Cultiver sur les toits, c’est déjà chose faite dans certaines villes urbaines de France. Alors pourquoi pas à Chambéry ? C’est le pari de quatre trentenaires qui ont créé les « potagers perchés expérimentaux » avec pour ambition d’investir les toits plats et terrasses de la ville pour permettre aux habitants voisins de cultiver leurs propres fruits et légumes. Un projet qui pousse doucement, mais sûrement, grâce au financement participatif. Explications.
Ce n’est pas une lubie de jeune idéaliste, que de vouloir faire pousser des légumes sur les toits, surtout quand les questions environnementales occupent (enfin !) une place centrale dans le débat d’idées tant au niveau national que local. L’interrogation sur les circuits courts et le développement durable est d’ailleurs au cœur de nombre de « professions de foi », dans cette campagne municipale, au-delà de toute idéologie politique. Alors ce projet, développé par quatre jeunes Chambériens attire forcément l’attention, car il a une triple vocation.
Cultiver, sensibiliser, rechercher
L’ambition de l’association créée en octobre 2018, baptisée Popex, est donc d’installer des jardins potagers « perchés » sur les toits plats des immeubles, mais pas uniquement. « Nous voulons inviter les habitants des quartiers dans lesquels nous installerons ces potagers, à venir cultiver leurs propres fruits et légumes, mais également sensibiliser les jeunes dans les écoles, en organisant des petites conférences, et en intervenant dans des forums d’association », précise Marjorie Bison, écologue et membre fondatrice de l’association, « mais c’est expérimental également, car notre objectif est aussi de réaliser des tests sur les légumes, pour connaître l’incidence de la pollution de l’air sur les cultures. » Dans une zone géographique impactée par la pollution à intervalles très réguliers, cette question était induite, surtout pour les quatre fondateurs de l’association, dont les parcours sont très orientés dans la recherche.
Alors pourquoi cette idée ? Par le biais de l’auteur et conférencier Pablo Servigne, pour qui la transition écologique et la construction de l’autonomie des lieux de vie sont des thèmes centraux. « C’est à la suite d’une conférence de Pablo Servigne que nous avons eu cette idée, et à la lecture de ses livres », poursuit Marjorie Bison, « quand nous avons lu que le pétrole sera de plus en plus cher dans les années à venir, et qu’il sera très difficile de réapprovisionner les villes, qui ont besoin de cette énergie pour tenir, nous avons pensé qu’il fallait utiliser des lieux inutilisés – comme les toits – pour donner des moyens aux habitants de cultiver de manière autonome leurs propres jardins urbains. » Un premier toit a été trouvé, près de la Caisse d’allocations familiales, dans une entreprise qui a donné son accord pour mettre son toit à disposition. « Nous avons pris contact avec quelques bailleurs sociaux, ainsi que la Caf , mais les travaux à prévoir sont trop importants, et avec la mairie sans retour pour le moment, » précise Marjorie Bison. « Une copropriété près de l’hôpital va également essayer de lancer ce type de culture sur les toits des garages ».
Financement participatif pour une installation de 15 bacs au printemps
L’objectif de l’association est d’installer 15 bacs au printemps, dont 4 sont déjà stockés chez un des membres du bureau. Pour parvenir à concrétiser leur projet, les Popex ont lancé une campagne de financement participatif, avec un objectif de 5 000 euros. A l’heure actuelle, 440 euros ont été récoltés, la construction de chaque bac valant 200 euros. « Notre idée est de communiquer aux gens du quartier, sans dévoiler l’adresse à trop de monde, qu’ils peuvent venir à titre gratuit, en libre accès, planter et cultiver leurs plants », explique la jeune femme, « nous serons là pour chapeauter et pour les aider mais ce sera véritablement leurs installations » .
Les fonds reçus auront pour destination le financement du substrat, les récupérateurs d’eau, le matériel de jardinage et l’outillage pour la construction des bacs. En échange, les PoPEx proposent des contreparties à leurs donateurs, le tout dans une ambiance qui se veut positive et porteuse de solutions. Des idées pour planter sur les toits des écoles ont déjà vu le jour mais doivent répondre à des impératifs de sécurité, d’accès à l’eau et de capacité de charges qui pour l’heure ne sont pas optimales. Ce d’autant plus que l’été, les écoles étant fermées, cela impliquerait une organisation avec les mairies. C’est donc un projet semé, qui ne demande qu’à éclore que portent ces jeunes bénévoles, tous à leurs comptes, photographe, artiste, biostatisticienne et écologue, pour emboîter le pas à Agrotech, à Paris, ou même dans la veine de « cultivons nos toits » à Grenoble. Cela prendra-t-il forme à Chambéry ? Il reste 243 jours pour le savoir.
Tous les commentaires
0 commentaire
Commenter