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Chambéry : un dernier conseil municipal pour 2019 aux allures de campagne…

Par Jérôme Bois • Publié le 17/12/19

Quarante-cinq points à l’ordre du jour et quatre heures de débats électriques pour le dernier conseil municipal de l’année à Chambéry. C’était le programme de la soirée du 16 décembre, et il n’aura échappé à personne que le débat d’orientation budgétaire a permis aux uns et aux autres tantôt d’étriller tantôt de défendre, le bilan du mandat de l’équipe en place. Ambiance.
Étrange climat dans la salle du conseil de Chambéry, pour cette dernière réunion de l’année, où étaient inscrits de nombreux points à l’ordre du jour. Présidé par Michel Dantin durant près des 3/4 du conseil, encore fragilisé par ses ennuis de santé, le débat d’orientation budgétaire a pris des airs de règlement de comptes goguenard. Passes d’armes certes, mais bien que les mots soient aiguisés, on sentait davantage la taquinerie que le sarcasme, derrière des arguments bien rodés. 

« Brutalité des mesures » contre « désendettement »

A peine l’exposé chiffré de Benoît Perrotton, adjoint aux finances, achevé, faisant la démonstration du respect des engagements municipaux en matière de désendettement de la commune*, que le feu nourri des critiques a embrasé le débat. Et c’est Jean-Benoît Cerino qui ouvre le bal, reprochant au maire et à son équipe de n’avoir pas eu « un mot sur l’urgence climatique dans le DOB, ni sur l’urgence sociale. Tout ce que vous avez proposé c’est une hausse des impôts, c’est de passer en force sur le réseau de bus et le plan de circulation », a enchéri l’élu de la minorité, « ce qu’on voit c’est qu’il y a très peu de réalisations au service des habitants et beaucoup de brutalité. En somme, votre mandat ça a été » payer plus pour plus de bazar partout et moins d’ambition «. » Puis Guy Fajeau a exprimé ses inquiétudes, notamment en matière de cessions de patrimoine de la commune, et Henri Dupassieux, a souligné « l’entêtement à ne pas recourir à l’emprunt » de la majorité au profit de « recettes de grand-mère » …« Si ça permet de rééquilibrer le budget » a répliqué Benoît Perrotton, « c’est ainsi que nous avons augmenté nos investissements plus que vous ne l’avez jamais fait, et ce sans quasiment rien emprunter. » L’adjoint sera suivi par Aloïs Chassot : « A croire que vous n’avez donc rien retenu des emprunts toxiques » puis rejoint par les élus de la majorité, faisant bloc « Nous n’avons pas de leçons à recevoir ». Chacun a donc présenté ses chiffres, Aloïs Chassot (adjoint à la communication, au développement durable et aux technologies innovantes), en matière d’écologie, a rappelé l’ensemble des mesures prises en faveur de la protection de l’environnement et du développement des mesures (création du premier marché bio, renouvellement de l’éclairage public Led, permis de végétalisation et développement de l’éco-pâturage, notamment), Sylvie Koska, adjointe aux ressources humaines, les actions en faveur de la citoyenneté et de la titularisation des agents municipaux, Muriel Jeandet, adjointe aux affaires scolaires, à propos des 4 millions d’euros investis dans les écoles et des équipements et Xavier Dullin, président de Grand Chambéry, à propos du développement économique des entreprises… non sans s’adresser vertement à Jean-Benoît Cerino « J’ai peine à croire que vous croyez vous-même à ce que vous nous reprochez, mais comme nous sommes en campagne électorale… »
En sous-texte, on entendait les reproches des uns, majorité d’aujourd’hui, à leur arrivée aux responsabilités, face aux autres, majorité d’hier, qui ne leur avaient pas facilité la tâche. Une vraie ambiance de campagne électorale, malgré le rappel de l’élu aux finances : « le rapport d’orientation budgétaire ce n’est pas le lieu d’une campagne municipale. Ce sont les grandes lignes des finances futures, il ne faut pas mélanger tout et n’importe quoi ». 

Michel Dantin : « Nous avons de vrais clivages et c’est bien qu’ils apparaissent de manière très claire »


Après que les uns et les autres aient échangé leurs points de vue, c’est Michel Dantin qui a repris le micro. « Nous avons de vrais clivages et c’est bien qu’ils apparaissent de manière très claire, nous n’avons pas la même conception de la gestion publique, ceux qui l’ont oublié vont pouvoir se le rappeler, nous ne considérons pas qu’avoir un palmarès en matière d’emprunt est flatteur, » a ironisé le maire. « Ceux qui seront juges ce sont les Chambériens, que vous le croyiez ou non, 15 jours après mon élection, le Préfet m’a convoqué pour me dire que si je ne prenais pas des décisions énergiques l’année suivante c’est lui qui gérerait le budget de la ville. Adressez-vous à celui qui était Préfet**, et il vous le dira. C’est ça la vérité, les Chambériens le savent bien, et nous témoignent tous les jours leur reconnaissance d’avoir désendetté la ville. »  
Le rapport d’orientation budgétaire approuvé, malgré les 10 oppositions provenant des élus de la minorité, les autres points à l’ordre du jour ont pu être égrainés tels que la délégation de service public avec Engie, On sentait une forme d’excitation, presque enfantine, à l’approche des vacances scolaires, dans les piques des uns et des autres, moins empreintes d’animosité que dans certaines séances où les choses se sont envenimées. Ainsi à propos des emplacements de parking dans le quartier Bellevue, Alain Caraco a adressé à Josiane Beaud un « Maintenant que je sais que vous savez écouter, j’attends votre écoute sur Ravet », auquel la première adjointe a répliqué dans un sourire « Mais vous faites une fixation avec Ravet ».  Puis, avant la fin de la séance, Michel Dantin a quitté la salle du conseil, lui laissant la main. Ennuis de santé certes, le maire ne s’est pas départi de son sens de l’humour. « A ceux qui veulent publier mon avis de décès, sachez que ce n’est pas dans mes projets à court et moyen terme. Joyeux Noël à tous. » 
A observer ces quatre heures de débat, il ne fait aucun doute que si chacun garde ses positions et poursuit son mandat jusqu’au bout, la campagne s’est définitivement installée entre les élus chambériens.
* L’encours de la dette est passée de 124 millions d’euros en 2014 à 111.92 millions en 2019, la capacité de désendettement, de 17 ans il y a 5 ans, est tombée à 7,8 ans.
** Il s’agissait d’Eric Jalon.

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