Aix-les-Bains : la Grande Lessive va fleurir aux balcons et aux fenêtres de la ville, pour rendre au monde son éclat

L’humeur n’est pas à la légèreté, en ces temps de confinement. On en oublierait presque que nous venons d’entrer de plein pied dans le printemps, saison du fleurissement et du renouveau. Aix-les-Bains a trouvé la solution, qui pourrait bien se généraliser sur l’ensemble de l’hexagone,  après avoir fait le tour du globe depuis plusieurs années, pour mettre du baume au cœur de chacun : la grande lessive, qui aura lieu le 26 mars prochain, avec pour invitation de « fleurir ensemble ».

Faire bourgeonner les balcons, les fenêtres, les esprits, voilà une opération qui fait du bien au moral. C’est le principe de la Grande Lessive, créée en 2006 par l’artiste plasticienne Joëlle Gonthier. Simple et efficace, il faut se munir d’une feuille A4 et d’y faire fleurir toute sorte de réalisation artistique, avant d’aller – hors temps de confinement – les afficher sur des cordes à linge dans la ville.  Cette édition sera un peu spéciale : faute de pouvoir se déplacer, Aix-les-Bains a décidé de faire fleurir les balcons ou les fenêtres, sur le même principe. 

Libre cours à l’imagination pour créer le printemps 

Comment s’y prendre ? L’objectif est de représenter des fleurs en dessin, peinture, photographie sur des feuilles de format A4 (21×29.7 cm) avant de suspendre les œuvres à un fil tendu à l’aide de pinces à linge. Mais à Aix, le format importe peu, vu la période : « Ne nous formalisons pas, l’idée est d’utiliser le format que chacun souhaite, pourquoi pas faire une oeuvre intergénérationnelle, de 3 à 77 ans ? » s’enthousiasme Isabelle Moreaux-Jouannet, adjointe à la culture de la cité thermale. 
Aubaine pour les parents ! Alors que les enfants sont déjà confinés depuis plusieurs jours, l’activité dessin en famille devrait ravir petits et grands et surtout créer une émulation autour d’un projet commun. En effet, chaque membre de la famille peut inventer son « jardin » et faire ainsi parler sa créativité. « Il y avait une opération qu’on ne pouvait pas manquer à Aix-les-Bains, c’est de fleurir les balcons, avec l’idée d’apporter du rêve, dans ces temps anxiogènes », explique Isabelle Moreaux Jouannet « Ce sont des liens à développer, créer avec ses propres voisins. »

Oeuvre collective à l’échelle de la ville… et du monde

A l’échelle d’Aix-les-Bains, l’idée est de créer une plateforme web pour que les Aixois puissent y publier la photo de leur oeuvre, qui pourra rester plus longtemps aux fenêtres, si les habitants le souhaitent. « Seuls les voisins pourront voir les œuvres originales », sourit l’élue, « j’espère que tout le monde jouera le jeu, c’est la première année à Aix-les-Bains, et j’espérais depuis longtemps créer un lien par la culture entre les habitants. En ce moment, quand on ouvre les réseaux sociaux, on ne voit que des informations sombres, c’est véritablement l’occasion de remettre des couleurs. » 

L’initiative ne s’arrêtera pas aux frontières terrestres ou digitales d’Aix-les-Bains. Depuis 2006, dans 117 pays, ce sont déjà 500 000 participants qui ont joué le jeu de la Grande Lessive. « Combien de personnes en même temps dans plus de 117 pays à travers le monde vont fleurir leurs balcons, leurs rebords de fenêtres, avec des œuvres ? C’est incroyable », renchérit-elle. 
Et pour ceux qui ne pensent pas être des artistes ? Pas de panique: il vous reste les photos, et aussi les mots.« Des phrases, des poésies, il ne faut surtout pas que les gens se bloquent surtout ceux qui ne se pensent pas créatifs », reprend Isabelle Moreaux Jouannet, « quand nous dessinons, nous perdons la notion du temps, en ce moment c’est important. Tout le monde a chez soi des crayons de papier, des tubes de gouache, chacun à son niveau peut être l’artiste de demain. » Et c’est justement ce que fera Fabiola avec sa fille, Emma, douze ans et demi, qui prévoit de « fleurir » ses fenêtres, Avenue Franklin-Roosevelt, « Je ne suis pas une dessinatrice, je ferai faire un dessin à ma fille », nous dit-elle dans un premier temps, avant de reprendre, « mais je participerai avec elle moi aussi ! » Et si tout le monde se mettait à fredonner la chanson des Innocents, fleurir ensemble et colorer le monde pourrait presque suspendre le vol du – mauvais – temps.