Tourmente au MoDEM Savoie : Jean-Philippe Fages suspendu de ses fonctions de président

Coup de théâtre, vendredi 18 octobre, les militants MoDEM de Savoie ont été informés, par mail, que leur président, Jean-Philippe Fages, venait d’être suspendu de ses fonctions à la tête du mouvement. Une information qui survient au lendemain de la parution d’une large interview dans nos colonnes dans laquelle il évoquait des pressions venant de Paris. 
On ne pourra pas dire qu’il ne se passe pas grand-chose, dans cette campagne, même si tout cela relève du plus profond de la coulisse. Au lendemain de la publication de notre entretien dans lequel Jean-Philippe Fages, président du MoDEM 73 depuis novembre 2017, soutenait qu’il ferait face aux coups bas, entre autres choses, le voici tout simplement suspendu, « à titre conservatoire » , soutient l’intéressé. « Le MoDEM national m’a suspendu et a confirmé cet après-midi (le vendredi 18 octobre, NDLR) cette information à tous les adhérents ». Sa faute ? « Moi-même, je suis bien incapable de saisir les griefs » reconnaît-il.

Il s’était aussi porté candidat au poste de référent départemental En Marche

Il évoque, comme raisons potentielles, « un problème d’irrégularité financière, que je n’explique pas puisqu’il n’y a eu ni consultation des comptes ni consultation de la trésorière du mouvement  » ainsi que sa candidature à la tête d’En Marche Savoie. « En effet » , se justifie Jean-Philippe Fages, « en novembre 2018, je me suis porté candidat au poste de référent En Marche sur le département ; à l’issue d’une consultation effectuée auprès des adhérents, j’ai terminé en tête avec 48%, le second était crédité de 24%, suivaient ensuite deux autres personnes, dont Esman Ergul, l’actuel référent ».  Y’a-t-il eu mélange des genres, alors que Jean-Philippe Fages était déjà président du MoDEM Savoie ? « Aucun texte ne l’interdit » , s’explique-t-il. Son idée, être à la tête d’un mouvement centriste global. « Je peux entendre que cela puisse gêner, j’ai néanmoins du mal à le comprendre ». C’est Paris qui avait tranché, attribuant le poste à Esman Ergul, car à l’inverse des textes du MoDEM, les adhérents LREM ne peuvent élire leur candidat.

Patrick Mignola prend le relais 

Enfin, il lui serait reproché de ne pas s’être positionné en soutien de Christian Saint-André en vue des municipales de 2020. Sur ce point, il avait mis les choses au clair : « Nous avons un principe, emprunté à l’église, la subsidiarité ; nous fonctionnons au niveau local, tout se joue au local et seulement au besoin, nous faisons appel à l’échelon supérieur » , nous rappelait-il, dans notre entretien du 17 octobre.

La sanction est donc brutale – elle est tombée le 12 octobre, a été confirmée le 18 – sans préalable. « J’entendais des bruits de couloir » , assure-t-il, il sentait le vent du boulet : « Il est vrai que nous subissons des pressions venant de Paris » , nous soutenait-il. Il ne croyait pas si bien dire. « J’ai demandé qu’on me précise les choses » , sans succès. Aujourd’hui, c’est le député et président du groupe MoDEM à l’assemblée, Patrick Mignola, avec qui les relations semblent à couteaux tirés, qui prend les rênes, à titre provisoire, du mouvement.
Les militants et le conseil départemental ont été alertés via un mail*, expédié le 18 dans l’après-midi, quelques heures avant une réunion du conseil à Albertville, réunion au cours de laquelle ce dernier, organe délibérant, a confirmé son soutien plein et entier au président, particulièrement remonté contre ces procédés « inquisitoires ». « C’est une procédure contradictoire, sans que l’intéressé n’ait été entendu, sans que personne ne soit descendu sur place, sans avoir consulté le conseil départemental. Me suspendre ne me paraît pas très démocratique, ça ressemble à un règlement de comptes, sans doute pour mes prises de position. Les justifications ressemblent à des prétextes pour évincer quelqu’un qui n’a rien commis de répréhensible ».

« Je veux connaître le nom de mes accusateurs »

Une audition devait être menée le 19 octobre, un délai trop court, « j’ai donc sollicité un report de cet entretien ». Jean-Philippe Fages promet de ne pas en rester là : « Je veux connaître le nom de mes accusateurs et je veux qu’on me détaille les éléments reprochés, je veux faire valoir mon droit à être entendu ». Il juge la méthode « outrageante, pour le président qui porte un mouvement et ses valeurs, pour les militants, attachés au respect des personnes et à la justice, je reste cependant porté par ces gens, c’est encourageant ».
Une décision qui rappelle « ces pratiques de la politique que les concitoyens rejettent, ce monde politique dépassé » , dont Jean-Philippe Fages assure ne pas faire partie. Est-ce par conséquent sa légitimité à entrer dans l’échiquier politique qui est remise en cause à travers cette suspension ? Les choses n’en resteront pas là, c’est une certitude, Jean-Philippe Fages ayant promis de poursuivre ses accusateurs.

* Voici l’intégralité du mail envoyé par Jean-Noël Barrot, secrétaire général du Mouvement démocrate, à chaque adhérent du mouvement savoyard :
« Chère amie, cher ami,
Je vous informe qu’en application des articles 7 du règlement intérieur national, 2, 4, 13 et 20 des statuts et des dispositions de notre charte éthique, le comité de Conciliation et de contrôle a suspendu l’adhésion de M. Jean-Philippe Fages du Mouvement démocrate. Une procédure est en cours devant cette instance, d’effet immédiat.
Le mouvement départemental de Savoie est donc placé sous la tutelle du siège national. Le bureau exécutif a décidé de nommer M. Patrick Mignola, administrateur provisoire du mouvement »