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A Chambéry, regain de passion pour les commerces de proximité

Par Laura Campisano • Publié le 13/09/19

Un vent de fraîcheur souffle sur les commerces de proximité ! Prise de conscience écologique, changement des modes de consommation ou regain d’affection pour les marchés de la part des consommateurs, quoiqu’il en soit, d’après une étude menée par l’Association « Centre ville en mouvement » et réalisée par l’institut CSA pour Clear Channel, parue en juillet 2019, on constate un franc retour des consommateurs vers leurs centre-villes, et Chambéry ne fait pas exception.

Les marchés et les commerces du centre de nouveau prisés


« Les gens en ont marre de voir des centre-villes qui se ressemblent tous, avec des enseignes identiques, sans couleur et sans goût ! A Chambéry, au moins, le centre-ville a une âme ! » Ce point de vue est celui d’un poids lourd du commerce chambérien. Avec 15 boutiques rien qu’à Chambéry, Jacques Vuillermet semble assez enthousiaste, quant à l’attractivité du centre ville dans lequel il officie depuis de nombreuses années. « Avant on allait en ville pour faire du shopping aujourd’hui, les gens ne veulent plus qu’on leur impose un mode de vie. Ils vont en ville pour se promener, pour rencontrer des amis, pour flâner, manger un bout et éventuellement acheter quelque chose mais moins pour faire les boutiques », constate-t-il. « Il y a un redémarrage, un côté » vivre à la française «, c’est une tendance générale que nous constatons dans les commerces d’habillement, là on est plus dans la surconsommation, on est sur le bon vivre, et ça va se généraliser d’ici quelques temps » ,conclut ce commerçant chevronné. 
Et en effet, on constate bien un retour général à la consommation locale, à privilégier les marchés, pour rencontrer les producteurs locaux, au marché bio du jeudi, on se laisse tenter par les Halles, ouvertes tous les jours. Un peu comme on peut le constater dans d’autres villes comme Lille, avec ses Halles de Wazemmes et ses commerces de bouche très fréquentés, les commerces de Chambéry regagnent petit à petit le cœur de leurs habitants. Selon le baromètre paru en juillet 2019 par l’association Centre-ville en mouvement, 78% des français fréquentent leur centre ville au moins une fois par semaine et 72% sont fortement attachés à leur centre-ville, en progression de 14 points par rapport au baromètre 2018. Toujours selon cette étude, les commerces de proximité sont plébiscités par 28% de la population et 35% pour les marchés, qui enregistrent une progression de 2 à 4 points en une année.
Des chiffres encourageants, pour Philippe Bard, adjoint au commerce de la ville de Chambéry, qui connaît les enjeux de cette dynamisation, principalement depuis la participation, à l’instar de 222 villes en France, de Chambéry au dispositif  « Action cœur de ville », qui permet à la cité des ducs de bénéficier d’un accompagnement pour développer le centre ville, lutter contre la vacance commerciale et travailler également sur l’habitat, car les deux notions vont de pair. « Les grands piliers du dynamisme de centre-ville sont simples : il faut que le centre-ville soit propre, qu’il soit sécurisé, qu’il soit adapté aux piétons et qu’il y ait des stationnements, pour faire venir les gens en ville », précise l’élu, « on sait que tout doit être concentré, pour que ce soit proche des gens, on vient en ville pour se promener et c’est aujourd’hui une évidence. C’est pourquoi nous travaillons sur des tarifs privilégiés (et gratuits le samedi après-midi à Château et Falaise, NDLR) pour permettre aux gens de rester plus longtemps et que l’on va passer à une signalétique moderne et connectée, avec un code couleur, qui devrait être prochainement installée », conclut-il.

L’accent mis sur la re-dynamisation de certaines rues, avec le soutien de la CCI


Le plan FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et les commerces) qui permet à Chambéry de bénéficier d’une somme de 200 000 euros sur 3 ans, est un partenariat entre le Département, la commune, les chambres consulaires et les unions commerciales pour cet accompagnement: modernisation, adaptation, opérations de promotion et d’animation commerciale, notamment. C’est ainsi que l’on a vu fleurir (et perdurer) des animations telles que l’apéro des locaux, les jeudis des foodtrucks, boulevard de la colonne, et les marchés des artisans, par exemple, qui contribuent au dynamisme et à l’attractivité du centre-ville de Chambéry.
Pour autant, chacun sait que ce n’est qu’un début, comme le souligne Xavier Laurent, directeur du projet de centre ville. « Il y a des actions à mener, tant sur l’habitat que sur la lutte contre la vacance commerciale pour permettre à la commune d’aider l’implantation de nouveaux commerces, avec des boutiques à l’essai et des boutiques éphémères, dont les loyers seront à des prix accessibles. Notre objectif, par exemple sur la rue Croix d’Or et la rue d’Italie, est un projet à 360° : une idée d’attractivité globale, faire venir de nouveaux habitants, qui fréquenteront les commerces de centre-ville en bas de chez eux, restructurer les immeubles, pérenniser la présence des nouveaux commerces etc. » Une sorte de cercle vertueux, le tout en plein… cœur de ville.
Car il est évident que le commerce ne peut vivre sans habitat, comme l’observe Stéphane Bizouard, commerçant chambérien et par ailleurs président de la commission commerce à la CCI Savoie. « Le constat est que la population a tendance à revenir en centre ville, pour plus de praticité des commerces, et que pour la première fois, on prend les choses de manière globale: on travaille avec les agents immobiliers pour pointer les faiblesses de certains quartiers et, par exemple, proposer tel local pour tel type de commerce, tout se fait de manière collaborative. » Ainsi a émergé l’idée de faire naître un « cluster » de magasins d’alimentation rue Juiverie, et de faire en sorte que d’autres enseignes s’y installent. 
Et pour y parvenir, rien de tel qu’une boîte à outils, ou plutôt à commerces, initiative de la Chambre de commerce et d’industrie de la Savoie, qui se développe actuellement à Chambéry, et a déjà démarré à Albertville, Frontenex ou Bourget-du-Lac. « C’est une forme de crash test, pour un porteur de projet commercial, qui va bénéficier d’un accompagnement, d’un » pool « de professionnels tels qu’avocat, comptable, etc, sur une année », reprend Stéphane Bizouard, « nécessairement, il va falloir voir plus loin que la devanture de nos commerces, ne pas se limiter à notre ville, mais plutôt prendre de la hauteur pour constater que notre territoire et Chambéry en particulier ne sont pas les plus mal lotis. (Pour mémoire, en matière de vacance commerciale, Chambéry s’en sort mieux que la moyenne nationale, puisqu’elle demeure sous la barre des 12% contre 12,3% en France selon un barème PROCOS édité en 2019, NDLR) Notre ambition est aussi d’accompagner les commerçants et les artisans dans leur démarche de digitalisation, leur démontrer qu’internet n’est pas seulement un concurrent mais également un outil, qui permet de très belles réussites. »

C’est un fait, il y a du potentiel à Chambéry, des tables réputées, des artisans primés, des produits qui s’exportent très bien, simplement parce qu’ils sont partie intégrante d’un territoire et que la ville cherche à s’adapter aux nouveaux modes de consommation des habitants et des visiteurs, venant des communes voisines. Une évolution permanente qui semble porter ses fruits, mais qui devra se poursuivre, principalement à l’approche d’échéances électorales: selon le baromètre du centre-ville précité, 21% des français pensent que la dynamisation des commerces est la troisième priorité pour les élections municipales, derrière la sécurité des biens et des personnes et le cadre de vie. Un réel enjeu, donc.

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