Aix-les-Bains : André Gimenez, un sprinter parmi les marathoniens

Il est prêt ! Le néo-candidat, qui nous avait déjà énoncé les fondements de sa démarche, le 29 novembre 2019, a présenté sa liste, son projet, ses idées, ses souhaits et figure même parmi les rares à pouvoir se targuer d’une liste complète (même si ouverte encore à d’autres volontés). Prêt, à la façon d’un sprinter, trépignant sur la ligne de départ d’un marathon de deux mois.

André Gimenez, fils d’émigrés espagnols ayant fui le régime franquiste, est avant tout Aixois de nature. Né ici, installé ici, sur ses hauteurs, à Marlioz, il a porté, en 2014, sous un étendard de gauche, une liste (auréolée de 12,98%) qui avait bagarré avec celle de Fabrice Maucci (divers gauche, 11,96%) et de Véronique Drapeau (ex Front national, 15,33%) pour se répartir les miettes laissées par un Dominique Dord quasi généralissime (avec 59,72%), au premier tour. Notons qu’il est, aujourd’hui, le seul rescapé de cette élection.

35 noms plutôt que 39

Ce coup-ci, il n’a souscrit auprès d’aucun appareil, convaincu de sa seule force et de celle de ses colistiers, ses 35 colistiers et non 39 comme semblait le réclamer jusqu’ici le règlement : « L’Insee a indiqué que la population aixoise était plutôt en recul* » , a-t-il entamé, lundi 13 janvier. « Avec le nombre de constructions sur la ville – j’en ai compté entre 5 et 600 – je pensais qu’elle avait explosé ». Pas grave, la liste Aix Autrement est bien dressée, d’autres ajouts n’étant néanmoins pas à exclure, « alors que d’autres candidats se rendent compte à quel point il n’est pas aisé de trouver 35 noms » , souriait-il. Confiant, il a alors exposé, devant une vingtaine de personnes, acquises à sa cause, son projet pour la cité thermale dressant avec malice un constat alarmant et proposant des solutions rassérénantes. C’est donc par le commerce qu’il a commencé à expliquer comment redynamiser « une ville en train de mourir » , selon l’expression de Christian Montagnon, ancien directeur de banque et chef d’entreprise, en bonne place sur la liste. « Le commerce est en souffrance, ça va mal et la circulation et le stationnement n’y sont pas pour rien ». Ainsi propose-t-il « un stationnement gratuit et férocement contrôlé par disque » afin de faire revenir de la clientèle qu’il juge assaillie par les prétentions tarifaires locales. La construction de parkings périphériques est l’autre face du projet.

« Cessons d’imperméabiliser les sols »

Grand chantier d’André Gimenez, le marché, qu’il souhaite rénover et voir ouvert « tous les jours » , en accord avec les commerçants, « il doit attirer les Aixois qui doivent ensuite se diffuser dans les commerces de la ville ». Non sans la réouverture des toilettes publiques, « une priorité absolue ».
Puis, dans une ville « où 50 hôtels ont fermé depuis 2001 » , assure-t-il, « nous constatons que nos deux moteurs principaux historiques, tourisme et thermalisme, sont à la peine, » voici donc revenir le fantôme du train à crémaillère, investissement de 100 millions d’euros qu’il soutient depuis de nombreuses années. Ou comment rallier le Revard en 27 minutes seulement. La garantie de « 300 000 touristes » , selon lui. Côté curistes, le candidat n’exclut pas un coup de pouce à Valvital pour gagner de la visibilité (via de la publicité ?) et atteindre le chiffre-clé des 30 000 curistes, vœu pieux de son Pdg, Bernard Riac, qui a dû abandonner (pour l’instant ?) sa quatrième unité.
Si Renaud Beretti s’était promis, dès le 17 octobre 2018, jour de son accession au trône aixois, de freiner les constructions, souhait récemment réitéré, au cours de son acte de candidature, André Gimenez, lui, propose ni plus ni moins de « cesser d’imperméabiliser les sols ». A commencer par les anciens thermes, dont le projet incluant les deux tours sera purement et simplement bloqué, annulé : « aucun permis de construire allant dans ce sens ne pourra être déposé » , sens qu’il préfère voir se diriger vers des aménagements d’utilité publique, comme le rachat des 4 500m² sur la partie Pellegrini (validé en séance du conseil municipal du 17 décembre 2019), le suggère. « Nous allons rénover sans construire, comme la présente municipalité compte le faire avec ce rachat que j’ai applaudi. Je ne veux pas de ces deux bacs à fleurs géants de 10, 12 14 ou 17 étages, comme on les voit en Asie » , disait-il à propos du projet architectural choisi par les Aixois.

De maire à adjoint ?

La police municipale sera renforcée mais pas armée, le niveau des frais de fonctionnement de la commune (42 millions d’euros) sera voué à baisser « car c’est comme si une voiture consommait du 50 litres au cent » , confiait-il. Enfin, sur la question de Grand Lac, il en a garanti la présidence à un maire de l’une des 27 autres communes.

Nous nous faisons donc une idée plus précise du plan de Gimenez pour 2020, un plan pour redynamiser et bousculer, ce qui pourrait s’observer jusqu’à l’intérieur du conseil municipal avec une organisation originale ; un adjoint dédié à la transition écologique, un autre, à la cause animale, ou encore un aux associations, qu’elles soient culturelles, cultuelles ou sportives… On ouvre les portes de la mairie et on ouvre, à mi-mandat, aux colistiers restés sur le carreau, « quitte même à ce que je repasse adjoint en cours de route, » annonce-t-il.
Electron libre de la vie publique locale, ce qu’il estime être « un avantage », André Gimenez avance avec l’énergie d’un jeune homme, lui qui a pourtant « côtoyé six présidents de la République » durant sa vie. Au sprint même, au gré d’idées radicales et des partis pris sans concessions.

* La population municipale était de 27 794 au 1er janvier 2020, elle s’élève à 30 373 au total (en incluant donc les 578 habitants non résidents). Le barème fixé par l’Etat place à 35 le nombre de colistiers à présenter sur une liste pour une commune dont la population se situe entre 20 000 et 29 999 habitants.