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Savoie : le grand retour du mouvement républicain radical

Par Jérôme Bois • Publié le 04/02/20

Le mouvement radical, né en 1901, reconstruit en décembre 2017, sur la base d’un nouveau plan de route et d’une nouvelle doctrine, semble avoir retrouvé suffisamment de vigueur pour jouer un rôle déterminant dans les élections à venir, et pas seulement municipales. Le chemin a été long, jalonné de soubresauts mais voici cette nouvelle force prête à faire parler d’elle. Le 29 janvier, la liste des chefs de file est tombée, la Savoie sera doublement représentée, dans ses villes majeures, avec le président du parti radical de Savoie, élu en 2017, Ludovic Vulliermet, nommé à Aix-les-Bains, et Jean-Pierre Burdin, à Chambéry, faisant dire au premier que « la campagne [pouvait] enfin commencer ». Et ainsi le mouvement radical, fondé sur des valeurs d’humanisme, de tolérance, de solidarisme et de laïcité, revint en haut de l’affiche…

Typhanie Degois, nouvelle adhérente

Avec un nombre d’adhérents en hausse sur le département, des têtes d’affiche nationales, telles que Benjamin Griveau, candidat à la mairie de Paris, et Annick Girardin, ministre des territoires d’Outre-mer, et, en Savoie, la récente adhésion de la députée En Marche Typhanie Degois*, il existe une visibilité toute nouvelle à ce parti, jadis de « tous les combats sociaux » , né au tout début du XXe siècle**. Le ralliement de cette dernière constitue même une prise de choix, comme s’en est réjoui Ludovic Vulliermet : « Oui en tant que président départemental, je suis ravi et fier d’avoir désormais au sein de notre formation politique en pleine renaissance l’adhésion de notre députée de Savoie en double adhésion avec LREM ». De quoi donner des idées et voir plus loin. 

Des noms à Tresserve et Entrelacs

« Nous sommes en plein boom » , concède-t-il, « parce que nous sentons le pays en attente d’une voie sociale libérale neuve. En 2017, nous soutenions Renaissance***, des ponts étaient alors dressés ; notre but est désormais de faire émerger des élus allant du parti socialiste aux Républicains ». En excluant les extrêmes. « Il y a de la qualité à droite comme à gauche ».

Ludovic Vulliermet avec la ministre Annick Girardin.
La valse des désignations a pu démarrer, les Radicaux essaiment : « Nos statuts sont calés sur ceux d’En Marche, les chefs de file sont désignés au national dans les villes de plus de 9 000 habitants, les fédérations départementales se chargeant des nominations dans celles de moins de 9 000 ».
Ainsi, à Tresserve, c’est Nicolas Petit qui a été désigné et Séverin Sindic, à Entrelacs. « Un chef de file représente le mouvement, en pôle position dans la liste. Je peux donc, au titre de chef de file, négocier avec qui je veux et si un accord est trouvé, je suis libre de demander d’être sur la liste » , explique Ludovic Vulliermet, en négociation avec Renaud Beretti**** (Typhanie Degois a choisi de ne pas soutenir sa concurrente Marina Ferrari, pourtant soutenue par LREM, ce qui laisse planer un possible ralliement de cette dernière au maire aixois, NDLR). A Chambéry, Jean-Pierre Burdin serait en discussion avec Thierry Repentin. « Sur ces élections, en tout, cas, c’est notre grand retour, nous sommes en complète visibilité » se réjouit-il.

« Le parti avait du mal à se politiser »

Les adhésions sur le département sont en hausse, bien que le nombre d’encartés demeure encore confidentiel (ils sont 65 adhérents). « C’est un peu nouveau, en Savoie, qui n’est pas une terre radicale » , dit-il. Le mouvement radical est plutôt confortablement implanté en Alsace-Lorraine (Son président, Laurent Hénart, est également maire de Nancy, NDLR) ou dans le Sud Ouest, avec notamment Jean-Michel Baylet, président du parti radical de gauche, de 1996 à 2016. Tout était à reconstruire. « Il y avait bien un parti radical de gauche, en Savoie, avec Luc Mantello ou Jean-Pierre Burdin, il ne manquait que les élus. Nous étions alors un petit parti de militants qui avait du mal à se politiser ». Et puis, le vent a tourné : « Djamel Keriche avait relancé le parti, ici même, puis j’ai pris le relais » , concède le président. L’avènement d’En Marche a permis au parti de se faire une petite place au soleil, Ludovic Vuillermet ne cachant pas, au passage, ses sympathies pour le président Macron : « Je le soutiens, il a le courage de soutenir des réformes malgré les vagues de contestation ». Toutefois, les Radicaux, s’ils sont partenaires de la République En Marche, n’en demeurent pas moins « indépendants ». «Nous lui sommes fidèles, ce serait bien qu’il adhère à nos idées à son tour ». Le président rappelle au passage que Thierry Cornillet, ancien maire de Montélimar, ancien député de la Drôme et membre du mouvement radical, avait été l’allié de la première heure d’Emmanuel Macron, lorsque LREM n’était que balbutiante…

« On va reparler de nous, c’est sûr ! »

Aujourd’hui, le parti réapparaît avec la laïcité et la centralité pour ADN, « la neutralité de l’espace public, notre valeur cardinale, il faut l’intégrer ». 2020 arrive donc avec les municipales en toile de fond, « les élections à la base de la République, idéales pour faire remonter nos idées plus haut » , dans la perspective des départementales de 2021, des législatives de 2022. « Nous voulons présenter des élus à chaque stade supérieur » , avec les élections de mars comme trampoline..
« On va reparler de nous, c’est sûr » , conclut, confiant, Ludovic Vulliermet.

La fédération de Savoie, avec Ludovic Vulliermet, président, , Jean-Pierre Burdin, secrétaire général, et Alexandre Oullier, trésorier.

* La députée a adhéré au mouvement radical en double appartenance avec En Marche ; le congrès de Montpellier avait validé cette possibilité. Du reste, un sous-groupe radical se forme actuellement à l’Assemblée nationale au sein du grand groupe LREM sous la direction de Bruno Bonnel député LREM du Rhône et désormais vice-président du Mouvement radical social-libéral «, rappelle Ludovic Vulliermet.

** Le parti républicain, radical et radical socialiste est né le 21 juin 1901, son socle s’étant bâti sur les grandes questions de justice et d’égalité sociale. Ce n’est donc pas un hasard si la loi de séparation de l’église et de l’Etat de 1905 avait été portée par un radical, Emile Combes.
En 1945, le parti se reconstruit, celui-ci s’engage alors dans la construction européenne puis, en 1972, surviendra la scission entre les futurs radicaux de gauche (PRG) et les radicaux valoisiens de Jean-Jacques Servan-Schreiber (qui prendront part à la création de l’UDF en 1978). 2002, le parti radical valoisien participera à la fondation de l’UMP, cinq ans plus tard, Jean-Louis Borloo en prendra la présidence. Il fera sortir les Valoisiens de l’UMP, le congrès de 2017 validera la réunification.

*** La liste Renaissance, composée de 30 noms de sensibilités diverses, avait été présentée à l’aube des élections européennes. En Marche et le MoDem étaient à l’origine de cette démarche.

**** Concernant ces fameuses négociations, Ludovic Vulliermet nous a précisé que » rien n’est encore figé. Officiellement nous avons beaucoup échangé et échangeons encore avec certains  candidats déclarés qui ont pris l’initiative d’ouvrir le dialogue avec nous (LREM, le MoDEm et l’UDI, notamment, NDLR) «.

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