Conseillère municipale déléguée à l’animation et au handicap, conseillère départementale, Nathalie Laumonnier a fait un choix fort en présentant sa candidature face à celle, probable, du maire sortant, David Dubonnet. Une dissidence motivée par les méthodes d’un maire qui a abouti à de nombreux départs au sein de l’exécutif.
C’est peu dire que la candidature de Nathalie Laumonnier a été préparée de longue date. Elle est même structurée comme aucune autre, en trois parties bien distinctes. Une méthodologie inhabituelle, nous y reviendrons.
Déjà en 2014, une liste dissidente
Pour comprendre ce départ en solo de la conseillère départementale, il faut revenir à ses espoirs déçus de 2014. « J’ai travaillé avec David Dubonnet, le maire, sans vraiment travailler. Il travaille seul, c’est sa manière de procéder » , souffle-t-elle, sans trouver trace dans son intonation de la moindre animosité. Cependant, elle rappelle qu’à l’issue de son premier mandat, de 2008 à 2014, « une liste dissidente était partie contre lui ». Et cette fois-ci, ce sont pas moins de six départs qu’il a dû affronter, six démissions conduisant six nouveaux colistiers à remonter. « La plupart ne siègent plus » , précise-t-elle.
Et puis les gens sont venus vers elle, voyant dans son opiniâtreté l’espoir d’un vent nouveau, « nous avons discuté du devenir de la commune. Souvent, ils me répètent que le maire ne les écoute pas, un discours que j’entends même venant de l’agglomération ». Pour la petite histoire, certains colistiers ignoreraient même que David Dubonnet se représente, nous confie-t-elle. Bref, pour Nathalie Laumonnier, le ver était dans le fruit. « Je ne mettrai pas en avant le passif de 2014, je ne veux pas faire la guerre, je ne regarde pas dans le rétro » , tempère-t-elle. Le cadre est cependant installé. Quant à démissionner, elle s’y refuse : « Non, je veux aller au bout de ma mission, notamment autour du handicap et de l’accessibilité. Je travaille pour l’intérêt général. Et ce qui a été fait, je ne veux pas le casser ».
« La vidéo, ça m’intéresse »
C’est une rareté dans le paysage pour qui suit assidûment les tribulations de nos candidats mais sa liste est prête depuis longtemps, « il y a plus d’un an que je sais que je vais y aller, je travaille depuis longtemps avec mon équipe, en qui j’ai pleinement confiance ». Moyenne d’âge, 50 ans environ, des gens issus des trois quartiers de Barberaz, Madeleine, Centre et Barberaz le Haut*, « grâce à qui j’ai eu des retours en direct de ce que veulent les gens dans chacun d’eux ». Parmi les retours, l’urbanisation importante (galopante ?), le stationnement, le handicap, l’éducation… Ces remontées lui ont permis de bâtir son programme, deuxième étape de sa candidature, la conduisant tout naturellement vers la campagne, la vraie, la confrontation avec les citoyens et les candidats, en début d’année prochaine. Une programmation très structurée, inhabituelle, jusqu’à présent. Pas d’effets d’annonce, seulement du pragmatisme. « Mes colistiers ont chacun leur réseau, c’est grâce à ce maillage que nous avons pu entendre toutes les problématiques ayant cours sur la commune » , souligne la conseillère municipale. De ces discrètes et nombreuses entrevues sont ressorties les trois idées-force de sa campagne : la transition énergétique, la sécurité et l’éducation. « Tout part de nos enfants pour ce qui est d’imprimer une ligne de conduite durable » , s’explique-t-elle. Mais parallèlement, le vieillissement de la population aboutit à de fortes demandes en matière de sécurité : « La vidéo, ça m’intéresse. L’écoute et la proximité aident à bâtir un cadre de vie agréable ».
Au département et à la mairie, « c’est possible »
Un projet lui tient particulièrement à cœur, à destination des aînés de la commune, la création d’une résidence, sorte d’habitat intermédiaire entre le domicile et un Ehpad, non médicalisée, à proximité du centre-ville, des services médicaux, du CCAS** et des associations. « Cela permettrait en outre de travailler sur l’intergénérationnel avec les écoles » , appuie Nathalie Laumonnier, qui, n’oublions pas, est conseillère départementale en charge des personnes handicapées. « Il y a une demande, il est nécessaire que la résidence accueille tout le monde, pas seulement les personnes disposant de fortes retraites ». Le sujet du cœur, pour une élue « naturellement tournée vers les autres ».
Le programme finalisé à la fin de cette année, l’élue compte, ensuite mettre en place des réunions aux thématiques déjà fixées, « en fonction des quartiers et des projets, ou comment trouver quelque chose qui convienne à tous ». Ne rien imposer sera une ligne de conduite à tenir. Tout cela pour « donner un nouveau souffle à Barberaz ». Ce sera la troisième et dernière étape d’une candidature huilée.
L’exercice du pouvoir souffre aujourd’hui d’une crise de l’image, le cumul, s’il est atteint, n’empêchera pas l’élue de rester conseillère départementale du canton de La Ravoire*** : « Je suis élue jusqu’en 2021, c’est un échelon important, qui permet, parfois, d’accélérer certains dossiers, certains budgets ». Même si elle regrette que « tout ce qui est fait ne se sache pas ». Pas de doute, néanmoins, « maire et conseillère départementale, c’est possible ». Nathalie Laumonnier ne lâchera donc rien.
Il faudra patienter jusqu’à janvier pour voir arriver les informations jusqu’aux Barberaziens, qui voient un troisième candidat se joindre à Arthur Boix-Neveu et David Dubonnet. La grande explication promet toutefois beaucoup.
* La population de Barberaz est de 4 787 habitants, selon les chiffres de l’Insee de 2016. En janvier 2019, elle aura, selon Nathalie Laumonnier, dépassé les 5 000.
** Le centre communal d’action social (CCAS) de Barberaz a récupéré la gestion de l’Ehpad des Blés d’Or, à Saint-Baldoph, auparavant sous la gestion d’un Sivu, regroupant les communes de La Ravoire, Barberaz, Challes-les-Eaux, Saint-Baldoph et Saint-Jeoire-Prieuré. Une préconisation de la loi NOTRe.
*** Elue en 2015 en binôme avec Frédéric Bret, elle avait rassemblé 70% des voix devant le duo Marie Dauchy Brice Bernard, du Rassemblement national.
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