Grand Chambéry : un « rassemblement solidaire » des forces de gauche se prépare pour les municipales de mars

Ce ne seront pas les premiers à tenter de se mettre d’accord: samedi 31 août, les forces de gauche et écologistes du Grand Chambéry étaient réunies, en vue de réfléchir ensemble à la possibilité de porter une liste unique aux élections municipales de mars 2020 à Chambéry… et peut-être dans d’autres communes de l’agglo, à l’instar de La Ravoire.
Première grande réunion pour toutes les forces de gauche – verts, insoumis, mouvement citoyen, génération-s et communistes – qui ont décidé de se présenter sous un même drapeau au suffrage de mars prochain à Chambéry. Dans le cercle, on pouvait aussi croiser des Ravoiriens, des Aixois, des Jacobins et même des habitants des Bauges et de Saint-Alban-Leysse, curieux de savoir si une union était réellement possible entre toutes ces forces « dont les points communs sont plus nombreux que les points de division ». 

Un rassemblement qui semble évident en théorie…

Guy Fajeau ne s’en laisse pas conter, sa longue expérience locale lui a appris que les arcanes du pouvoir ne se combattent ni à mains nues ni en ordre dispersé. Conseiller municipal d’opposition à Chambéry, il est dans ce projet de rassemblement un « citoyen, de gauche, qui adhère à Cap à gauche » et dont la volonté, point commun avec ses co-constructeurs de liste, est de proposer une autre politique au niveau des communes du grand Chambéry. « Notre démarche ne date pas d’hier, cela fait bien deux ans environ que nous l’avons amorcée, rassembler les forces de gauche dans un projet alternatif commun, avec de grandes orientations telles que la gratuité des transports publics et la possibilité de mettre en place une réelle démocratie participative où les citoyens seraient en mesure d’agir concrètement! » a-t-il indiqué en préambule de cette table ronde, au parc de Férozan, à Cognin, rapidement rejoint par Jean-Pierre Béguin, du mouvement Génération-s : « Ce qui doit nous fédérer tous ensemble au départ, c’est une notion de sincérité. Cela fait 18 mois que nous travaillons à ce projet qui peut nous éviter de nous reprendre une grande baffe aux prochaines élections, il faut donc pour cela être sincère, vraiment ». Partant d’un constat d’échec, il y a 6 ans, où des listes divisées étaient parties bille en tête avant d’exploser en vol, chaque force de gauche a bien été obligée de faire son introspection. C’est dans cet état d’esprit, que se réunissaient représentants et militants pour ce premier rendez-vous politique de rentrée. Une petite trentaine de personnes, dans une ambiance plutôt détendue bien que studieuse pour mettre au point une trame, un squelette de projet commun sans meneur ni menés, sur un pied d’égalité. Car avec l’émergence des contestations des Gilets Jaunes de ces derniers mois, le besoin de changement est palpable, et la tentation d’une liste composée uniquement de citoyens sans coloration politique peut faire peur. Dès lors, « comment être capable de décliner ces idées communes en programme convaincant et cohérent  s’est-on demandé en chœur ? Des propositions ont été faites, parmi lesquelles la possibilité de contrôle des citoyens en cours de mandat, davantage d’humain dans les rapports aux usagers, favoriser les transports doux et toujours l’idée de gratuité de l’ensemble des transports pour tous, en cohérence avec le mot d’ordre du programme: la solidarité. 

… mais qu’il faut cimenter pour proposer une liste à Chambéry et ailleurs

Bien sûr, la bonne volonté est au rendez-vous. Chacun vient avec ses croyances, son expérience du terrain, ses convictions et son envie d’agir pour une justice sociale et écologique. Chacun a espoir de présenter des listes rassemblées non seulement à Chambéry mais dans d’autres communes, « car le potentiel militant est fort, et ce n’est pas un gros mot », souriait Guy Fajeau. Surtout, on regarde de très près avec espoir le voisin Ravoirien où Gérard Blanc est tout près de réussir son pari du rassemblement pour la prochaine échéance municipale en portant avec d’autres forces de gauche et écolo, une liste commune « Eco-existons », solide, structurée, prête pour les six ans de mandat, pas uniquement le temps de la campagne. L’engagement citoyen et militant, ça doit durer.
Gérard Blanc, qui présentera avec ses co-listiers sa conférence de presse ce lundi 2 septembre en sait quelque chose. « Il est temps de changer nos façons de faire, pour éviter les deux gros écueils des élections municipales précédentes : l’abstention et la montée des partis d’extrême-droite, principalement dans une situation économique comme celle que nous vivons actuellement », a-t-il expliqué, « ce sera intéressant et assez exceptionnel comme campagne à La Ravoire, plus d’une liste, dont la notre, il va se passer des choses ! » Vivifiant, à les entendre.
Chez Génération-s, on voit bien que cela est possible à La Ravoire « alors pourquoi ce ne serait pas jouable aussi dans une ville comme Chambéry », surtout quand on repense à la poussée significative du vote écologiste au scrutin européen de mai dernier. (voir notre article du 31 mai) Comment redonner envie au citoyen de se présenter aux urnes alors ? Parle-t-on de pédagogie, de la place du citoyen lui-même au sein de la vie politique locale ? « Le citoyen est l’essence-même du débat, il faut l’inviter à s’engager, sa place est déterminante », a fait valoir Guy Fajeau, avant que chacun ne s’exprime: « Attention, les gens en ont marre des grands partis, pas de tous les partis, et surtout il faut se rappeler de cette élection de 77 remportée par une liste qui ressemble à notre projet, c’est donc possible à Chambéry » (Francis Ampe avait remporté le scrutin avec une liste de rassemblement PS-PCF-MRG, Ndlr) lance un participant. « Il faut se parler, même sans culture politique, simplement en agissant dans son quartier, comme on le fait, les uns avec les autres », martèle une autre, « et ne pas oublier les territoires ruraux », souligne Evelyne Niveaux, secrétaire de section du PCF des Bauges « Là aussi, il y a un travail à effectuer, il faut aussi pouvoir s’entraider dans ces villages, pour faire avancer ce projet commun ! » 

Reste à se mettre d’accord sur tous les points de programme, du RIC aux chartes du candidat mis sur la table par le mouvement citoyen, sans oublier de rappeler aux électeurs qu’en politique locale, ils sont d’abord invités à être acteurs, plutôt que consommateurs. « On peut se féliciter en tous cas d’avoir réussi à tenir une réunion commune sans tensions, on est nombreux et différents et c’est tant mieux »,  reconnaissait Marc Pascal, du Mouvement citoyen de Chambéry, en fin de débats. Nombreux, différents, mais soucieux de ne pas gommer leurs valeurs ainsi que leurs engagements. Un nouveau rendez-vous a été évoqué, pour affiner le programme, dans un mois. C’est donc officiel, la campagne a bel et bien démarré, à Chambéry et autour…