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Chambéry – Annecy : comment la Vitrerie savoyarde s’est réinventée le temps du confinement
Par Jérôme Bois • Publié le 27/03/20
C’est l’une des (nombreuses) belles histoires de ce confinement, alors que toute la nation est sous respirateur, des hommes et femmes participent à « l’effort de guerre », faisant preuve de créativité au plus fort de l’immobilisme contraint. La Vitrerie savoyarde de Loïc Blonde a su rebondir – malgré ses 14 salariés en chômage partiel – en fabriquant des écrans de protection en plexiglas pour les pharmacies, dans un premier temps, puis pour l’ensemble des commerces de proximité encore ouverts.
Un exemple de rebond, de ceux qui donnent autant la pêche qu’ils attisent l’inspiration : Loïc Blonde, gérant de la Vitrerie savoyarde, a trouvé le moyen de continuer d’exister dans ce monde de confinés, sans même avoir bougé le plus petit orteil. « En tant que vitrier, j’ai un numéro d’astreinte qui m’oblige à dépanner mes clients. Cela s’est su, s’est propagé et des pharmaciens ont pris contact avec moi ».
Démarché sans même avoir passé un coup de fil
L’idée était simple, ils souhaitaient disposer d’écrans de protection de plexiglas pour marquer une séparation hygiénique avec la clientèle. « On y a réfléchi ensemble, le premier prototype n’était pas satisfaisant car il n’était pas entièrement » désinfectable «, il avait des pieds en bois. Nous en avons imaginé un autre, pas inesthétique, pour le coup, entièrement en plexi ». Banco ! Sans avoir passé un seul coup de fil, sans avoir fait la moindre promo, voici Loïc sur le pont car de pharmaciens en pharmaciens, puis de boulangers en épiciers, l’information s’est propagée toute seule. « Je n’ai appelé personne, je ne peux que dire merci à tous ces gens, c’est juste le bouche à oreille qui a fonctionné ». Ainsi, vous ne serez pas surpris de découvrir ces protections chez votre commerçant : un supermarché Casino, deux boulangeries, deux épiciers, Au Marché savoyard… et donc huit pharmacies. Entre Annecy et Chambéry, puisque Loïc se déplace, chaque jour, seul, le matin en Haute-Savoie, l’après-midi dans la cité des Ducs.
Les salariés jouent le jeu en prenant leurs congés annuels si le confinement se prolonge
Une nécessité parce qu’il faut dire que la crise n’a épargné personne, lui le premier. « Nous recevons du public, donc depuis 10 jours, nous sommes fermés. J’ai mis mes 14 salariés en congés, d’abord, puis en chômage partiel depuis une semaine ». Et c’est là qu’une autre facette de la solidarité va s’opérer. « Nous avons décidé que si la durée de chômage partiel excédait deux semaines, nous prendrions tous nos congés annuels dans la foulée, par anticipation, pour éviter de taper dans l’argent public, c’est un peu, pour nous, accomplir notre part d’action sociétale ». Rien n’a été signé, chaque salarié s’étant pour l’heure engagé oralement. « Nous ne devons pas être en profits mais en devoir, nous ne sommes pas les seuls, du reste, c’est quelque chose qui est dans l’air du temps ». La conséquence, cependant, on l’a vu, est que Loïc travaille seul, répondant aux besoins des particuliers et de ces commerces, donc. « Ça ne compense absolument pas le manque à gagner, ça me permet de continuer de travailler, d’être aligné avec notre devoir de service aux concitoyens. Ça me fait plaisir d’être acteur de la solidarité en aidant les commerces non protégés ». Sans parler de la publicité vertueuse qu’il s’offre pour plus tard, sans même en avoir fait commerce. Alors certes, tout repose aujourd’hui sur ses épaules mais sans doute en récoltera-t-il les fruits plus tard.
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