Après deux bons mois passés en retrait de la vie publique, le maire de Chambéry a effectué son grand retour face à ses fans, ses suiveurs, ses collègues, jeudi 21 novembre, salle de Mérande. Sa campagne est donc lancée mais Michel Dantin devra patienter encore avant de reprendre pleinement possession de la scène locale ; il va de nouveau se faire opérer, pour la 4e fois. Un contretemps fâcheux mais assumé.
« Comment allez-vous ? » « Pas très bien » , répond-il. La question est des plus banales, la réponse est souvent des plus attendues. Et bien non, Michel Dantin n’est pas au top. Ses yeux lui jouent encore des tours et devront faire l’objet d’une nouvelle opération chirurgicale, vendredi 22 novembre, opération qui le tiendra à l’écart du monde pendant « trois semaines » , nous explique-t-il. Une bien mauvaise nouvelle pour un maire contraint d’être à mi-temps sur la scène publique depuis fin septembre. « J’ai subi un nouveau déchirement à la rétine, entre mardi et mercredi dernier, ce qui avait été recollé s’est redécollé. Ça allait pourtant tellement bien, j’arrivais même à lire des plaques d’immatriculation… » Il ne cache pas le coup au moral que cette opération de chirurgie d’urgence a provoqué. Trois semaines de retrait, certes, mais il a néanmoins eu le temps d’annoncer ce qui n’était un secret pour personne, devant une foule entièrement dédiée à sa cause.
La salle de Mérande a donc accueilli tous les sympathisants, les proches, les militants, les amis, les collègues dont dispose le maire, son entrée s’est faite sous leurs applaudissements nourris (voir la viéo ci-dessus), comme une rock star avant son entrée sur scène. S’il prétend avoir mal vécu l’annonce de son opération à venir, Michel Dantin n’a en tout cas rien laissé transparaître, assumant avec détermination et humour son statut de maire sortant, en course pour un deuxième mandat « avec une équipe renouvelée entre 25 et 40% ». Au micro se sont succédé Xavier Dullin, président de Grand Chambéry, Alexandra Turnar, adjointe à la culture et présidente de Cristal Habitat, Aloïs Chassot, adjoint au développement durable et aux nouvelles technologies, il a été rappelé au public que Chambéry avait bonne cote, au regard des différents classements parus dans la presse spécialisée (ville où il fait bon vivre, investir, étudier…). Sur le plan économique, elle a évolué, « avec un taux de chômage à 6,2% ». Puis l’intéressé a pris la parole et a évoqué ses engagements.
« J’en ai bavé »
En 2013, il s’était entouré de « compétences » surtout, au détriment des étiquettes : « Je n’avais que huit personnes encartées autour de moi. Lorsque j’ai proposé à Muriel Jeandet de devenir mon adjointe aux affaires scolaires, elle était retraitée et ne s’y attendait pas » , se souvient-il. Les demandes ont afflué, cette année, il ne réclamera « aucun engagement signé, aucune carte » aux nouveaux venus, seulement des aptitudes et une foi inébranlable en leur mission future. Rassembleur, Michel Dantin « plaît » , à tel point que s’il avait « écouté les sortants », il serait « reparti avec la même équipe à 98% ». De fait, il s’engage à tout faire pour recréer « la même ambiance » au sein de son groupe, la liste « aimer Chambéry c’est agir avec vous ».
Après six années passées à déconstruire, reformater, reconstruire et à prendre des coups, le maire aurait pu être las, « il faut deux mandats pour mener à bien les projets » , rétorque-t-il. C’est peu dire qu’il a été férocement éreinté par la critique, venant d’élus d’opposition et d’habitants. Parfois même, les dissensions ont été internes. Souvent, le conseil municipal a été le théâtre de contestations diverses, régulièrement, la rue s’est rappelée à son bon souvenir. Jamais cependant il n’a plié. Et surtout, jamais il n’a « songé abandonner ».
Le choix du coeur
« En janvier, j’avais été clair, lors de mes vœux, j’ai fait le choix du cœur, je n’avais pas de doute, tout était clair. En 2013, la ville était dans un tel état que j’en ai bavé. La gestion des prêts toxiques avait été un moment particulièrement désagréable. Sans le soutien du préfet d’alors, Eric Jalon, je ne sais pas si je serais allé aussi loin » (lire notre article du 31 juillet sur la sortie des emprunts toxiques). L’endettement de la ville est passé « de 17 à moins de 8 ans ». Il a jalonné son mandat de vastes chantiers « nécessaires » , parfois controversés et impopulaires, (Malraux, les écoles, le stade, Ravet…), mandat que l’on pourrait décrire comme celui du sale boulot. Il est terminé. Pour 2020, il revient avec ambition : « Il y a trois sujets qui vont revenir dans la discussion, lors de ma campagne, le bien-vivre et la sécurité, le changement climatique et l’économie. Il y aura un vrai challenge à relever. J’entends dire que nous avons réveillé la belle endormie, il faut continuer ». A son retour, il se lancera dans une série de réunions d’appartements, en petit comité, comme il les apprécie. Puis viendra le temps des débats, avec de farouches adversaires pour maintenir en éveil cette ex-belle endormie. Chambéry attire les convoitises, c’est à la fois bon signe et salutaire.
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