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La députée Emilie Bonnivard souhaite décorer les personnels soignants décédés pendant la crise du Covid-19
Par Jérôme Bois • Publié le 26/03/20
C’est un petit pas dans la crise mais un pas hautement symbolique pour les soignants confrontés jour et nuit à un virus dévastateur. Emilie Bonnivard, députée de la 3e circonscription de Savoie, a souhaité déposer une proposition de loi visant à honorer et décorer de la Légion d’honneur les soignants, médecins et personnels tombés à cause du Covid-19, maladie transmise par le fameux coronavirus. Elle ne compte toutefois pas s’arrêter là. Entretien.
Emilie Bonnivard, pourquoi vouloir déposer un tel projet de loi ?
Tout simplement pour le fait que le personnel soignant est très exposé et confronté à un risque majeur au service de nos concitoyens. L’idée est qu’à ceux qui sont tombés, soit accordée une reconnaissance à titre posthume, ce serait une façon de matérialiser la reconnaissance que nous avons tous pour ces gens particulièrement exposés et en danger. Ça paraît un peu vain, peut-être, inutile, mais personnellement, je ne le pense pas. Nous avons des soignants en première ligne, il ne comptent pas les heures et ne regardent pas le risque encouru. La question de la reconnaissance de la nation dit se poser. Aujourd’hui, nous déplorons des morts, il est donc important que les valeurs que ces soignants ont porté soient reconnues.
« C’est la moindre des choses »
Comment cette proposition a-t-elle été accueillie, à Paris, parmi vos confrères ?
Elle a très bien été accueillie, nous nous posons même la question de l’attribuer à tous les médecins, sauf que l’attribution de la Légion d’honneur résultant d’un protocole très strict, ce qui rend difficile toute décoration globale. C’est pourquoi j’ai aussi adressé un courrier au Président de la République pour réfléchir à la création d’une récompense nouvelle pour l’ensemble des gens impliqués dans cette lutte, soignants, femmes de ménage, personnel administratif… Pour ceux qui sont décédés, il n’y a pas de sujet, on le fait lorsqu’un militaire tombe au combat, ce doit être la moindre des choses. Quant aux récompenses groupées, elles n’existent pas. Il faudrait donc créer quelque chose de spécifique.
Quand cette proposition pourra-t-elle être présentée en séance ?
J’espère pouvoir la déposer début avril, après, on verra. Nous continuons de siéger, mais nous avons des délégations de vote, on ne peut, aujourd’hui, et évidemment, siéger à 577 députés dans l’Hémicycle.
Justement, comment se passe votre travail de parlementaire, au quotidien ? Êtes-vous prioritairement sur le terrain, en Savoie ?
Déjà, je travaille beaucoup, je suis très sollicitée, par les entreprises, les Ehpad, les particuliers, il faut répondre à tous, autant que possible. Je travaille beaucoup en audioconférence avec la Préfecture, le groupe politique auquel j’appartiens (Les Républicains, NDLR), les entreprises… ça reste fluide, malgré le confinement qui nous est imposé. J’ai notamment pu identifier un problème avec les banques, sur les reports d’échéances d’emprunts promis aux entreprises et commerces contraints de fermer. Sauf qu’il m’a été rapporté que nombre d’entre eux payaient des variations d’intérêts, soit un coût supplémentaire non identifié. Pour moi, il ne devait y en avoir aucun. J’ai donc fait remonter cette information à Eric Woerth, président de la commission des finances, afin qu’il se positionne plus clairement sur les surcoûts aux entreprises. Notre travail, aujourd’hui, consiste à rassurer, à vérifier les informations, à orienter le mieux possible.
« J’ai contracté le virus »
Vous faites donc un travail de terrain…
C’est cela, dans ma circonscription, de façon très pragmatique et opérationnelle. J’étais, ce matin encore (le 26 mars) en conférence téléphonique avec les acteurs du secteur du tourisme. J’essaie d’être la plus efficace possible et de pointer du doigt ce qui ne fonctionne pas.
Et à titre personnel, comment vivez-vous ce confinement ?
Je suis confinée depuis longtemps, en fait, depuis le 6 mars, car j’ai été en contact avec des gens contaminés, donc je me suis mise moi-même en confinement. Je faisais tout par audio, vidéo depuis chez moi. Et je suis tombée malade, avec des symptômes légers.
Vous aviez contracté le virus ?
Oui mais j’ai été très bien accompagnée par SOS Médecins. J’ai respecté le confinement à la lettre, je n’allais même pas sur mon palier. Nous avions un temps d’avance, à l’Assemblée nationale car il y avait déjà des cas. Les symptômes ont été assez légers. Quand j’allais courir, le matin, au départ, je manquais de souffle mais sans fièvre. Dès que je me levais, j’étais essoufflée, ce qui m’a inquiétée, puis la fièvre est arrivée. SOS Médecin est venu constater. Normalement, je peux sortir à partir d’aujourd’hui, j’avais vraiment eu auparavant mes 14 jours d’incubation. Finalement, les symptômes ont été faibles, avec une fièvre ne dépassant pas les 38°. Il faut se souvenir que dans 95% des cas, on en ressort indemne.
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