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Christian Saint-André : « Je ne me déclarerai pas officiellement tant que Michel Dantin ne sera pas rétabli »

Par Jérôme Bois • Publié le 27/09/19

Chambéry, place Saint-Léger, à deux pas de chez lui, à trois de son bureau, à quatre de la mairie, Christian Saint-André savoure la fin du mois de septembre, son mois, tant il aura été au centre de toutes les attentions. Deux semaines après l’annonce de l’intérêt de Thierry Repentin pour le fauteuil de maire, l’avocat reste malgré tout sur le devant de la scène médiatique. Pour la nouveauté et parce que la bagarre promet.
Premier épisode d’un long entretien avec le futur candidat issu de la société civile.
L’information était passée inaperçue et pourtant, elle existe : le 18 juillet dernier, le MoDEM diffusait, en toute confidentialité, une liste de 200 noms, 200 chefs de file dans 200 villes françaises. Parmi ces noms, Christian Saint-André. « C’est vrai, c’est passé un peu à la trappe, c’était en plein été mais oui, j’ai bien été nommé chef de file » , concède-t-il.
Ça tombe bien, on vous voit souvent prendre le café avec Patrick Mignola, président du groupe MODEM à l’Assemblée Nationale. Effectivement mais en réalité, nous nous voyons tous les samedis matins. Sur la place de la mairie, là où l’on sera vu, sans doute (il sourit). Il m’a affiché son soutien même si sa dernière sortie médiatique a quelque peu jeté le trouble*.
On lui prête une grande influence sur cette future élection. Il a son mot à dire sur les communes de sa circonscription (dont Chambéry fait partie, NDLR), c’est bien normal. Il dit partout qu’il me soutient, tout comme le MoDEM.
Et En Marche, dans tout cela ? Vous vous êtes affichés avec Esman Ergul, référent départemental… La réunion avec les chefs de file de l’UDI, du MODEM et du parti Radical du 16 septembre a-t-elle été concluante ? Oui, nous sommes retrouvés autour d’un projet commun, la République Ensemble. En ce qui concerne En Marche, la procédure est claire : le candidat sur une commune de plus de 9 000 habitants doit déposer son dossier auprès du référent, qui saisit les instances départementales, puis nationales. Le dossier remonte ainsi jusqu’à Paris (lire notre article du 16 septembre).

« Repentin ? Il ne dit nulle part vouloir être candidat »

Donc, dans un monde idéal… J’ai été auditionné par les instances locales, qui ont approuvé ma candidature à l’unanimité, d’où le communiqué de presse du 2 septembre**.
Mais… Vous allez me parler de Thierry Repentin…
Oui A ma connaissance, il n’a pas déposé de dossier, il n’a dit nulle part qu’il était candidat et en plus, il ne demande pas d’investiture à quelque parti que ce soit***.
Êtes-vous parti trop vite, trop tôt ? Car au final, vous n’êtes pas sûr, compte tenu de sa probable candidature, d’être investi. A 6 mois d’une élection, il est normal de se lancer, non ? Le MoDEM a communiqué en mon nom, En Marche Savoie a fait pareil, moi, je ne me déclare pas officiellement tant que Michel Dantin ne sera pas rétabli****.
Officieusement, vous l’êtes… Officiellement, non (il sourit, encore). Je serai bientôt candidat, on s’y prépare d’ailleurs depuis un moment, depuis plus d’un an, je n’ai plus aucun doute là-dessus.
Avec En Marche, alors ? Avec tous ceux qui me soutiennent. En Marche Savoie a statué, on verra à Paris, lorsque la commission nationale d’investiture aura rendu sa copie. Vous me parlez encore de Repentin (rires)…

« Je suis le seul à m’être déclaré »

Bien sûr… Et de Patrick Mignola. Il me soutient. Je souhaite avoir, avec moi, des gens qui vont d’une sensibilité Repentin à une sensibilité Dantin, c’est mon axe et je suis le mieux placé pour y parvenir. On ne peut pas le faire avec des gens qui ont un gros passé politique. J’aimerai être à l’origine de cette union sacrée. Et puis, je suis le seul à m’être déclaré. Je crois que les autres ont d’autres objectifs en tête, que Chambéry n’est pas une fin en soi, pour eux. Michel Dantin viserait l’agglomération*****, Thierry Repentin aussi… Je ne suis pas dans ce genre de demandes, je veux travailler à temps complet pour Chambéry, pour ma ville. Et d’ailleurs, j’ai l’intention d’imposer le non-cumul des mandats.
Comment ? Les personnes sur ma liste se concentreront uniquement sur Chambéry, j’y tiens.
Cela inclut-il l’agglomération ou seulement sa présidence ? Cela inclut l’agglomération, c’est une grande collectivité, il y a beaucoup à faire, ce n’est pas compatible avec la gestion d’une ville.
Il y aura tout de même des vice-présidents ? Oui bien sûr, le cumul, c’est la présidence, le Conseil départemental, la Région, la députation… Maire et président d’agglomération de Chambéry c’est bien mais comment fait-on avec un emploi ? Depuis 40 ans, le maire de Chambéry a toujours fait autre chose en plus d’être maire. Hormis André Gilbertas (maire entre 1997 et 2001, NDLR). Pierre Dumas a été député, Louis Besson, ministre, Bernadette Laclais, députée, Michel Dantin, député européen…
Et vous pouvez appliquer ce non-cumul auprès des élus locaux ? Pour moi déjà, oui, je peux. Et pour ma liste. Ça fait du reste l’unanimité. 
Votre liste est-elle prête ? Elle n’est pas constituée, nous sommes en phase d’élaboration, c’est le projet qui fera se dévoiler quelques talents. Il n’y a ni ordre ni fonction. Je crois seulement en la société civile. J’ai vraiment du mal avec le cumul. On parle d’emplois fictifs, ok, mais quid des mandats fictifs ? Comment la personne peut-elle tenir ses différents rôles ? J’aimerais qu’on m’explique.
En délégant… Oui, ce sont d’autres personnes qui font le job. Je suis aussi pour un nombre de mandats limité : deux, trois pas davantage.
Sauf que l’appétit vient en mangeant… Mes journées ne font que 24h.
Vous savez que vous allez prendre des coups ?
Bien sûr ! Mon projet va prendre des coups, je ‘ai aucune inquiétude pour autant, je dirais même que je m’en contrefous. Mon énergie, je la puise dès que je sors dans la rue. Depuis que la presse s’est emparée du sujet, plein de gens m’arrêtent, m’interpellent, « On a vu votre projet », me disent-ils… Ca donne une de ces énergies ! Le microcosme, je m’en contref… non, écrivez plutôt que je m’en moque…

Moins percutant…
Ok, bon, allez, disons contrefous (rires). Je ferai en tout cas tout pour le projet que nous sommes en train de bâtir !

Suite et fin de cet entretien, lundi 30 septembre
* Le député Patrick Mignola, dans un entretien accordé à nos confrères du Dauphiné Libéré et paru le 17 septembre, a expliqué vouloir s’attacher à un projet avant tout. ** Dans lequel En Marche Savoie annonce son intention de soutenir une liste sur Chambéry. *** Sur son blog, Thierry Repentin annonce vouloir créer un projet « susceptible d’entraîner un rassemblement très large, peut-être inédit sur Chambéry. Mais la constitution d’une liste n’est pas encore d’actualité ». Il affirme en outre « ne vouloir aucune » investiture. Enfin, effectivement, il n’a pas « officiellement » dit ou écrit qu’il serait tête de liste. 
**** Le maire de Chambéry vient de subir une double opération chirurgicale des yeux, il est actuellement en convalescence. ***** Lors de la cérémonie des vœux à la population, en janvier dernier, le maire avait déclaré que « c’est Chambéry qui à la primeur dans mon cœur ». L’annonce d’une éventuelle main basse sur l’agglomération n’a pas été confirmée.

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