Bassins chambérien et aixois : restaurateurs, traiteurs, producteurs et petits commerçants jouent la carte de l’entraide

Fermeture des restaurants, à présent des marchés de plein air, sauf exception, le secteur alimentaire est lui aussi particulièrement touché par la crise sanitaire actuelle. Devant la situation de confinement, les bénévoles manquent dans les centres de distribution de colis alimentaires comme La Banque Alimentaire de Savoie et les Restos du Coeur. Pour autant, de nombreux acteurs de cette branche professionnelle ont décidé de se mobiliser au travers d’actions solidaires, généreuses et indispensables. 
Livraisons de repas à des tarifs plus qu’abordables, mise en place d’actions solidaires pour le personnel soignant, appel au bénévolat et mise à disposition de camions réfrigérés pour distribuer les repas, le secteur de la restauration se mobilise en Savoie, non seulement pour être utile, mais aussi pour être solidaire « et garder le moral ». 

Des repas livrés à domicile pour les particuliers qui permettent de distribuer des repas au personnel soignant

C’est l’idée de Justine et Jean-Marc Traversaz, gérants de l’hôtel-restaurant Bellevue à Trévignin. Chaque jour, un repas complet comprenant entrée, plat, dessert est proposé à la livraison à domicile, à condition d’appeler avant 11h à l’établissement, après la publication du menu sur la page facebook de l’établissement. Une décision qui a été prise dès le début de la crise qui a paralysé tout le pays et durement touché leur secteur d’activité. « Nous faisons ça surtout par esprit de solidarité », commente Justine Traversaz, « plutôt que pour faire des bénéfices. Nous pensons qu’il vaut mieux ne pas faire d’argent maintenant, alors que ce n’est pas la pleine saison, et repartir ensuite. » Et la meilleure preuve de leur solidarité s’est trouvée dans cette initiative postée sur leur page Facebook le 24 mars au soir : pour chaque repas acheté par un particulier, celui-ci est invité à rajouter un, deux euros ou davantage, pour le personnel hospitalier. A chaque fois que cinq euros sont récoltés, cela paie un repas qui sera distribué au personnel de l’hôpital d’Aix-les-Bains. « Cela permet de s’aider les uns les autres et de garder le moral » sourit la gérante. Pour le moment, ce sont 30 repas par jour qui sont distribués, compte double le dimanche. 

Dans les entreprises et chez les particuliers, le traiteur Maxime Siéyes sur le front

De son côté, à Chambéry, le traiteur Maxime Sieyès aussi s’est rapidement organisé. Après le coup de massue de l’arrêt des prestations, des annulations qui sont tombées les unes après les autres, l’entreprise a décidé dès le 17 mars de contre-attaquer la fatalité. C’est ainsi que Maxime Sieyès et son équipe ont mis leur savoir-faire au service de tous en proposant des repas entre 12 et 15 euros, livraison comprise sur Chambéry et de cinq euros au-delà. 
Les commandes devant se faire la veille avant 20h, pour permettre au traiteur, malgré une partie de son staff en chômage technique, de livrer 1 000 plateaux repas partout où il sera sollicité sur le bassin chambérien et même au-delà. « Nous pouvons répondre à toutes les demandes », précise Christelle Favetta-Siéyes, « nous avons un camion frigo qui peut aussi être mis à disposition pour des distributions de repas tant de la banque alimentaire que pour les Hauts de Chambéry par exemple. Nous continuons de livrer des sociétés, sans aucun contact avec le personnel et dans le respect strict, comme toujours, des règles sanitaires. Nos repas sont livrés sous vide, tout est carré. »  Habitués à travailler des produits frais, Maxime et Christelle Sièyes ne comptent ni les heures ni les efforts. En lien avec la direction de l’hôpital de Chambéry afin de trouver une solution de livraison aux personnels, volontaires au cœur de l’initiative de Solidarités Chambéry-le-Haut, l’équipe de « Maxime Sièyes Traiteur » est présente sur tous les fronts, mettant de côté pour le moment, le manque à gagner. Comme à l’hôtel Bellevue, les gérants misent tout sur le service qu’ils peuvent rendre plutôt que sur les chiffres. Les menus sont désormais disponibles jusqu’au dimanche 29 mars sur la page Facebook du traiteur.

Des courses directement chez les producteurs, suite à l’interdiction des marchés de plein air : la livraison ou le « sans contact » privilégiés

A l’exception de la halle Clémenceau d’Aix-les-Bains qui a, au moment où nous écrivons ces lignes, obtenu une dérogation pour rester ouverte, la plupart des marchés couverts et de plein air ont fermé depuis le décret du 23 mars dernier. Dès lors, les petits commerçants doivent jouer des coudes et de malice, pour trouver des solutions afin de ne pas trop souffrir de la crise. 

Des besoins constants de main d’oeuvre pour la distribution d’aide alimentaire et d’urgence mais des stocks 

Du côté de l’aide alimentaire, enfin, la situation est en demi-teinte: pas assez de bras pour distribuer, mais suffisamment de denrées à la Banque alimentaire de Savoie qui alimente 42 associations sur le département. « Nous livrons les associations avec notre stock qui à l’heure actuelle nous permettra d’aller jusqu’en milieu d’année, nous rassure Denis Suisse-Guillaud, directeur de la Banque alimentaire de Savoie, située sur la plateforme alimentaire savoyarde, dans le quartier de Bissy, à Chambéry.  » Les grandes associations majeures fonctionnent bien, à Aix-les-Bains comme à Chambéry, y compris la Sassons. En tout cas le moins anormalement possible. Nous livrons les associations en produits secs, il nous reste encore du frais mais plus du tout de fruits et légumes. « En effectif réduit, passé de 30 à 5 ou 6 personnes actuellement, le directeur reconnaît que  » c’est plus robuste, mais il faut ménager tout le monde, et ça se poursuit, notre objectif étant de poursuivre le plus longtemps notre activité. «  Concrètement sur Chambéry-le-Haut, seules trois associations continuent à distribuer des repas, l’action sociale jeunes, enfance, famille en Savoie (ASJEFS), qui livre 200 repas, uniquement le lundi, l’association Saint-Vincent-de-Paul le mercredi ainsi que les Restos du cœur, à qui le collectif Solidarités Chambéry-le-Haut est allé spontanément proposer main-forte, notamment pour former et faire tourner les effectifs de bénévoles. En attendant de trouver une autre solution pour les personnes âgées et isolées, habituées, elles à faire leurs courses au marché du dimanche matin, désormais interdit…. Au gouvernement, les choses se sont par ailleurs organisées : désormais, et dans le cadre de la crise exceptionnelle que traverse le pays, il est possible pour tous de rejoindre la réserve civique sur quatre missions vitales dont fait partie l’aide alimentaire et d’urgence. Les conditions sanitaires et le confinement vont-ils permettre à la solidarité de se poursuivre ? En tous cas, chacun met du cœur à l’ouvrage, pour trouver des solutions alimentaires dans cette crise partie pour durer.