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Aix-les-Bains : Renaud Beretti : « Je ne suis pas le candidat d’états-majors parisiens »

Par Jérôme Bois • Publié le 16/12/19

Renaud Beretti a donc pris son temps, pour annoncer ce qui ne faisait que peu de doutes : il sera candidat à sa succession, son antériorité portant davantage sur l’ensemble de son parcours, de directeur de cabinet de Dominique Dord, à premier adjoint, plus qu’à sa seule année à la tête de la mairie. Il s’avance donc libre, sans étiquette, sûr de son cap.
Après « 14 mois sans relâche » dans le fauteuil de maire, Renaud Beretti n’imaginait pas qu’il puisse en être autrement. Rien, dans ces semaines au sommet de l’exécutif aixois, n’a pu le dissuader de poursuivre son oeuvre. « Des projets sont lancés, d’autres sont à mener, j’ai désormais dépassé l’année de mandat, j’ai envie de m’inscrire dans la durée » , ce qu’il n’a jamais caché. Installé par son conseil municipal le 17 octobre 2018, Renaud Beretti s’est emparé de la fonction et de l’écharpe avec facilité. « Je n’ai été échaudé par rien durant cette année » , assure le maire, « ni par la charge de travail, ni par les responsabilités, à savoir diriger toute une administration, mener une équipe et travailler avec les partenaires. C’est une fonction trop passionnante… au final, je dirais que cette année a accru ma motivation ». Le voilà donc dans la peau du chassé, avec le confort qui sied aux sortants, à savoir la bienveillance d’une bonne partie de la population, les canaux de communication et le bilan, s’il n’a pas été émaillé d’incidents industriels majeurs.

« Mon style »

Autre point sur lequel Renaud Beretti peut s’appuyer, la force de la tradition dans une cité peu encline aux révolutions. Dominique Dord a été 16 ans aux manettes, Gratien Ferrari 9 ans, André Grosjean, 22 ans. Et si l’édile a été premier adjoint, de 2008 à 2017, de Dominique Dord, l’homme qui lui a mis le pied à l’étrier, il en a donc été aussi le directeur de cabinet. Durant des années, « il tenait l’agenda » , confiait Dord il y a quelques années. Alors à Renaud les assemblées générales, les pots d’adieux, le travail de terrain. C’est pourquoi ce goût des autres, qui le caractéristique particulièrement, il le doit grandement à tout ce travail de l’ombre : « Je n’ai pas découvert cette envie d’aller vers les autres, c’est venu petit à petit. C’était comme un appel ». Avec humour et écoute, « mon style » , sourit-il. « Humilité, écoute, pragmatisme et action, quatre qualités indissociables ». D’où cette communication que quelques-uns jugent outrancière, qu’il assume pleinement, « elle illustre une volonté de faire et de montrer ce qui est fait » , consent-il.  D’André Grosjean, Renaud Beretti en a conservé cet attrait pour sa ville, « à taille humaine et attractive ». « André disait toujours qu’il aimait respirer sa ville, j’aime l’arpenter, j’aime la respirer. Je suis Aixois, j’y suis né, c’est ma ville. L’arpenter me permet d’en prendre le pouls, de l’écouter » et de bâtir ses convictions à partir de ce flux.
Pas un pas sans qu’il ne soit interpellé, sans qu’il ne reçoive une accolade, un soutien, une remarque. Il est comme un maire de village, mais d' «un grand village, ou une petite ville ». Il avait senti, avant même de devenir maire, « à quel point les gens avaient besoin d’être écoutés, d’être associés, même, aux décisions, c’est pourquoi la toute première mesure prise en 2017 a été de diffuser le conseil municipal en direct, par souci de transparence ». Puis vinrent les forums participatifs, le conseil municipal des jeunes, le concours de photos sur la ville… « Je veux changer le regard que nous avons sur la ville, en préservant sa dimension humaine, son attractivité, son cadre de vie… » Pas étonnant que sa liste, en construction, s’intitule « Avec vous pour Aix » …

« Ni étiquette ni calcul »

Et là, nous entrons dans le programme, du moins les idées force du maire sortant pour les six années à venir : sécurité, propreté urbaine, fleurissement, « trouver d’autres formes de mobilités » , lutte contre la densification… Et pas de programme sans équipe, renouvelée, nécessairement, ouverte, c’est une certitude, sans étiquette, c’est une évidence. « Je sais que je ne suis pas original en vous disant tout cela mais je veux l’ouvrir à toutes les bonnes volontés, aux sensibilités diverses et représentatives ». Quant aux étiquettes, si la sienne, LR, est bien connue, il promet ne pas être « le candidat d’états-majors parisiens. Une municipale reste une municipale, il n’y a dans ma démarche ni étiquette ni calcul ». Il ne revendiquera, de fait, aucune investiture même s’il se murmure qu’En Marche se serait entiché de lui ; « Il semblerait, en effet » , souffle-t-il. Un possible soutien qui n’est pas sans rappeler que sa désormais ex-première adjointe, Marina Ferrari, a reçu un soutien objectif de la commission nationale d’investiture LREM. Sauf qu’à l’échelle savoyarde, les choses sont beaucoup moins claires pour la néo candidate (lire notre article du 10 décembre) dont le départ ressemble à un mystère pour Renaud Beretti : « Elle aurait pu se rendre compte de tout ce qu’elle nous reproche avant. J’ai pris son départ comme… une information. Pas de cap ? Je n’ai pourtant jamais cessé de le rappeler. Les reproches sur la halle Clémenceau ? Qui était en charge de ce dossier ? Il fallait donc rompre avant » , assène-t-il. « La halle venait après le parking des Prés-Riants, pour la destruction de la maison Berdah, c’est pareil. Le cap était tracé ». Plus sec encore, il affirme n’avoir « perçu aucune rupture ni aucun éloignement ». Et une réconciliation paraît aujourd’hui impossible, « comment les Aixois réagiraient-ils, sinon ? »

Du monde sur les « starts »

Candidat logique à sa succession, prêt à enfiler les réunions thématiques, les réunions d’appartements, de quartiers comme des perles, le maire aixois est sur les starting-blocks, face à une concurrence accrue avec une liste des gauches conduite par Dominique Fié, un candidat venu de nulle part, Fabrice Sauzéat, un électron libre, en la personne d’André Gimenez et une ex-élue municipale avide de revanche, Marina Ferrari. Un beau tableau, beau comme une phase de poules de Ligue des Champions. 

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