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Annecy : Antoine et Rémi, Lard majeur

Par Jérôme Bois • Publié le 11/10/19

Nichée chez Vinatis, spécialisé dans la vente de vin sur internet, la petite entreprise « Tête de Lard » est avant tout une histoire de potes, de rugbymen inspirés par les troisièmes mi-temps grenobloises et par la bonne chère. Naturellement, c’est vers la vente de charcuterie – sur le web – qu’ils se sont orientés.
Le terrain de rugby est un haut lieu de camaraderie, c’est bien connu, les valeurs de l’ovalie, les troisièmes mi-temps, le respect dans le combat, la virilité tout en correction… C’est aussi un endroit d’où jaillissent des vocations. Pas un rugbyman ne rechignerait devant un morceau de barbaque digne de ce nom. Devant un saucisson de derrière les fagots, il renâcle à peine. Ce n’est qu’évidence, donc, si Rémi Le Dû et Antoine Court, qui se sont connus sur les terrains grenoblois, trouvent dans cet état d’esprit matière à créer. « On a été inspiré par les repas canadiens qu’on organisait à la fin des matches » , confie Rémi. Vous savez, ces repas où chacun apporte une spécialité bien de chez lui. « Il y avait des îliens, des Sud-africains, des joueurs de toutes les nationalités. Nous, on arrivait avec notre charcuterie bien locale, nos fromages… » L’idée germe en même temps que les deux jeunes hommes déboulent à l’US Annecy.  Juin 2018, le championnat du monde de saucisson à Vanosc, en Ardèche (si, si…) les rapproche de leur but. « On s’est alors rendu compte qu’il n’existait pas de site majeur spécialisé dans la vente de charcuterie et proposant une palette assez large de produits régionaux » , rembobine Rémi. On y est, « Tête de Lard » émerge, Rémi et Antoine ne lâcheront plus leur concept.

Les Tanguy de Vinatis

Ils se rapprochent de producteurs du coin, élargissent ensuite leur horizon et font naître leur modus operandi : « Nous leur faisons une promesse d’achat, nous assurons la promotion de leurs produits et nous les vendons. Cette méthode permet au client de remonter la traçabilité du produit, de connaître l’origine de la viande et le processus de production » , précise Antoine. Leur société par actions simplifiée naît, elle s’appellera « Tête de Lard », Antoine et Rémi en seront les dirigeants-salariés. « Nous avions plusieurs noms et c’est un graphiste de chez Vinatis qui l’a trouvé, on l’a conservé ». Vinatis ? Cette entreprise de e-vente localisée au cœur du parc d’activité des Glaisins à Annecy-le-Vieux, de vin, où Antoine avait effectué son alternance. Les relations ont fait qu’elle héberge « Tête de Lard » dans ses locaux, gracieusement. « Nous sommes un peu les Tanguy de Vinatis » , s’amuse Antoine. « Ils nous prêtent leurs bureaux et les espaces de stockages ». Ce qu’ils perdent en visibilité directe, ils le gagnent en partenariats et en confort. En attendant…


« Tête de Lard » évolue sur deux horizons, la vente en ligne aux particuliers, partout en France, et l’événementiel, activité plus régionalisée. Sur cette dernière partie, les deux complices se mettent en scène : découpe de jambon, présentation des produits et conception de paniers garnis. Deux pratiques aujourd’hui à 50/50 bien que Rémi et Antoine espèrent voir la vente en ligne exploser, surtout à l’approche des fêtes de Noël.

Végétariens ? Non, flexitariens…

Ils se sont, pour cela, couplés avec 24 producteurs locaux (dont deux espagnols, des porcs de Salamanque aux vaches de Castilla y León) et proposent une gamme de 150 produits (une soixantaine au départ), entre charcuterie fine, d’exception, salaisons artisanales comme le jambon Serrano, sec d’Auvergne, Mangalitza,  saucisson au porc de Gascon, de taureau, des terrines, des magrets, du foie gras… « Nous nous attachons à un certain standing dans les produits que nous vendons », assure Antoine. De fait, lorsque les deux associés s’acoquinent avec le domaine de Saint-Géry, près de Cahors, dont le jambon a été élu meilleur jambon du monde en 2015, preuve est faite que la qualité régionale doit s’affranchir des frontières. Eux se chargent d’une large et nationale distribution « Nos clients recherchent une viande précise, une race de porc, sont prêts à manger moins mais de meilleure qualité. C’est la mode flexitarienne.* »  A l’aube des fêtes de fin d’année qui constituera le plus gros de leur activité, Antoine et Rémi trouvent leurs marques dans un environnement qui leur ressemble, fait de bons produits locaux, de terroir et de tradition. Des valeurs d’ovalie, sûrement…
* Mode alimentaire récente qui consiste à manger moins de viande et à choisir des produits de saison plus qualitatifs.

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