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Chambéry : Nadine Court, photographe de la – vraie – vie
Par Laura Campisano • Publié le 05/10/19
Ce petit accent québécois, ces grands yeux rieurs, cette patte dans la photographie noir et blanc, ce regard d’artiste sur les choses et sur les gens, Nadine Court les possède naturellement et les cultive avec passion. Discrète, elle est pourtant l’une des photographes les plus remarquables du bassin chambérien et encore, tout le monde ne l’a pas découverte. Nous, si.
La photographie, quand on décide d’en faire son métier, c’est d’abord un moyen d’expression, pour celui qui tient l’appareil. Nadine a rapporté ses objectifs en France il y a 20 ans, puis à Chambéry, depuis Jonquière, au Québec, à 500 kms au Nord de Montréal, il y a 12 ans. C’est l’amour qui la fait débarquer dans la cité des ducs et la photographie qui lui ouvre ses portes voici 10 ans, avec une appétence toute particulière pour le photojournalisme et le reportage. « J’adore ça, je me suis auto-formée à Paris, sur la base des acquis que j’avais gardé de mes études dans le cinéma. J’aime naturellement le reportage, la vraie vie. Ce que je préfère, ce sont les photos du quotidien », explique cette mère de deux enfants. Ce qu’elle appelle photos du quotidien, ce sont celles où le photographe n’intervient pas, ne fait pas prendre la pose, cherche le bon angle, tourne autour du sujet jusqu’à avoir ce qu’il cherche à faire passer, dans la lumière. « Je m’éclate à prendre les gens en photo, les gens adorent aussi, ces reportages du quotidien mais ne sautent pas toujours le pas. » C’est vrai que, traditionnellement, les photos sont mises en scène, surtout celles réalisées dans l’intimité des familles. Encore plus depuis qu’elles peuvent être modifiées, effacées, retouchées, filtrées, à l’envi, par tout un chacun. Mais pour Nadine, c’est différent, et elle en a fait une spécialité. Classée dans le top 100 des photographes internationaux de mariage et dans le top 10 français, on peut dire que la photographie lui réussit. De son côté, elle parle de chance, de privilège même, dans ces documentaires. « Je pense que ce que j’aime dans le documentaire, c’est de m’immerger dans les familles, je me sens privilégiée d’avoir accès à leur intimité, à leur vie. Voir évoluer les familles est incroyable », confie-t-elle.
Le collectif « Joyeux Bazar »
Avec une autre de ses collègues, Marine, Nadine a créé le collectif « Joyeux Bazar » en 2016. Depuis elles sont cinq femmes, l’une à Nantes, trois en région parisienne et elle-même, en Savoie à le composer. Cinq photographes qui se sont dit que ce serait une super bonne idée, de réaliser des reportages du quotidien. L’idée : s’infiltrer une demi-journée ou une journée entière dans le quotidien des familles. privilégiant des photos sur le vif, naturelles. Celles des moments partagés qu’on ne pense pas à prendre en photo. Discrètes, les cinq photographes n’interviennent pas dans les mises en scène. Elles sont là, discutent avec les familles comme les amies qui viennent prendre le café, si naturellement que l’on oublie leur appareil photo. Quand les gens voient le résultat, ils se disent « tiens, elle a remarqué ça » … « des choses vont m’attirer plus que d’autres », sourit Nadine, « les enfants qui font des caprices par exemple, j’aime bien quand ça part dans tous les sens, quand ça bouge, un peu. » A chacune sa technique et son « écriture » du reportage. Quoiqu’il en soit, pour rester dans une démarche d’authenticité, sur leur site internet, les photographes se prêtent au jeu, et dévoilent des scènes de leur propre vie de famille. Transparence totale. C’est ainsi qu’on découvre des photos du dimanche matin… savoureuses. En tout état de cause, on peut dire que cette technique de reportage leur réussit: chacune d’entre elles a vu des reportages de familles primés par la FPJA (Family Photo Journalist Association) en 2018 et 2019.
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