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La Motte-Servolex : partant pour un 3e mandat, Luc Berthoud estime « que tout est encore à faire »
Par Laura Campisano • Publié le 29/01/20
Entré dans la vie politique à la fin des années 80, Luc Berthoud accorde beaucoup d’importance au sens de la mission de « service public ». Maire de La Motte-Servolex depuis 2008, il se présente à nouveau au suffrage de ses administrés, sans adversaire déclaré, pour un troisième mandat. Humble, ce savoyard de 57 ans ne parle pas de carrière à son propos, mais de parcours, motivé, il estime que dans sa commune « tout est encore à faire » et souhaite préparer, pour les Motterains, un « horizon commun. »
Et de trois. Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex, vient d’entrer dans sa troisième campagne électorale pour sa commune de 12 000 habitants, avec un seul objectif : rassembler. Loin des scissions que peuvent connaître certaines communes voisines, au sein de leur conseil municipal, tant au sein de la majorité qu’en provenance des minorités, La Motte-Servolex semble jouir d’un micro-climat démocratique assez enviable. Mais pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers, le maire sortant n’a aucune intention de croire que tout est joué d’avance, et sa décision de se représenter a été prise de manière concertée. « D’abord, il a fallu que je sache si mon équipe était d’accord pour repartir, si mes collègues voulaient une autre tête de liste ou garder la même, me concerter au niveau familial aussi et savoir si j’avais moi, toujours l’envie, » expose-t-il. Et c’est le cas, « être maire est une d’une diversité folle, on est là pour les autres, on ne s’appartient plus. Nous avons une attitude qui a été la même depuis six ans, celle de vouloir construire, rassembler, avec une cohésion globale sur la durée, et surtout être proche des gens. »
« Si le climat est apaisé à La Motte-Servolex, ce n’est pas le fruit du hasard »
Il est vrai que la commune donne souvent l’impression d’être si paisible qu’on croirait que c’est une situation qui existe depuis toujours. Luc Berthoud, aux responsabilités depuis 2008 se souvient, lui, que tel n’a pas été toujours le cas et qu’il a fallu travailler, beaucoup, pour arriver au résultat que l’on observe, et dont les habitants s’ouvrent auprès de lui. « Si le climat est apaisé à La Motte-Servolex, ce n’est pas le fruit du hasard », expose-t-il, « avant d’être dans la majorité, j’ai aussi fait partie de la minorité entre 2001 et 2008. Ce n’était pas une guerre ouverte, mais nous nous sommes toujours demandés ce que nous pourrions proposer en étant dans la majorité. Nous avons travaillé nos dossiers, contester c’est facile, proposer c’est constructif. Nous avons tracé la piste et montré que les choses peuvent se faire. »
Très soucieuse de l’environnement et du développement durable, La Motte Servolex a été la première commune de Savoie à instaurer les « espaces sans tabac » avant de faire des émules à Bassens et Jacob-Bellecombette. Une réussite du fameux « vivre-ensemble », claironné partout, qui ici, prend tout son sens. « Nous souhaitons tous une ville durable, équipe municipale et habitants », détaille Luc Berthoud, « c’est en expérimentant qu’on avance, c’est une succession de pas très pragmatiques, en accompagnant pour donner l’exemple, et refaire appel au civisme. Il faut se demander ce que nous pouvons partager ensemble, au lieu de nous replier sur notre pré carré. » Avec humilité, l’édile précise qu’il a la chance d’avoir une « population très responsable, de bons partenaires et des techniciens d’une grande expertise. » mais ne pouvoir juger de son propre travail, étant acteur de la commune. « Etre élu, c’est quelque chose qui dépasse les personnes, il ne s’agit pas que de moi et de mon cercle », poursuit-il, « il ne faut pas tirer la couverture à soi. »
Engagé très tôt dans la vie politique, aux côtés de Michel Bouvard à ses débuts, Luc Berthoud a toujours souhaité être utile aux autres, faire bouger les choses dans le bon sens. « Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait une carrière politique, mais plutôt un parcours, des opportunités et des rencontres, avec Michel Barnier par exemple, Philippe Seguin, Jean-Pierre Vial (dont il a été le chef de cabinet, NDLR) Je me suis demandé ce que j’aurais pu faire d’autre, et au sortir d’un bilan de compétences, il s’est avéré que j’étais fait pour ce que je faisais déjà » sourit-il.
Pas de logique de partis, une densification apaisée et un projet toujours plus éco-responsable à La Motte
C’est sans surprise que la liste menée par Luc Berthoud pour ce nouveau scrutin municipal sera sans étiquette, bien que lui-même se définisse comme Gaulliste, ce dont il ne s’est jamais caché. « Cela fait 5 ans* que je suis hors tout engagement partisan », précise-t-il, « ce que je souhaite c’est rassembler. Approché par certains, en attente d’une réaction de sa minorité, qui s’est abstenue sur le débat d’orientation budgétaire mais n’a pour autant pas exprimé d’opposition ou évoqué l’hypothèse de monter une liste, Luc Berthoud planche sur ce qu’il souhaite encore créer pour une commune à laquelle il est très attaché. » Le problème de la densification, nous l’avons traité, en faisant le lien avec Grand Chambéry, en revenant à l’ancien découpage du plan local d’urbanisme, après concertation avec les habitants. Il a fallu leur démontrer que le promoteur cherchait à s’intégrer, trouver une solution, créer un sous-secteur pour que l’expression « densification douce et raisonnée » ait un sens. Résultat, au lieu des 40% de parcelles constructibles, on a réduit à 25%. Nous avons fait le pari d’un urbanisme maîtrisé, et nous nous y tenons. Les contradictions humaines qui émanent d’une ville de 12 000 habitants sont riches d’enseignement. «
Avec ou sans opposition…
Et pour poursuivre les engagements éco-responsables déjà mis en oeuvre sur le territoire motterain, Luc Berthoud souhaite aller encore plus loin: « On aimerait poursuivre sur notre lancée en proposant un budget participatif sur le développement durable, » détaille-t-il, « l’idée est que chacun participe et qu’ensemble soit décidée la destination de ces fonds ; est-ce pour poursuivre le financement des vélos électriques, ou pour une autre action de ce type ? On veut responsabiliser les Motterains pour qu’ils soient complètement acteurs de la vie politique de la commune. » Les idées ne manquent pas et elles seront développées au fur et à mesure de la campagne, comme la duplication des « écuroducs », ces systèmes de corde et de poulies permettant aux écureuils de traverser l’espace sans se faire écraser, mis en place en partenariat avec l’ONF rue Charles-Albert et Pont Sabatier, par exemple. « Ce qu’il faut, il me semble, c’est rester soi-même, être volontaire, réceptif », expose Luc Berthoud, « j’ai besoin du soutien des habitants pour faire entendre la voix de La Motte-Servolex dans les grandes instances, et ce y compris s’il n’y a pas de liste d’opposition. »
Cette éventualité, le maire sortant y réfléchit, quand depuis plusieurs décennies, le fonctionnement démocratique de la mairie se calque sur un schéma classique « majorité/opposition », il faudra trouver des moyens pour que l’expression démocratique se fasse. D’ici là, le projet municipal du maire sortant se construit en prenant de la hauteur ce que la situation géographique de La Motte-Servolex et son point culminant à 1 440 mètres d’altitude permet.
* En 2014, il avait été étiqueté UMP -UDI.
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