Le maire de Tresserve s’attaque à une nouvelle mandature, sa sixième, se détournant de tout effet de manche ou annonce tapageuse. Gardien du temple depuis 1989, Jean-Claude Loiseau, qui n’avait jusqu’alors connu qu’un seul adversaire en campagne, veut faire comme il a toujours fait, insister sur la proximité, l’humain et le bien être de ses concitoyens.
« Je ne suis pas lassé, non, je reste passionné par la vie publique » , se marre l’intéressé. « Enfin, pas par tous les mandats, hein… Maire, ça oui, c’est le plus beau de tous, un mandat qui vous oblige à être réactif et proche des gens ». Jean-Claude Loiseau a l’habitude. Il est le menhir de la commune, là-haut, sur sa colline. Aussi indéboulonnable qu’inattaquable. L’écrire ne lui fera pas plaisir, il s’est habituellement détourné des éloges car il s’est toujours tenu éloigné des médias. Ne parler ni de lui ni de sa commune a toujours fait son affaire. Tel le village gaulois, Tresserve est une sorte d’îlot préservé dans le bassin, une thèse que sa géographie accrédite. L’homme, âgé aujourd’hui de 66 ans, n’a pas souvent été confronté à un adversaire ; en six tours de piste, ce n’est qu’en 1989 qu’il a eu à affronter un concurrent. Depuis, Jean-Claude Loiseau est resté seul en scène. Cette année, une liste s’oppose à lui, « ce n’est pas une mauvaise chose, les gens en ont besoin. En tout cas, ça ne me perturbe pas ». Reconnaissons-lui une aptitude au calme, en toutes circonstances. « Je suis à la retraite depuis l’an dernier, je me retrouve donc tous les jours en mairie, ça me plaît. Je me suis retiré du conseil départemental en choisissant de ne pas me représenter, alors que j’avais à peu près victoire acquise. Mais comme l’aurait dit Charles De Gaulle, » ces gros machins, ce n’est pas mon truc «. On part dans de grands principes alors qu’il faudrait toujours rester terre à terre ».
« Tout le monde veut faire des plans »
Repartir, donc, jusqu’à ses 72 ans ? « Oui, parce que j’ai toujours le même enthousiasme et toujours des idées ». Parmi lesquelles la revitalisation du centre-bourg, via un pôle médical et des commerces. Les grands plans anti-gaspi d’énergie, alimentaire ou financier, à l’échelle supra-municipale, très peu pour lui. « Chacun chez soi peut lutter contre ces gaspillages, j’ai été le premier, dans le bassin à éteindre l’éclairage public. Bon, ce n’est pas non plus mon cheval de bataille mais c’est bien mieux que de déballer de grandes déclarations d’intention. Un plan énergie ? Un plan climat ? Tout le monde veut faire des plans. On gaspille du coup beaucoup d’énergie pour peu de résultats. Pour moi, ce qui compte, c’est le quotidien ». Comme refaire l’isolation thermique et énergétique de plusieurs bâtiments de la commune.
Sa campagne, du coup, n’est pas compliquée à mener, elle est faite de petites choses. « Dans toutes les communes, vous avez des » monsieur plus « qui veulent en faire toujours plus. Partout, on voit les mêmes projets fleurir mais les petites choses du quotidien, ça reste de l’humain, dépatouiller leurs problèmes, participer à leurs joies, leurs peines, leurs souffrances ». Mariages comme décès, le maire fait partie de la vie de ses concitoyens. « On ne peut être maire que si l’on aime les gens » , résume-t-il. Et aimer les gens, c’est préserver leur cadre de vie : « au classement des villes et villages où il fait bon vivre, sur 34 841, nous sommes 946ème. Bon, je ne demanderai pas le label, mais nous sommes deuxième dans la strate départementale, 17e dans la strate nationale. Les gens sont heureux de vivre ici, beaucoup veulent y habiter, ce que j’ai fait n’est donc pas si mal que ça ».
En cas de défaite, il laisse la main
La qualité de vie est là, Tresserve ne verra pas sa population exploser, bien que le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) n’ait pas laissé beaucoup de latitude aux communes environnantes : « La qualité de vie, ça a toujours été ma ligne Dans un village, les gens veulent quoi ? Des possibilités de rencontre, ils veulent vivre ensemble. Le repas des anciens et les réunions de quartier affichent complet, la vie de village lutte contre l’isolement ».
Et en cas de défaite ? « Non, je ne resterai pas. J’estime que si changement il doit y avoir, il devra être complet, je trouve bête d’être dans une opposition, même constructive, dans une commune de notre échelle. Il est plus facile de diriger en étant liste unique. Pour mes colistiers, je pense qu’ils agiront de même ». Au diable l’orgueil ? « Le monde change, les aspirations changent. J’ai eu beaucoup de chance, il s’agit de ma 12ème élection, j’en ai gagné plusieurs, j’ai une vie riche, je cours 10 kilomètres tous les matin à 66 ans, tout va bien » , assure le maire. La question de sa succession se pose, néanmoins, les 8 nouvelles têtes sur sa liste de 23 noms d' «Ensemble Tresserve 2020 » témoignent de cette volonté de transmettre, indispensable aujourd’hui. « J’ai toujours passé le relais, j’ai revendu mon étude en prenant le soin de choisir le repreneur (Il était commissaire-priseur, NDLR). Je ferai pareil avec la mairie. J’aime Tresserve de façon viscérale, je n’aimerais pas qu’un farfelu se présente et l’emporte ».
Face à la liste « Unis pour Tresserve », conduite par Christian Roussel, Jean-Claude Loiseau vivra peut-être son dernier temps électoral. Il aura marqué, par sa personnalité et son goût pour la discrétion, la petite commune sur la colline. Celle du poète.
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