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Aix-les-Bains : le thermalisme à l’arrêt, c’est un tiers du PIB de la ville qui disparaît
Par Jérôme Bois • Publié le 24/03/20
Depuis le dimanche 15 mars au matin, l’établissement thermal Chevalley est fermé au public, anticipant d’une journée les préconisations gouvernementales. Celui de Marlioz l’est depuis le lundi 16. Le thermalisme, induisant tout un circuit économique irriguant la cité thermale, c’est un tiers de son produit intérieur brut qui part en fumée. Du côté de Valvital, du domaine de Marlioz et des hébergeurs, on attend un coup de pouce de la municipalité. De quel ordre ?
Marlioz espérait amortir en avril les gros investissements consentis en fin d’année
Ouverts depuis le 1er février, les thermes Chevalley (spécialisés dans la rhumatologie et la phlébologie) n’auront eu le loisir de fonctionner que durant un mois et demi, les voici à l’arrêt, « sans aucune visibilité » à court terme. « Nous avons pourtant souhaité poser une date de réouverture, le lundi 11 mai, cela reste jouable », espère encore le PDG de Valvital. Seulement, une réouverture nécessite 10 à 15 jours de contrôles techniques préalables.
Déjà 5 000 curistes en moins pour le groupe Valvital par rapport à 2019
Au 23 mars, à 9h, le groupe Valvital souffrait de la perte de 5 000 curistes par rapport à 2019, dont 2 118 sur la seule Aix-les-Bains, son « navire amiral ». Rien que la semaine dernière, ce sont plus de 2 500 curistes qui ont déserté. En 2020, le groupe n’a perdu « que » 5% de sa patientèle, « ce n’est pas encore dramatique » , à condition que la crise ne s’éternise pas, ce qui est mal engagé. Quant à Gilles Saint-Marcel, s’il n’a pas chiffré encore ses pertes (issues des activités thermales, de séminaires, de restauration et d’hôtellerie), il admet que les conséquences d’une prolongation de la période de confinement « pourrait avoir de graves répercussions » , notamment sur les salariés. « Aujourd’hui, nous avons 58 personnes en chômage partiel » , avertit-il. Seul l’hôtel Ibis Styles est encore ouvert, mis à disposition pour répondre à des besoins stricts (personnels sanitaires, de sécurité et hospitaliers). « Pour ne rien vous cacher, le 23 mars, 5 chambres étaient occupées, 2 l’étaient le 22… » souffle Gilles Saint-Marcel.
La conséquence de la baisse de l’activité thermale pertes porte bien évidemment sur les groupes eux-mêmes mais aussi sur l’activité économique de la ville, le PDG de Valvital rappelant que le thermalisme représente pas moins du tiers du produit intérieur brut (PIB) de la cité thermale, son incidence portant sur les hébergeurs (meublés et hôteliers) et les commerçants : « Quand les thermes toussent, la ville est enrhumée » , se hasarde-t-il. L’image reste malheureusement de circonstance. « Tout est figé, pour nous » , se désole Hélène Polyméros, président d’Aix Meublés, « nous n’avons plus rien, c’est une catastrophe, il est aujourd’hui difficile voire impossible d’envisager l’avenir à court ou moyen terme » , explique-t-elle. De nombreux curistes ont déjà versé leur acompte aux hébergeurs, ceux-ci ayant été encaissés. D’un côté les hébergeurs se retrouvent sans autre forme de revenus, de l’autre, les curistes ne peuvent, pour l’heure, pas voir leur acompte leur être rendu. « Nous sommes suspendus à une décision du gouvernement », tout comme le sont les assurances-annulations. « Sans touristes et curistes, Aix est une ville morte ». En dépit de la présence de deux hôtels sur le site de Marlioz, il faut savoir qu’ils n’hébergent que 5% des patients du domaine, les 95 autres étant disséminés dans la ville.
Le maire prêt à défendre sa ville devant l’Etat
Quelle fin de saison peut espérer ce petit monde ? Une recrudescence de fréquentation entre juin et août, période d’ordinaire moins prisée par la clientèle âgée ? « Les gens n’aiment pas changer leurs habitudes » , confesse Hélène Polyméros, « ceux qui viennent en avril ne veulent pas le faire en été, pris par des obligations familiales ou la crainte des grandes chaleurs ». Marlioz peut encore « limiter la casse » cet été, aux dires de son directeur. Pour Chevalley, ce sera moins simple : « Nous conseillons aux gens de venir en été, autant que possible » , concède Bernard Riac, « mais clairement, nous ne retomberons pas sur nos pieds ». C’est pourquoi tous attendent de pouvoir rencontrer le maire de la ville, Renaud Beretti, afin de trouver des solutions financières à cette crise. Aucun rendez-vous n’a été pris, le maire s’est toutefois dit « préoccupé » par la situation des deux établissements thermaux, « pour leur activité comme pour leurs salariés, alors même que de forts investissements ont été engagés. Je suis également préoccupé par les conséquences sur l’économie aixoise, les hébergeurs et les commerçants ». Il a annoncé vouloir « prendre des mesures en lien avec l’office de tourisme intercommunal ». En sa qualité de président de la fédération Rhône-Alpes thermal, il s’est enfin engagé à « défendre nos stations et villes thermales » auprès de l’Etat. Parce qu’en une semaine à peine, la ville est effectivement déjà bien enrhumée.
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