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Chambéry : suivez la chouette aux Nuits de la Roulotte, Carré Curial

Par Laura Campisano • Publié le 29/02/20

C’est la 18e édition d’un festival ouvert au monde, qui fait entrer les visiteurs dans un univers fait de joie, de musiques du monde, de liberté et de nomadisme. Les Nuits de la Roulotte remontent leur campement au carré Curial du 6 au 14 mars prochain, sous la protection de leur animal totem, la chouette, qui veillera sur l’ambiance et le partage d’un festival à la programmation chamarrée. 

C’est un univers dont nous ne connaissons, pour la grande majorité, que les images d’Epinal, ses guitares andalouses, ses diseuses de bonne aventure et des couleurs, beaucoup de couleurs. Mais que savons-nous finalement des cultures nomades et tziganes ? Rien ou presque, pourtant elles nous parlent au fond, de ces choses qui au cœur des villes nous paraissent parfois bien lointaines : la liberté, les grands espaces, la joie de l’instant, le partage, le métissage des sonorités et les nuits crépitantes. Voilà donc ce que tentera – entre autres choses – de nous transmettre le festival « Les Nuits de la Roulotte », dont s’ouvre, du 6 au 14 mars, la 18e édition.

Des chapiteaux et des – moments – chouettes


Comme l’annonce l’affiche, cette année, le festival sera « chouette ». Animal totem de cette édition, le décor donnera le ton de cet oiseau mystérieux, mais pourtant familier. Un peu comme l’idée que chacun se fait de cet univers joyeux.


La tournée des bars, avec 6 concerts simultanés dans 6 bars de la ville différents, des espaces de fête bien sûr, puisque c’est dans l’ADN du festival, une initiation au flamenco – chant, danse et palmas -, du yoga parent-enfants, des jeux en bois… le programme est si éclectique qu’avant même d’avoir débuté, le festival fait tourner les têtes.
Si le point de départ était la culture tzigane, provenant à la fois des pays de l’Est et de l’Andalousie, d’autres sonorités viendront pimenter les soirées chambériennes, sous les chapiteaux plantés en plein Carré Curial : des Balkans à l’Italie, avec des tarentelle psychédéliques, du rock berbère au gipsy punk, il y en aura décidément pour tous les goûts, avec sans doute des surprises pour le public, détricotant les idées reçues ou jouant sur les clichés.« Il y en aura oui », s’amuse Claire Fallet, coordinatrice du festival, « mais c’est totalement assumé, cela fait partie de la fête. » Une fête qui a déjà commencé avec une grosse soirée le 15 février « tout le monde avait très envie de démarrer le festival, il y avait une bonne ambiance et beaucoup de monde ! » s’est-elle réjouie. Voilà qui est prometteur.
Et la programmation des activités est loin d’être exhaustive : sont concoctées des ch’apéros show chaque soir mettant en lumière des artistes locaux, une soirée poésie; un blind test de musiques tziganes et un spectacle de feu. Bien entendu, le jeune public (et celui qui l’est resté) appréciera le BD concert et le spectacle de marionnettes, mais saura-t-il résister au spectacle clownesque de la compagnie Petit-Pouët ? En tous les cas, rien n’a été laissé au hasard et les estomacs aussi trouveront de quoi s’enchanter: diots, polenta, goulash, vins de Savoie, bières locales et même végé et sans gluten grâce à Odile et Gustave, déjà connus à la Cité des Arts… A 80% chambérien et 100 % savoyard, l’espace bar-restauration est en plus éco-responsable, sans compter que le festival accepte la monnaie locale, l’elef.

Tarifs libres et accès au plus grand nombre des activités, pour tous: une philosophie « roulotteuse »

L’idée est donc bien d’attirer le plus de festivaliers possible, environ 8 000 à 10 000 personnes devraient investir le Carré Curial sur l’ensemble des festivités. Une belle opportunité de faire découvrir non seulement les groupes, les comédiens et autres dompteurs de feu, mais aussi d’ouvrir en grand la culture à un public varié.  « Ce que nous recherchons c’est fédérer des publics variés et différents chaque année », s’enthousiasme Claire Fallet, coordinatrice du festival, « nous voulons les faire rêver, les faire entrer dans un autre univers, et c’est aussi comme cela que nous construisons la programmation, en l’ouvrant à de nouveaux groupes, de nouvelles sonorités. L’idée est vraiment de passer de bons moments en les invitant dans notre » chez nous «, pour des moments festifs et solidaires. »
Solidaire, telle est la philosophie des « Roulotteux » : les tarifs sont soit libres – chacun donne en conscience et en fonction de ses capacités -, au choix – entre 6 et 10 euros – ou bien, c’est gratuit. Une manière pour les organisateurs d’ouvrir ce festival au plus grand nombre, et ce depuis ses débuts  « pour initier des publics plus modestes à la culture » précise Claire Fallet. L’association « les nuits de la Roulotte » occupe une dizaine de bénévoles passionnés toute l’année mais en recrute de nouveaux, sur les trois « intenses » semaines – montage et démontage compris – du festival. Bien que pouvant compter sur quelques subventions (Ville, Département, Région, Sacem) ce sont les recettes propres de l’association, leurs partenariats et leur logistique, qui font vivre ce festival depuis 18 ans. « Cette année nous avons souhaité pérenniser l’organisation du festival sur un plan matériel et financier, pour qu’il puisse durer 18 années de plus », confie Philippe Lamoine, président de l’association depuis cette année, « nous avons souhaité véritablement stabiliser les fondations, apporter du professionnalisme, donner des moyens aux bénévoles grâce à une coordination supplémentaire et à une offre qui s’étoffe de plus en plus. » 
Une des valeurs fortes de ces « nuits » que le nouveau président partage avec l’ensemble de son équipe est « l’ouverture culturelle » eu égard aux groupes programmés, mais également aux populations qu’il vise, puisque l’association va aussi hors les murs, dispenser de la culture auprès de publics marginalisés et encore plus fragiles, au sein des établissements pénitentiaires en Savoie, y compris durant le festival. De belles aventures humaines semblent donc attendre les festivaliers pour sortir de l’hiver et débuter le mois de mars sous les meilleurs auspices, à l’écart du scrutin qui tout près de là, agite déjà la Cité des Ducs.

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