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« Osons Drumettaz-Clarafond », la liste qui prend son temps

Par Jérôme Bois • Publié le 22/01/20

Pour ne pas voir se reproduire le schéma de 2014, avec une liste sur la ligne de départ, des habitants se sont entendus : « Osons Drumettaz-Clarafond » a pour objet d’apporter une contradiction dans ce débat à une seule voix, de préparer un projet collectif et de faire jouer la démocratie dans ce petit lopin de terre qu’est Drumettaz, commune à la lisière d’Aix mais aux enjeux qui dépassent le seul intérêt municipal.

Philippe Estieu, président d' «Osons Drumettaz-Clarafond », et Rudolph di Giorgio, au centre.

« Il est dommage que la démocratie ne nous ait pas laissé de choix en 2014 » , entonnent Philippe Estieu et Rudolph di Giorgio, respectivement président et vice-président de l’association Osons Drumettaz-Clarafond. 2014 avait vu Nicolas Jacquier s’imposer sans opposition. Pour éviter que cet écueil se reproduise, l’association « Osons Drumettaz-Clarafond » a donc planché sur un projet. « Notre démarche a démarré cet été, plusieurs habitants ont discuté entre eux, un socle d’une quinzaine de personnes est ressorti de ces discussions » , avance Philippe Estieu. « Ce projet vise à rassembler et à promouvoir la démocratie locale. Il sera élaboré et construit de manière collégiale en impliquant les habitants et en se basant sur nos valeurs et nos priorités » , c’est pourquoi l’association a été créée en novembre, son inscription au Journal officiel survenant le mois suivant. Pourquoi « Osons » ? « Parce que » , résume Philippe Estieu, « sur la forme, oser, c’est agir avec audace. Nous sommes les challengers. Sur le fond, nous souhaitons agir différemment, changer les méthodes. On ose, on s’expose… » 

Un calendrier rigoureux


L’idée est ambitieuse, elle sera inhabituellement construite : « D’ordinaire, on rassemble, on élabore le projet et on va le vendre. Là, nous ferons l’inverse : nous avons la colonne vertébrale, les ateliers nous permettent d’avoir des mesures à proposer autour de chacune des trois thématiques (ci-dessous), puis nous soumettons le projet aux 23 membres actuels de l’association afin de faire les choix les plus cohérents » , détaille Philippe Estieu.  En janvier, encore deux ateliers* se tiendront, les 24 et 31 (respectivement sur l’environnement, le cadre de vie et le développement durable, sur la vie associative, sportive, culturelle et sur les relations sociales), à l’issue desquels seront dévoilées les contributions. Le projet sera construit sur cette base, ainsi que la liste en vue de le conduire les 15 et 22 mars prochains. Une première réunion, le 17 janvier, portait sur la démocratie et la gouvernance locale, elle a rassemblé une trentaine de personnes, un chiffre que le duo souhaite voir s’accroître de réunions en réunions. Le calendrier est établi : une fois les trois ateliers effectués, toutes les contributions seront posées à l’écrit, en février sera élaboré le projet définitif, incluant la dimension financière de chaque proposition, enfin, la liste sera dévoilée. 


« Nous irons aux municipales avec quelque chose de consistant »


« Nous avons deux objectifs, le premier étant, évidemment, les municipales, le second, l’association, qui devra perdurer et rester force de proposition » , soulève Rudolph di Giorgio.  Dans l’hypothèse où la liste se dressera sans coup férir, « chaque personne membre signera une charte » , dont les valeurs sont assez explicites : faire preuve de respect et d’ouverture, s’engager pour la commune, être exemplaire dans la gouvernance et la gestion des affaires municipales et favoriser la démocratie locale. « Nous irons aux municipales avec quelque chose de consistant » promet Rudolph di Giorgio. 
Drumettaz, commune faisant assez peu parler d’elle, possède pourtant ses démons : lorsqu’on évoque le pôle préférentiel de 45 hectares, promis à 1 500 logements, on sait que l’on parle là d’une exception dans le bassin aixois. « Ce pôle va changer à coup sûr la physionomie de la commune » , avance Philippe Estieu. « Pourtant, le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) nous dit que 40 de ces hectares sont en zone agricole protégée, seuls 5 hectares sont à urbaniser. Or, en septembre 2019, tous les élus communautaires ont voté pour l’aménagement de ce pôle. Nous ne sommes pas contre, ce qui nous gêne, c’est la proportion ». 4 500 habitants supplémentaires méritent en effet que l’on prenne le temps de la réflexion. D’autres pôles existent, « à Grésy-sur-Aix, à Entrelacs, à Aix, pour un total de 2 500 logements supplémentaires sur le bassin, nous représentons 60% de ces 2 500 à nous seuls, ce n’est pas juste ». 

Les habitants auront la main


Autre proposition qu’Osons désire soumettre à l’approbation générale, le budget participatif, que décrypte le vice-président : « Un pourcentage du budget vous sera alloué, soit 40 000 euros chaque année. Nous créons un comité citoyen chargé de trouver une destination à cette somme. Chaque proposition sera mise aux voix du comité ». Ainsi, tous les projets structurants seront présentés devant la population, soumis à son approbation, à raison de « deux ou trois fois durant le mandat ».  Avec le maire, Nicolas Jacquier, les relations sont « cordiales » , d’après le président d’Osons. « Nous l’avons informé de notre initiative et n’avons, contre lui, ni griefs ni critiques à formuler. Nous n’allons pas vers une vendetta ». Aucune guerre des mots ne semble à craindre, dans une campagne déjà suffisamment tendue par ailleurs. Suscitant un intérêt certain, au sein de la commune, l’association appelée à devenir liste devra engranger plus que de la curiosité pour parvenir à ses fins. Début de réponse le 24, après le deuxième atelier.
* Les ateliers ont lieu salle du Moulin, à Drumettaz.

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