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Jean-Michel Matteï, le confinement lui va si bien aussi…
Par Jérôme Bois • Publié le 30/03/20
L’humoriste Haut-savoyard cartonne, sur internet, avec ses vidéos parodiques, et profite du confinement pour, à l’instar de nombreux autres artistes, trouver du nouveau. Une situation inédite pour beaucoup, qui ne manque pas de le faire réfléchir, sur les attitudes parfois contradictoires des Français, sur ce qui fait rire, sur son statut de comédien touche-à-tout. Tout en se racontant, un peu, et en riant, beaucoup.
Changer d’attitude, de façon de consommer, s’améliorer soi-même, c’est peut-être ce que le confinement a de mieux à nous offrir. C’est en tout cas ce que Jean-Michel Matteï pressent… Parce qu’en termes de changement total à l’échelle des nations, ça devrait être plus dur. En tout cas, sûrement l’humoriste préféré des Savoyards trouvera-t-il matière à inspiration, pour son prochain spectacle, « pas un entier, mais une bonne partie, en tout cas ». Risqué, parce que rire d’un malheur, d’un fléau, de la mort n’a plus cours sur les cotations humoristiques. « J’ai l’habitude de penser que tu as le droit de tout dire, de nos jours, à condition de te taire ». Foutue époque où le rire n’est plus gratuit, rapporte peu et coûte cher. Pour une poignée de pierres à lapider, ses glorieux prédécesseurs seraient aujourd’hui sur la place publique, voués aux gémonies. « Même traiter la mort avec désinvolture n’est plus possible, tout est fait pour ne plus penser à la mort » , comme si nous étions perfusés à une forme de pensée figée… Bref, que vaut l’humour dans ces moments…? Et bien, malgré tout, il vaut le prix d’une consultation, un moment où le léger côtoie l’indicible.. L’humour serait aussi cette pastille qui rafraîchit l’haleine et la gorge après un repas épicé. « J’ai une fonction sociale, finalement » , avoue Jean-Michel, « je fais rire, c’est mon truc » , les résultats sont éloquents. Ses dernières vidéos cartonnent, son pastique de Julio Iglesias a dépassé le million de vues sur Youtube, il est récemment passé sur TF1, chez Hanouna, c’est Byzance… « Les gens sont pourtant, pour beaucoup, très premier degré, en période de crise, mais je lis les commentaires que l’on me laisse… » Et là, sans tomber dans l’emphase, Matteï leur fait son petit effet : « Continuez à nous faire rire » , « je ne me lasse pas d’écouter » … Le Haut-savoyard d’adoption est à l’aise, son capital sympathie est à son maximum.
Cette période a du bon
Résident suisse, porteur de la double-nationalité, il vit cependant un drôle de confinement, partagé entre l’insuffisance pécuniaire et la sérénité du confiné non isolé : « Je ne m’occupe que de moi et bien qu’ayant des échéances tous les mois, je vis cela plutôt bien. Mes enfants sont avec leur mère, pas loin, certes, ma compagne est bloquée en Colombie, mais je suis au bord de l’eau, je peux sortir, je suis extrêmement privilégié ». Avec du temps pour se projeter « car je n’ai aucune visibilité avant septembre. Mars et avril devaient être de gros mois, je commençais sérieusement à flipper de voir tout s’annuler… Ça rend compte de la fragilité de mon fonctionnement ». Habitant près de Genève, de l’autre côté de la frontière, il n’a donc pas le statut d’intermittent. Heureusement, octobre sera studieux avec des dates chaque weekend. Et l’inspiration va de pair avec le « rester chez soi ». En définitive, cette période a du bon, « on ne dépense pas un rond, je me rends compte de la quantité de restaurants que je me faisais avant, je ne prends pas ma voiture. Je ne suis pas un grand cuisinier mais je me prépare de nouveau des petits plats ». Sa cave, elle, affiche complet depuis sa visite au salon des vins de Bordeaux, début mars, avant que le gouvernement n’appelle tout le monde à se tenir coi. On a connu privations plus contraignantes, il est vrai.
De la corsitude dans son nom
Né en Touraine, Jean-Michel n’est pas le « vrai » Haut-savoyard, le seul à trouver grâces aux yeux des natifs. « Je ne suis pas né en Haute-Savoie mais je serai enterré ici et ce qui compte, ce n’est pas la perception des autres, je me sens pleinement haut-savoyard ». Né à Blois, donc, il ne peut dissimuler, derrière son patronyme très transalpin, une pointe de corsitude dans ses origines, tandis que son père, aux contours plus franchouillards, se fendait d’un blase plus couleur locale, Léger. « J’ai grandi dans une famille corse et mon nom, celui que j’ai choisi, qui est sur mes papiers suisses est Matteï. Léger-Matteï n’aurait pas été accepté, ici, en Suisse ». Et parmi les Corses régnaient gaieté et joie de vivre : « Ma mère faisait du théâtre, on se moquait souvent des autres » , se souvient-il. Inutile de chercher bien loin ce goût pour la dérision qui transpire, autant de son sketch du Savoyard au ski que de son petit dernier, « A.O.C » (Pour Antonin Oreiller Cotilloux, pièce de théâtre où Jean-Michel est seul sur scène), dans lequel, en plus, les origines sont exploitées à plein par l’humoriste. « Avec le nom de Léger, on me charriait tout le temps que j’étais petit ». Maintenant, Matteï n’est plus moqué, il a juste inversé les rôles… avec humour et beaucoup de tendresse aussi. En attendant de le retrouver sur la scène, profitez du temps à votre disposition pour voir ou revoir ses vidéos, dont « Tu sais j’ai changé » , qui a fait le tour des zappings télé, de son court passage à TPMP au JT de Gilles Bouleau, il y a quelques jours, et « Le chercheur de Corona » , reprise infidèle du « poinçonneur des lilas » de Gainsbourg… Et puis viendra le temps où on n’aura plus rien à y craindre, vin’dieux ! ! !
Retrouvez son actualité sur son site https://www.jeanmichelmattei.com/ et sur sa page Facebook.
Crédit photos : Yannick Perrin
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