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Grand Chambéry : des transports publics gratuits pour tous, est-ce envisageable?

Par Laura Campisano • Publié le 10/10/19

Grand chantier de la liste « Grand Chambéry solidaire », enjeu de la campagne électorale en vue du scrutin municipal, la question de la gratuité des transports pour tous est sur – presque -toutes les lèvres. Les exemples de Châteauroux et Dunkerque, qui font leurs preuves, l’un depuis 18 ans, l’autre depuis un an, donnent de l’espoir aux supporters d’une telle mesure. Encore faut-il que cela corresponde aux capacités et possibilités de Grand Chambéry.
Comme le précisait Gil Avérous à Châteauroux, il n’est pas un « fanatique du tout gratuit, cela dépend de l’agglo, ce n’est pas efficace partout, si on prend l’exemple de Paris par exemple, il y a sans doute d’autres façons de procéder pour garder une marge de manœuvre tout en ayant une offre attractive et satisfaisante sur un plan environnemental. » Et c’est en ce sens que Jean-Benoît Cerino prône davantage des formes de gratuité qu’une gratuité totale. « Pour développer la qualité du service, il serait dommage de se priver des recettes apportées par celles et ceux qui peuvent contribuer même si la billettique ne représente qu’une faible part du budget total des transports collectifs », argumente-t-il. « Il ne serait pas choquant non plus d’utiliser le versement transport à taux plein pour améliorer les investissements et donc la qualité de l’offre. » Service à la hauteur, (à Dunkerque, les bus sont progressivement équipés du Wifi et de ports USB, par exemple) alternative à la voiture et principalement l’amélioration de la qualité de l’air.

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1 commentaire

gerard Blanc

11/10/2019 à 14:11

Dans un 1er temps, concernant Grand Chambéry-Grand Lac, la priorité n'est-elle pas plutôt d'utiliser une augmentation du Versement Transports pour améliorer le réseau actuel (quartiers mal desservis, fréquences de passage à renforcer, horaires encore à étendre pour les retours en soirée, vitesse à augmenter grâce à l'extension des sites propres,...) et d'améliorer l'accès à la tarification solidaire (si mal connue des personnes à faibles revenus qui continuent à payer des tickets à bord hors de prix).

LA BONNE QUESTION A (SE) POSER : Pour nos déplacements, notre santé, la planète, une ville conviviale et apaisée, vaut-il mieux un réseau médiocre mais gratuit ou un réseau attractif et concurrentiel à la voiture avec des tarifs accessibles à tous ?

A CONTRARIO FAIRE UN SONDAGE sur "Etes-vous pour des transports publics gratuits ou payants ?" sans indiquer les tenants et aboutissants, et sans rappeler que la gratuité cela n'existe pas, n'est-ce pas un peu démago et avec un résultat attendu ?

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Le Petit Reporter

11/10/2019 à 14:21

Bonjour Gérard, merci pour votre message et l'intérêt que vous portez à notre article et à notre travail en général.
Nous souhaitions avoir l'avis des chambériens sur le sujet, connaître les intentions, sentir la tendance, notre sondage n'a rien de démagogique, contrairement à ce que vous sembler penser... le résultat n'était pas attendu, la mesure peut être populaire, mais ne pas emporter l'adhésion de tous. EN outre, les transports gratuits pour les usagers, c'est ce que nous avons expliqué dans notre article, existe dans 32 communes de France.
Enfin, la question que nous avons choisi de poser à l'heure actuelle, et à ce stade des réflexions nous est apparue pertinente, il n'y a pas de BONNE ou de MAUVAISE question. Il y a beaucoup de questions, mais nous avons la chance de choisir nos angles. Est-ce possible à Chambéry? A Grand Chambéry? Est-ce possible avec ce réseau? Nous avons regardé ailleurs pour connaître les méthodes, les avons apportées, avons cherché à comprendre. Grand Chambéry n'a pas encore livré son point de vue. Une chose à la fois. Cela ne veut pas dire que votre commentaire ou votre question ne se justifie pas, mais ne signifie pas non plus que notre choix d'angle et de traitement de la question ne soit pas pertinent. Au plaisir de vous revoir et de vous lire, pour en discuter.

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Le Petit Reporter

11/10/2019 à 14:22

PS: votre question n'appelle-t-elle pas un résultat attendu? :)

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Unknown

14/10/2019 à 09:30

Contribution sur la gratuité des transports publics suite à la mise en place de la gratuité à Dunkerque

C'est un peu long, mais un débat complexe se doit de ne pas être trop simplifié avec une slogan qui aura forcément l'approbation du plus grand nombre.
L’approche de ce reportage est très simplifiée. La question de la gratuité doit prendre en compte les contextes urbains, sociaux et économiques qui sont très différents d’un territoire à l’autre.
Quelques éléments de réflexion pour contextualiser les choix des collectivités qui ont opté pour la « gratuité » des transports urbains

1- Le terme de gratuité serait à préciser car les transports urbains sont déjà presque gratuits par ce que c’est surtout le versement transport (VT) qui finance les TC (en moyenne à 75 % en France, 80 % à Chambéry), et non la billetique. On devrait parler plutôt de transports non payants.

2- Quand il y a une tarification sociale, ce qui est le cas de Chambéry où elle a évolué fortement sous le précédent mandat, c’est presque gratuit pour les ménages à faible revenu. A Chambéry, pour les ménages concernés par la tarification sociale et solidaire, l’abonnement annuel pour les plus faibles revenus revient à 36 €/an soit 3 €/mois, soit environ 1 % du coût réel. On peut dire que c’est déjà presque gratuit, mais peut être faut-il aller jusqu’à la gratuité totale pour les ménages à faible ou très faible revenu ? Environ 50 % des abonnés bénéficie de la tarification sociale qui compte actuellement pour environ 1.3 M€ sur le budget transport . La gratuité totale pour les revenus les plus faibles (< au SMIC) coûterait environ 500 000 €/an de plus, soit 2 % du budget actuel = 24 M€.

3- La plupart des agglos qui ont mis en place la gratuité sont des agglos de moins de 25 000 hbts avec des réseaux très peu développés (18 sur 25). Seules les agglos de Niort, d’Aubagne et maintenant Dunkerque comptent plus de 100 000 hbts. Les coûts de la gratuité pour ces 18 collectivités sont très inférieurs à 500 k€, d’autant plus que la perte a souvent été compensée par l’augmentation d’un VT qui était faible. Pour le cas d’Aubagne le VT est passé de 0.6 à 1.8 % soit multiplié par 3, ce qui a permis de compenser les pertes de la gratuité. Le VT de Chambéry étant déjà à 1.75 %, la marge de progression est à 2 % (car classée comme agglomération touristique) soit une recette potentielle d’environ 3 M€. La gratuité coûterait à terme 5 M€.

4- Cas d’Aubagne (110 000 hbts) souvent citée en exemple : leur réseau était très peu développé donc avec peu de fréquentation avant la gratuité (inférieure à 19 V/hbt/an). La gratuité a permis de développer fortement les déplacements des voyageurs captifs qui se déplacent davantage, mais avec peu de report modal et donc de nouveaux abonnés. Leur réseau est assez peu développé (2.7 Mkm contre 4.8 Mkm pour Chambéry avec les « Haut le pied »). Ce qui fait que la fréquentation reste assez faible soit 55 V/hbt/an en 2016, contre presque le double à Chambéry, 100 V/hbt/an. Chambéry Métropole était à 103 V/Hbt/an en 2013 (le réseau ne progresse plus depuis 2014).
Ce n’est donc pas la gratuité qui fait le report modal, mais la qualité de l’offre du réseau.

Lire la suite sur le prochain message car nombre de caractères trop important

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Unknown

14/10/2019 à 09:32

Suite du précédent message

5- Cas de Dunkerque (205 000 hbts) : à l’analyse des données du GART, l’agglo de Dunkerque avait un réseau avec une fréquentation moyenne de seulement 73 V/hbt/an et une offre proportionnelle à la population quasiment équivalente à Chambéry. Le VT était à 1.55 % pour 1.75 % à Chambéry, et le budget général contribue au financement du budget transport à hauteur de 12.2 M€ pour Dunkerque contre 0 pour Chambéry. Par ailleurs le rendement financier du VT à Dunkerque est de 1.9 M€ par 0.1 point contre 1.1 M€ pour Chambéry. Enfin les recettes de la billetterie à Dunkerque était de 3.8 M€ contre 4.5 M€ pour Chambéry. Les conditions économiques de l’agglo de Dunkerque sont donc beaucoup plus favorables. Il leur aura suffi de porter leur VT à 1.8 % pour financer la perte de leurs recettes de billetterie par exemple. Une des explications de la mise en place de la gratuité vient de la situation sociale de cette agglomération qui semble –t-il a un taux de chômage très important et une moyenne de revenus/habitant bien inférieure à notre agglomération. Dans quelques années, il est probable que nous fassions le même constat qu’à Aubagne, à savoir que les populations captivent et à faible revenus se déplaceront davangtage, et que la gratuité n’aura que peu d’effet sur le report modal.

6- Concernant la ville de Niort, le VT rapporte 15 M€ pour un coût du réseau de 12 M€. C’est assez facile de faire la gratuité dans ces conditions. Pour autant, le nombre de voyages/hbt/an est deux fois plus faible qu’à Chambéry (données de 2014), et l’offre du réseau 2 fois moindre. On voit bien que ce n’est pas le seul critère du coût de la gratuité qu’il faut appréhender !

7- Eléments de synthèse : la gratuité est une réponse à une demande sociale qui peut être traitée par la tarification sociale et solidaire. Solidaire parce que les ménages qui ont les moyens de payer l’abonnement doivent contribuer au coût du réseau. Rappelons qu’à Chambéry, les voyageurs ne paient en moyenne que 20 % du coût du service. Que les enfants de moins de 25 ans et les retraités bénéficient d’une réduction de 50 % sur le coût de l’abonnement, et que les salariés peuvent également bénéficier d’une réduction de 50 % par leur entreprise, que 50 %des abonnés bénéficient de la tarification sociale et solidaire. Ce qui fait monter les voyageurs dans les TC, c’est bien la qualité de l’offre, la question du coût reste marginal sauf pour les ménages à faible ressource. Un réseau performant demande des moyens financiers et donc des recettes autres que le VT par la une tarification qui tient compte des revenus des ménages et qui peut être complétée par le budget général. Reste que le réseau de Grand Chambéry est un des réseaux les plus performants dans la strate des agglomérations de 100 000 à 150 000 hbts, et cela depuis 2013.

8- Gratuité ou services non payants ?
Il faudrait élargir le débat des services non payants à l’ensemble des services au public comme l’eau et les déchets (où il n’y a pas encore de tarification sociale), de la restauration collective… Et au préalable, il faudrait avoir une estimation financière avec plusieurs scénarios pour éclairer les débats.

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