernière réunion, le 1er juillet, n’avait « rien apporté de plus » , confirme Patrick Chaffard, de la section chambérienne de la CFDT. « La direction travaille sur des pistes, depuis le début d’année, on a eu du personnel supplémentaire, 6 postes en tout depuis un an mais l’essentiel des revendications** n’est pas entendu ». L’absence d’un adjoint administratif de nuit affecté au service des urgences devrait néanmoins, selon lui, être compensé « car l’actuelle adjointe doit gérer l’administratif de la nuit mais aussi les reliquats du jour » … Même espoir pour le poste de brancardier de nuit espéré par le SMUR.

Au 26 juillet, 207 services des urgences touchés par la grève. @visactu.com
Quoi qu’il en soit, le mouvement se poursuit, chaque mardi, une délégation manifeste aux portes du service des urgences tandis qu’à Thonon, le mouvement continue « en soutien » aux collègues de l’Hexagone, explique Paul Tedesco.  La pétition de soutien aux services urgentistes, lancée il y a 5 moins, atteint désormais les 104 755 signatures et surtout, des dizaines de nouveaux services se sont greffées au mouvement national : au 26 juillet, ils étaient 207, les chiffres ont vraisemblablement grossi depuis (voir infographie ci-contre).
* Contactée, la direction du CHMS n’a pu nous répondre dans les délais. ** Le personnel gréviste réclame, depuis mai dernier, un brancardier de nuit, un binôme infirmier-aide soignant de jour, un agent de sécurité pour les nuits, une secrétaire de nuit également, avec le souhait que le binôme de renfort intervienne sur 10h et non 9. Enfin, un aide-soignant supplémentaire est espéré, la nuit. Par ailleurs, les syndicats (sauf la CFDT) demandent que les heures supplémentaires ne soient plus payées en fin d’année mais au terme de chaque mois.

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