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Rassemblement national : Marie Dauchy, première de cordée
Par Jérôme Bois • Publié le 04/11/19
La Savoie n’est pas une terre fertile pour le parti de Marine Le Pen, même si des poches existent entre Combe de Savoie et Maurienne, notamment. Une personnalité se distingue, faisant d’elle la seule et unique candidate déclarée à cette heure sur le département, il s’agit de Marie Dauchy. Après la Région en 2015, Saint-Jean-de-Maurienne est dans son viseur.
A l’écouter, c’est une évidence. Native de Saint-Jean, elle y a grandi, s’y est épanouie et y vit. Aucune surprise, donc, à voir Marie Dauchy revendiquer le trône détenu jusqu’ici par Pierre-Marie Charvoz à Saint-Jean-de-Maurienne. Pas plus que ce n’est une surprise de voir ce côté-ci de la Savoie se doter du premier candidat du Rassemblement national alors qu’on attend toujours des nouvelles d’Albertville, d’Aix-les-Bains et de Chambéry.
Si l’information est tombée le 28 octobre, cela fait en réalité plusieurs mois que Marie Dauchy sait. « J’ai été officiellement investie par le parti en octobre, fruit d’un gros travail en interne, cela fait effectivement plusieurs mois que je sais que je vais y aller » , confirme celle qui demeure, actuellement conseillère régionale. La liste progresse, « elle sera évidemment complète le 28 février* » , promet-elle. « J’ai grandi là-bas, j’y vis, il est naturel pour moi d’y aller ».
« Je peux lever des freins »
Terreau fertile pour le Rassemblement national, la cité mauriennaise avait vu le parti cher à Marine l’emporter devant En Marche lors des dernières élections européennes (27,43% pour Jordan Bardella, loin devant Nathalie Loiseau et ses 17,19%) alors que la présidente du parti avait obtenu 40,17% au second tour des Présidentielles 2017. Les chances de Marie Dauchy sont donc réelles, même si d’une élection à l’autre, les intérêts varient, les avis divergent. Âgée de 32 ans, elle symbolise le renouveau du RN en Savoie, parti jusqu’ici marqué par les divergences de vues entre les anciens et la jeune garde du Front national des jeunes, il y a quelques années. Cependant, l’intéressée réfute l’idée de représenter une nouvelle vague, « nous pouvons apprendre de nos aînés et nous avons toujours plus de mal à attirer des jeunes, pris par leurs études, qui n’ont pas encore de travail… Nous sommes néanmoins le premier parti chez les jeunes, certains ont envie de s’engager. Clairement, ma jeunesse peut aider, je peux lever des freins ».
Saint-Jean-de-Maurienne représente donc une évidence ainsi qu’une cible stratégique** importante, encore faut-il définir un projet ; pour cela, la candidate a diffusé un questionnaire, « Saint-Jeannais vous avez la parole », fait du porte-à-porte et n’établira son programme qu’une fois les diverses remontées des gens parvenues jusqu’à elle. « Je trouve que trop de décisions se prennent à leur insu, alors qu’ils doivent être partie-prenante », estime-t-elle. « Il est temps de redynamiser Saint-Jean, son centre-ville désert, dont la population baisse. Des commerces ont fermé, alors qu’en faisant comme David Rachline, à Fréjus***, en les exonérant d’impôts durant un an, nous leur donnerions une bonne raison de venir s’implanter ici ».
Elle évoque aussi les animations, « dont le budget est principalement dédié au passage du Tour de France » , au détriment des animations traditionnelles locales – « il n’y a plus la fête du pain » , regrette-elle… « Quand j’étais jeune, il y avait plus de choses à faire. Le Tour, c’est bien, j’adore cet événement mais où sont passées nos animations ? » Sous-préfecture de Savoie, Saint-Jean-de-Maurienne doit « être dynamisé » , brandit-elle, comme un slogan de campagne. Quant à la sécurité, sujet brûlant, porté par tout un parti depuis toujours, il sera bien évidemment un marqueur de cette campagne : « Oui, ce sera un sujet, délicat, clivant, devant faire l’objet d’un référendum ». Autour de quoi ? De la vidéosurveillance, bien sûr ! « Des habitants la réclament, c’est clivant car la vidéo déplace les problèmes… Pourtant, de l’incivilité, des agressions, il y en a ici aussi ». Et si la vidéo venait à être installée, son dispositif serait nécessairement actif aux yeux de la candidate, « je tiens à ce qu’il y ait quelqu’un derrière les caméras. Des vidéos d’enregistrement ne serviront pas à grand chose ». Marie Dauchy cite aussi le stationnement comme élément déterminant de cette campagne, au point de souhaiter voir se développer les zones bleues au détriment des parkings payants.
« Le maire ne tient pas ses promesses »
Pas question cependant, en marge de ces débats, d’invectiver le candidat Pierre-Marie Charvoz, maire sortant, adoubé par En Marche pour cette échéance électorale. « Il a une très bonne attitude envers moi, je n’ai aucun problème avec lui et ne suis hostile à qui que ce soit ». Tout juste se désole-t-elle qu’il ne tienne « pas ses promesses. Il est présent mais délègue ». Un problème de proximité qu’elle compte bien régler : « Je serai totalement dédiée à ma mission de maire ». Durant cette campagne, Marie Dauchy promet d’aller au contact, de rechercher l’avis des habitants, directement à la source : « Cette campagne sera dynamique » , s’engage-t-elle. Fille de commerçants, bercée par le ruissellement des eaux de l’Arvan et de l’Arc, forte d’une crédibilité politique certaine depuis son élections au conseil régional en 2015 et sa bonne place aux élections européennes****, Marie Dauchy s’avance sereinement dans une ville dont elle n’ignore plus grand chose, face à un maire aux manettes depuis 2008.
* La date limite encore non officielle du dépôt des listes en Préfecture. ** Il n’y avait pas de candidat FN en 2014, sur Saint-Jean, 5e ville du département.. *** Fréjus est la plus grande ville française détenue par le Rassemblement national. **** Pressentie pour devenir députée européenne en cas de départ des parlementaires britanniques, elle nous a certifié qu’elle n’irait pas, son devancier sur la liste serait l’élu, en l’occurrence Jean-Lin Lacapelle, en 23e position.
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