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Aix-les-Bains : Christian Derenty, stop ou encore ?
Par Jérôme Bois • Publié le 19/02/20
C’est le feuilleton de la semaine, sur la cité thermale ; alors que les quatre autres candidats s’ébrouent sereinement entre réunions de campagne et tractage sur le marché, le cinquième aspirant peine toujours à aller au bout de sa démarche. Nous l’avions laissé, gêné aux entournures par le soutien du Rassemblement national, un peu trop bruyant à son goût, le voici désormais confronté à la désaffection d’une partie de ses colistiers.
Entre les peaux de banane et les carapaces vertes, rouges et bleues, la campagne ressemble pour beaucoup à une course de Mario Kart et il faut une sacrée dose de réussite (de chance ?) pour aller au bout sans avoir été trop éreinté par les obstacles, d’où qu’ils viennent. De l’extérieur, le plus souvent, de l’intérieur, parfois.
Echanges épistolaires
Christian Derenty en est là, à compter ses amis, à convaincre de nouvelles têtes d’intégrer sa liste. La faute au départ d’une partie de ses colistiers, dix, si l’on tient compte de ce que rapporte Christian Genessey, lui aussi sur le départ, un « souverainiste » , le responsable de Debout la France sur la première circonscription, associé à Christian Derenty dans sa démarche depuis le début de sa campagne. Et depuis quelques jours, il est ce poison lent qui condamne le candidat à un sprint effréné. En effet, un mail sans concession de ce Christian Genessey nous est parvenu jeudi 13 février : « Je vous annonce ce soirla fin de la liste Derenty : la plupart des candidats s’en vont, dont moi ». Imparable. Le 14 février, un nouveau message : « Cette liste déjà très incomplète à 10 jours de son éventuel dépôt, se voit amputée de 10 noms de personnes qui désapprouvent la volte-face de Derenty. Cette liste ne verra donc jamais le jour. Les Souverainistes– dont je suis – ont désormais une mission ; faire échouer le basculement d’Aix-les-bains à gauche et dans le Macronisme ». Des propos qui épousent la ligne du Rassemblement national, ligne dont Derenty souhaitait s’éloigner (lire notre article du 13 février)*. De là à penser que Genessey roule avec le RN, il n’y a qu’un pas… « Je pense qu’il souhaitait empêcher qu’une liste RN voie le jour », nous confie le dissident. Parce que, selon lui, les choses sont aujourd’hui très claires : « Les militants ne veulent plus de Derenty, il y avait une dizaine de sympathisants RN sur sa liste, ils ont vu rouge après la parution de l’article du 13 février ».
« Derenty ? Plus personne ne le respecte »
Le secrétaire départemental de Debout la France (qui soutient également Unis pour Aix-les-Bains), Vincent Thomazo, avait rappelé qu’un « parti qui se met en avant risque de compromettre l’audience du candidat ». Lui – comme le candidat d’Unis pour Aix-les-Bains – goûtait assez peu à cette alliance de circonstances : « Le RN a effectivement tendance à tirer la couverture à lui » , résumait-il. Il rejetait l’hypothèse d’une alliance avec le RN, idée de toute façon repoussée par Nicolas Dupont-Aignan lui-même.
Le 13 au soir, Christian Genessey aurait donc réagi de façon trop précipitée pour Derenty. « Genessey n’a aucune prérogative, il a même donné sa démission de DLF en même temps qu’il a quitté notre liste. Son but est de nous tuer par derrière, ce n’est pas très honnête ». Avant d’avouer « ne pas savoir » qui a quitté la liste. A cette assertion, Genessey répond, sibyllin : « Je n’ai pas démissionné de Debout la France, pas pour l’instant ». Il nous a avoué sa surprise quant à la position de son supérieur, Vincent Thomazo. « Il est sur la même ligne que Christian Derenty, on n’a pas compris, sa prise de position s’est faite sans concertation ». Et le Rassemblement national, dans tout ça ? A l’origine du malaise, le voici désormais appelé à jouer les entremetteurs, Brice Bernard s’étant promis à faire « le maximum pour recoller les morceaux ». « La liste est aussi composée de gens du RN, il n’y a donc pas de fritures, ce sont des pressions extérieures qui ont amené Christian Derenty à réagir de cette façon devant notre soutien. Ce n’est pas une liste du Rassemblement national, elle demeure non partisane. On va recoller les morceaux ».
Depuis, un commentaire, publié sur Facebook (cf photo), sous notre publication du 13 février, a ajouté du flou à cette affaire. Ces propos émanaient du compte officiel de DLF 73 : « Derenty ne représente en rien Debout la France, qui est un parti qui respecte le Rassemblement national et qui attache de l’importance à la parole tenue et aux engagements. Tout l’inverse de Christian Derenty que plus personne ne respecte ». Des propos similaires à ceux tenus par Genessey, il nous a révélé en être l’auteur. L’erratum ne se fit pas attendre : « Nous avons été avertis d’un message provenant de DLF 73, nul ne peut en user à sa convenance. Seul notre secrétaire départemental Vincent Thomazo peut s’exprimer au nom de la fédération DLF 73 (…) Tout avis personnel doit se faire avec son compte personnel et engage ainsi sa propre responsabilité ». Le secrétaire départemental a renchéri, mardi 18 février : « Visiblement, M. Genessey prend des initiatives qui ne sont pas de sa compétence ». Les querelles ont été jusqu’à contaminer Debout la France…
Fin de semaine, Christian Derenty s’exprimera
Et le Rassemblement national, dans tout ça ? A l’origine du malaise, le voici désormais appelé à jouer les entremetteurs, Brice Bernard s’étant promis à faire « le maximum pour recoller les morceaux ». « La liste est aussi composée de gens du RN, il n’y a donc pas de fritures, ce sont des pressions extérieures qui ont amené Christian Derenty à réagir de cette façon devant notre soutien. Ce n’est pas une liste du Rassemblement national, elle demeure non partisane. On va recoller les morceaux ».
Toujours est-il que le cinquième candidat convoquera la presse, en fin de semaine, pour annoncer son maintien ou non dans la course, « pour sortir de ce roman entre le RN et DLF ». Et que Genessey compte aujourd’hui s’attaquer à des enjeux plus globaux (législatives, départementales) sous une bannière souverainiste plutôt que s’engager dans une municipale qui, d’après lui, sentait le sapin depuis la candidature qu’il jugeait « tardive » de Derenty. Et il entend tout mettre en œuvre pour qu’Aix-les-Bains demeure « à droite ». Ce n’est donc pas fini. Comme tout bon feuilleton.
* Christian Derenty nous avait expliqué ne pas vouloir servir de prétexte à une guerre des partis – le RN face à En Marche et aux Républicains -, guerre qui n’avait rien, selon lui, à voir avec cette campagne aixoise. Et que parmi ses colistiers, certains risquaient de se sentir gênés, pour ne pas dire trahis.
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