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Aix-les-Bains : les Marcheurs en ordre dispersé

Par Jérôme Bois • Publié le 21/12/19

La candidature de Marina Ferrari pour les municipales 2020 n’a pas seulement agité la chronique politique locale, elle a également mis en valeur les errements des Marcheurs locaux, partagés entre allégeance centriste et rejet du parisianisme. 

Le bureau départemental d’En Marche, présidé par Esman Ergul, soutenant la démarche de Marina Ferrari sur Aix-les-Bains.

A ce jour, il faut distinguer deux types de Marcheurs sur la cité thermale : les historiques, ceux de la première heure et des premières batailles, et le comité local, qui ne déroge pas aux incantations nationales. Une dualité qui ne sera pas sans importance au moment de choisir son poulain en vue des élections de mars 2020. Pour mémoire, lorsque Marina Ferrari s’est présentée pour prendre la mairie à Renaud Beretti, elle venait tout juste d’apprendre le soutien de LREM, via un communiqué de la commission nationale d’investiture.  « Le 2 décembre 2019, sur proposition de la Commission Nationale d’Investiture, le Bureau exécutif de La République En Marche a décidé d’apporter son soutien à Marina Ferrari, candidate à la mairie d’Aix-les-Bains » , indiquait sobrement ce communiqué. Un soutien que la néo candidate a transformé en « investiture » , lors de sa conférence de presse du 4 décembre, un lapsus sans lendemain. Elle affirmait par ailleurs avoir le soutien du MoDEM, local comme national (ce qui n’est pas tout à fait exact, notamment du côté des Savoyards, il y a peu encore présidés par Jean-Philippe Fagès, dont les fonctions ont depuis été suspendues*) et d’En Marche, local et national, ce qui là non plus, n’est pas tout à fait exact, nous le verrons.  Dès le lendemain, la députée En Marche de la 1re circonscription de Savoie, Typhanie Degois, annonçait son refus de soutenir Marina Ferrari, dans les colonnes du Dauphiné Libéré du 5 décembre : « Je ne soutiendrai pas sa candidature. L’esprit d’En Marche a toujours été d’éviter les aventures personnelles et de privilégier le projet collectif. Là, ce n’est pas le cas. C’est plutôt un courage politique soudain, motivé par des logiques d’appareils, avec lesquelles je suis en désaccord ». Une position qualifiée, par beaucoup d’observateurs, de « courageuse » mais qui a eu le don de mettre les Marcheurs locaux sens dessus dessous. 

« L’avenir des Aixois doit se décider à Aix-les-Bains »


Typhanie Degois.
Ainsi, le 17 décembre, les « historiques » se sont fendus d’un communiqué indiquant leur soutien envers la députée : « Les Marcheurs historiques, dans la continuité de leur engagement à Aix-les-Bains depuis 2016, affirment leur volonté de travailler aux côtés de Typhanie Degois à un projet constructif et transpartisan afin de défendre les intérêts locaux, et avec l’ambition de ne pas diviser mais de réunir les Aixois dans un projet municipal. Ce projet se base sur un diagnostic partagé des problématiques qui affectent les Aixois au quotidien dans l’objectif d’y apporter invitons les Aixois à nous rejoindre pour poursuivre ce travail en commun ». Et en point d’orgue, cette phrase pleine de sous-entendus : « L’avenir des Aixois doit se décider à Aix-les-Bains ». Et pas à Paris. Christian Roussel, l’un des co-signataires de ce message s’explique : « Nous ne soutenons paspas la candidature de Marina Ferrari pour les raisons déjà évoquées par Typhanie Degois, c’est-à-dire une candidature d’appareil politique, sans aucune concertation locale ». Il affirme par ailleurs qu’il n’existe à ce jour aucune alliance « mais notre choix ira vers le candidat qui porte un projet pour les Aixois, qui assume le fait de dire qu’il est un candidat libre, qui n’a pas cherché d’investiture nationale pour le mener. Nous serons attentifs sur la démarche collective de construction de celui-ci ». Et si la rumeur laisse entendre, depuis plusieurs semaines, que les Marcheurs lorgneraient du côté de Renaud Berreti, ce dernier n’a pas éludé la question : « Il semblerait » , nous avait-il répondu, lundi 16 décembre (lire notre article du 16 décembre).

Les Marcheurs du comité local ont apprécié « l’engagement » de Marina Ferrari


Il n’a pas fallu 24 heures au comité local d’En Marche Grand-Lac pour réagir à cette fronde, le 18 décembre : « La commission nationale d’investiture a arrêté son choix sur la personne de Marina Ferrari (…) Les co-animateurs du comité local LaREM Grand-Lac, qui ont apprécié l’engagement de Marina Ferrari à leurs côtés à l’occasion du Grand Débat, puis des Européennes avec la liste Renaissance, se réjouissent de cette nomination et lui assurent tout leur soutien ». Les Marcheurs appellent ainsi « toutes celles et tous ceux qui se retrouvent dans les valeurs centristes et progressistes ». Le communiqué conclut avec un souhait, « une belle campagne à Marina Ferrari et à nos militants LaREM. Et une victoire, nécessairement. Des Marcheurs qui ne soutiennent pas leur députée, on aura tout vu !

* Jean-Philippe Fages a été exclu de la présidence du MoDEM Savoie le 12 octobre. Il avait notamment affirmé » subir des pressions de Paris« . Il visait notamment » deux élus MoDEM savoyards« , les deux seuls à ce jour, Marina Ferrari et Patrick Mignola, qui a depuis récupéré la présidence du MoDEM local. Pour mémoire, lire notre article du 19 octobre.

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