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Les opinions du Petit Reporter : Devoir de comprendre

Par Jérôme Bois • Publié le 11/11/19

Chaque 11 novembre, j’entends ce même refrain ; le « devoir de mémoire », ce devoir que l’on ressert à tour de bras jusqu’à la culpabilisation la plus totale, aux jeunes générations, comme pour se persuader que se rendre au cimetière, par un froid matin de novembre, allait suffire à ce que l’ignominie de la guerre ne reste qu’un fragment de notre passé. Comme si entendre les discours répétés à l’envi d’un élu, d’un vétéran, d’une veuve, allaient finir par nous convaincre que non, vraiment, « plus jamais ça » …
Seulement, par devoir, j’entends obligation.
Qu’est-ce que le souvenir face à la compréhension de ce qui a été et de ce qui en a découlé ? Quels ont été les ressorts qui, partant de l’assassinat d’un lointain archiduc dans cette tout aussi lointaine Sarajevo, ont conduit vers un conflit sanglant de quatre longues années ? Et pourquoi d’une innommable rancœur allemande est née une si grande exaltation aboutissant à un second conflit mondial ? Ces nœuds trouvent tous une origine quelque part, sur la ligne du temps, au cours de l’histoire, celle avec un grand H. Tout est d’une implacable logique, rien ne découle jamais du hasard, ça, nos cours d’histoire nous l’ont appris. Souvenez-vous. Si, si, vous y étiez !
La guerre, en plus de ne servir qu’à s’auto-justifier, n’est jamais qu’un sacrifice pour une victoire. Un sacrifice de trop et c’est la défaite. C’est son essence, sa raison d’être. Nos aînés en ont été les témoins malheureux et, quelque part, privilégiés. Mais veiller à ce que la guerre ne se reproduise jamais plus est vain si les ressorts qui l’ont jadis générée n’ont pas été enseignés et intégrés. L’Histoire est tout aussi vaine si elle n’a pas été comprise et admise. Et ces cérémonies du souvenir ne seraient alors que de vagues jalons, déposés années après années, sur la longue ligne du temps.
Avant le devoir de mémoire, obligeons-nous à un devoir de comprendre. Et l’on saura, alors, pourquoi ces cérémonies ont du sens.. Pourquoi l’Histoire n’est qu’un gigantesque recommencement. Et pourquoi ces glorieux et anonymes aînés ont laissé une partie d’eux-mêmes dans ces combats dont, paradoxalement, on sait presque tout.


JB

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