Chambé citoyenne : « les gens le plus à même de savoir ce qui est bon pour eux, ce sont eux-mêmes »

Écharpes multicolores autour du cou et sourire aux lèvres, les candidats de la liste Chambé citoyenne affichent la motivation et l’enthousiasme que l’on croirait manquer en cette dernière ligne droite avant le premier tour du scrutin. Un quatuor pour tête de liste, le soutien du parti EELV, et un programme validé par 231 habitants, les « cousins » d’EcoExistons à La Ravoire sont prêts à tout pour « reprendre le pouvoir et le rendre aux habitants ». Rencontre.
Ce ne sont pas, par définition, des professionnels de la politique. Plutôt des citoyen(ne)s, issu(e)s du tissu associatif chambérien, œuvrant sur le terrain depuis plusieurs années dans plusieurs domaines touchant tant à la solidarité, à l’entraide, au respect de l’environnement, entre autres choses. Et c’est comme cela qu’est né leur projet pour la commune : sur le terrain, et aussi pour créer une dynamique de changement, un nouveau modèle de société, « dans lequel les citoyens agissent, et ils sont très nombreux à vouloir agir, à être prêts à se mobiliser, à passer à l’action rapidement dès qu’on leur donne la possibilité de le faire, qu’on leur laisse la capacité d’agir », sourit Aurélie Le Meur, membre du quatuor tête de liste, « les gens qui sont le plus à même de savoir ce qui est bon pour eux, ce sont les gens eux-mêmes ! » Partis au départ en fusion avec la liste « Chambéry, citoyenne et écologiste », avec lesquels le programme avait été élaboré en commun, chacun a finalement choisi de ne pas faire liste commune, sans pour autant nier le travail élaboré de concert.

Trois années d’assemblées et de démocratie directe

Leur liste ressemble à leur projet: de 18 à 70 ans, avec une moyenne d’âge de 46 ans, actifs, étudiants, retraités, de tous les quartiers de Chambéry ou presque « mais nous ne sommes pas dans une dynamique de casting » s’amuse Aurélie Le Meur. Mobilisés depuis trois ans, au sein de l’association Dynamique Citoyenne, les candidats ont œuvré « à favoriser l’implication des citoyens dans la politique locale. » renchérit Sophie Bourgade, elle aussi membre du quatuor de tête, « notre ancrage va au-delà de cette liste, et nous sommes les seuls à le faire depuis 3 ans. La preuve que nous sommes solides ! D’ailleurs, les habitants ont eu droit à la parole puisqu’ils ont validé notre liste, notre méthode, 231 d’entre eux ont validé le programme. »

Soutenus par Europe écologie les Verts (EELV), les candidats assurent n’avoir pas été mis en condition par le parti écologiste. Au contraire « Ils nous ont laissé agir comme nous en avions l’idée, plutôt contents de voir que nous réussissions à faire venir des jeunes, ayant des valeurs en commun avec les leurs, » souligne Sophie Bourgade. Marc Pascal, lui-même membre d’EELV, et sur la liste Chambé Citoyenne, relève que cela n’était pas une condition d’entrée sur la liste, et que par ailleurs, le mouvement citoyen « a toujours été ouvert à tout le monde, à tous les citoyens, encartés ou non. Notre idée est de construire la manière dont nous souhaitons vivre à Chambéry, et à l’issue du scrutin de 2014, de sortir du clivage gauche-droite.Nous avons vraiment envie de mieux vivre à Chambéry, » explique-t-il, rejoint par Aurélie Le Meur.  « Nous voulons aussi dire aux gens qu’ils ont trop longtemps délégué leur pouvoir, et qu’il est possible d’apprendre à devenir des citoyens engagés, ça ne prendra pas qu’un mandat. » 

Épuisantes, les réunions publiques durant ces trois années ? Aurélie Le Meur l’assure, « elles étaient excellentes, les nôtres ! » D’autant que la méthode, utilisée par Eco-Existons La Ravoire, le tirage au sort de certains candidats, reprise de la liste « Archipel citoyen » à Toulouse, a été fructueuse pour la liste Chambé Citoyenne : « nos quatre colistiers tirés au sort sont formidables ! Ce sont des moteurs, et des boussoles aussi ! » expose Sophie Bourgade. « Il y en a eu 6 et finalement, 4 ont été retenus, et ils sont là depuis le début, personne ne les a forcés à rester, d’ailleurs, l’un d’entre eux, Jean-Pierre Casazza est dans notre quatuor tête de liste ! » 

Trois axes importants, social, démocratique et environnemental, « tous prioritaires »

Quelles idées phares ? « Tout est prioritaire, » sourit Aurélie Le Meur. Trois axes se dégagent néanmoins: « la démocratie et le pouvoir redonné aux citoyens » comme nous l’indiquions précédemment, « l’action face à l’urgence climatique, pour une meilleure qualité de vie pour tous, et l’expression d’une société solidaire, pour protéger les plus fragiles » 
Pour mettre dès à présent leur programme en pratique, les candidats ont d’ores et déjà signé la Charte L214 en faveur de la protection des animaux ainsi que le pacte pour la transition écologique et sociale, soit 32 mesures d’engagement précises, préparées par les associations, dont Alternatiba, Youth for Climate, entre autres. Côté transports, et principalement sur la question de la gratuité des transports, déjà évoqué dans nos colonnes et avec Chambéry sociale et écologiste, la liste Chambé Citoyenne souhaite y aller progressivement. « Notre objectif, pour démarrer, est de faire en sorte que le système soit amélioré, mieux irrigué », expose Marc Pascal, « on ne veut pas mentir aux gens, ce ne sera pas totalement gratuit tout de suite, dans un premier temps, il s’agira de proposer des transports publics gratuits aux personnes ayant les plus bas revenus, le soir, le weekend, pour ensuite aller vers une gratuité totale à mi-mandat, le temps de constituer un budget et de reposer la question des transports dans leur globalité. »

« Avec nous, le parking Ravet ne sortira pas de terre »

L’idée est de passer de 6% de déplacements en bus aujourd’hui à 10%, et de 6% des transports à vélo, à celui des grandes agglomérations européennes, où ce taux est plutôt à 30%, au travers du schéma directeur cyclable, qui nécessite 2 millions d’euros d’investissements par an, ce que l’équipe Chambé Citoyenne souhaite mettre en place en 10 ans. Ils ne s’en cachent pas « l’idée est de faire reculer la voiture, de désencombrer les centres-villes en mettant en place une dynamique vertueuse, et de réduire le stationnement. » Immédiatement, nous vient à l’esprit le parking Ravet « le chantier s’arrêtera, il ne sortira pas de terre avec nous » assure Sophie Bourgade. « Nous voulons réduire le stationnement parce que c’est un aspirateur à voitures, au lieu d’enlever des arbres pour laisser plus de place à la circulation automobile, nous souhaitons au contraire ne pas y toucher, et plutôt, en application de la charte de l’arbre, renouveler les espèces de façon spécifique. » 

Fantasques ? Pas tant que cela, s’amusent-ils, puisque le dernier débat entre les différentes têtes de listes Chambériennes chez nos confrères de la 8 Mont-Blanc, a permis au candidat Michel Dantin de parler de budgets participatifs pour les conseils de quartier « C’est formidable », s’exclame Marc Pascal, « nous avons forcé les autres candidats à adhérer à nos idées ! Nous ne serons donc plus qualifiés de naïfs, puisque nos idées sont reprises ailleurs! Cela veut dire que, quel que soit le vainqueur, nos idées vaincront, c’est réjouissant ! »  Sans se départir de leur humour, les trois candidats ont néanmoins bien à l’esprit que leurs 77 propositions, élaborées en deux ans, soumises aux habitants, les 100 personnes derrière eux, prêtes à prendre le relais et toujours motivées à quelques jours du premier tour sont pour eux des forces : « Nous n’avons pas eu de mal à constituer notre liste parce que c’est motivant, cela donne de l’espoir, celui ou celle qui sera élu maire sera soutenu(e), ce ne sera pas une charge à assumer seul(e), mais en groupe », reprend Aurélie Le Meur, « nous avons une vraie vision de démocratie directe, nous jouons le jeu des 47 candidats et de la tête de liste, mais nous savons que nous avons du soutien derrière, et qu’à nous tous, nous arriverons à rallumer le feu assez vite chez les gens. » 
Sur leur liste, figurent aussi des personnes actives dans le mouvement des gilets jaunes, dont la colère est aussi partagée par les candidats. « Nous n’avons pas qu’une seule colère, nous en avons plusieurs, autour de l’écologie, en ce qui concerne la justice sociale surtout, il faut nécessairement plus de partage, réduire les inégalités », plaide Marc Pascal, « mais nous transformons cette colère en action, pour redonner l’espoir! En France, 1 000 projets similaires au nôtre ont vu le jour, il n’y a que dans le collectif, que nous pourrons raviver cette petite lumière au fond de chacun. »